Lanildut dans le Finistère. Durant la saison d’été, chaque jour en fin d’après-midi, des goémoniers ramènent leur cargaison de laminaires qui poussent en mer d’Iroise. Le petit port de la pointe Bretagne est le premier site européen pour la récolte d’algues. La plus grande partie d’entre elles est utilisée dans l’agroalimentaire. Mais 10 % entrent dans la fabrication de cosmétiques. Les propriétés anti-âge des algues sont connues depuis longtemps. Mais le laboratoire Sciences et Mer, basé à Brest, a décidé d’investir dans l’innovation. En partenariat avec l’Université de Bretagne Occidentale et l’Université de Nantes, il a élaboré le projet Riv-Age, afin de développer de nouvelles molécules encore plus efficaces. Labellisé par les pôles de compétitivité Cosmetic Valley et Pôle Mer Bretagne Atlantique, il consiste à étudier des échantillons d’algues à différents stades de maturité et d’en extraire les principes actifs au moment où elles en concentrent le plus.
Une stratégie de défense contre les agresseurs
« Nous avons déjà six actifs brevetés sur des macro-algues, une espèce que nous étudions depuis les années 2000, précise Christiane Claverie, présidente de Sciences et Mer. Nous avons créé des gammes à base d’algues pour des centres de thalassothérapie et des instituts de beauté. Mais avec Riv-Age, notre pari c’est de mettre sur le marché des produits encore plus innovants tout en restant naturels. » Outre les recherches scientifiques visant à trouver les principes actifs les plus efficaces, la démarche s’appuie également sur un partenaire industriel, une filiale de l’Oréal capable de maîtriser l’extraction sur de grandes quantités. Avec la perspective d’une commercialisation des nouveaux cosmétiques dans trois ans. Mais en attendant, pourquoi les algues ont de telles propriétés anti-âge ? Attaquées dans leur milieu naturel, elles ont développé toute une stratégie de défense. Gorgées d’eau de mer, elles déploient des protections anti-UV et elles secrètent des actifs antimicrobiens et antioxydants qui leur permettent de se reconstituer. « La mer est source de vie et nous découvrons petit à petit tous les secrets des algues, explique Christiane Claverie. Nos extraits seront plus concentrés et l’efficacité de nos produits sera prouvée. »
A lire aussi :
Maigrir avant l’été en mangeant des algues
L’algue rouge de l’agar-agar est en danger