Requins en Méditerranée et Atlantique : faut-il s’inquiéter de leur présence cet été ?

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

Chaque été, la question revient avec les premières vagues de chaleur : les requins seraient-ils de plus en plus proches de nos plages ? Entre fantasmes tenaces, images virales et observations réelles en mer, un point s’impose. Car oui, certains requins fréquentent les eaux françaises. Et non, il ne s’agit pas d’un scénario catastrophe.

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Chaque été, la question revient avec les premières vagues de chaleur : les requins seraient-ils de plus en plus proches de nos plages ? Entre fantasmes tenaces, images virales et observations réelles en mer, un point s’impose. Car oui, certains requins fréquentent les eaux françaises. Et non, il ne s’agit pas d’un scénario catastrophe.

Des eaux plus chaudes... et des requins plus mobiles ?
En Méditerranée, la température de l’eau dépasse fréquemment les 26 ou 27 °C en surface pendant l’été. Des conditions propices à une vie marine dense, y compris pour certaines espèces thermophiles, originaires de régions plus chaudes. Sur l’Atlantique, c’est une autre histoire : même en plein mois de juillet, la température de l’eau dépasse rarement les 20 °C, notamment sur la façade nord.
Selon les analyses de METEO CONSULT Marine, ces tendances estivales créent un contraste thermique qui favorise parfois la remontée de certaines espèces venues du sud. Parmi elles, quelques espèces de requins qui étendent leur aire de répartition, suivant à la trace leurs proies ou les courants marins plus chauds. Ce phénomène, bien observé en biologie marine, ne signifie pas que les côtes françaises se transforment en territoire de chasse, mais qu’elles deviennent ponctuellement des zones de passage.
Le réchauffement des mers, déjà perceptible depuis plusieurs décennies, modifie progressivement les équilibres sous-marins. Et comme souvent, les requins deviennent des indicateurs visibles - et parfois mal compris - de ces bouleversements.

Quels requins peut-on vraiment croiser en France ?
Ils sont là depuis longtemps, sans que personne ne s’en inquiète vraiment. Sur nos côtes, plusieurs espèces de requins cohabitent avec les activités humaines sans le moindre incident. En Méditerranée, on croise couramment le requin peau bleue (Prionace glauca), élégant nageur des grandes profondeurs. Sur l’Atlantique, notamment en Bretagne et jusqu’à la Manche, la petite roussette (Scyliorhinus canicula) est bien connue des pêcheurs et des plongeurs.
Mais depuis quelques années, de nouvelles espèces apparaissent occasionnellement. Des signalements recensés : un requin-renard (Alopias vulpinus) filmé près de Porquerolles, un requin mako aperçu au large des Baléares, un requin gris observé en Catalogne... Autant de cas isolés, qui illustrent une tendance lente et globale : le déplacement des espèces vers le nord.
La grande majorité de ces requins restent cependant en eaux profondes, bien loin des zones de baignade. Ils suivent les zones riches en poissons ou les couches d’eau plus favorables en température favorables à leur métabolisme, mais ne cherchent ni les côtes ni les humains.

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Le risque est-il réel pour les baigneurs ?
Il est quasi inexistant. Sur le littoral métropolitain français, aucune attaque mortelle n’a été recensée depuis plus d’un siècle. Et aucun incident sérieux impliquant un requin n’a été signalé ces dernières années, malgré une augmentation des activités nautiques et de la fréquentation estivale. Contrairement à d’autres régions du monde où les requins se rapprochent des plages pour se nourrir (Australie, Afrique du Sud, Floride), les espèces présentes en France ne manifestent pas ce type de comportement.
L’Observatoire Pelagis, qui surveille la faune marine dans l’Hexagone, le rappelle régulièrement : la plupart des requins présents sur nos côtes sont inoffensifs, voire discrets. Leur passage passe souvent inaperçu. Et même pour les plus imposants - comme le mako ou le requin bleu - le risque d’interaction avec un nageur est quasiment nul.
Les rares recommandations tiennent plus du bon sens que de la peur : ne pas jeter de déchets alimentaires en mer, éviter les zones de pêche au coucher du soleil, et respecter les interdictions temporaires de baignade en cas de signalement (ce qui reste exceptionnel).


Pourquoi leur présence est aussi une bonne nouvelle ?
Voir un requin près des côtes françaises n’est pas le signe d’un déséquilibre, bien au contraire. Ces grands prédateurs sont essentiels à la régulation des écosystèmes marins. Ils participent au maintien de la biodiversité en contrôlant les populations de poissons, et leur présence est souvent corrélée à une bonne santé écologique.
Pour les scientifiques, chaque observation est précieuse. Grâce à la contribution du public - via des plateformes comme DORIS (INPN) ou l’Observatoire Pelagis - les requins font désormais l’objet d’un suivi plus fin. Certains individus sont identifiés, suivis, voire balisés. Ces données permettent d’étudier leurs déplacements, leurs comportements et leur adaptation au changement climatique.
Il faut aussi rappeler que de nombreuses espèces de requins sont menacées dans le monde. Leur protection devient un enjeu majeur, même en France, où la pêche accidentelle et le rejet restent problématiques.

Les requins font partie de la faune marine française depuis toujours. Ce qui change, c’est la fréquence des observations, liée à une meilleure vigilance, aux effets du réchauffement et à la viralité des images. Si leur présence fascine autant qu’elle inquiète, elle reste avant tout naturelle et discrète. Pour les plaisanciers, les nageurs ou les curieux de la vie marine, il n’y a pas lieu de s’alarmer. Croiser un requin en France cet été restera, comme toujours, un événement rarissime. Mais en parler permet de mieux les comprendre - et peut-être de mieux les protéger.

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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