Naviguer dans le parc national des Calanques : ce que dit la réglementation

Un écrin fragile entre terre et mer
Créé en 2012, le parc national des Calanques s’étend entre Marseille, Cassis et La Ciotat. C’est le seul parc national d’Europe à la fois terrestre, marin et périurbain. Il abrite une biodiversité remarquable et une mosaïque de paysages à la fois sauvages et accessibles. Ce voisinage immédiat avec la deuxième ville de France rend sa gestion particulièrement complexe : préserver les habitats naturels sans exclure les usages humains.
Le parc s’est ainsi doté d’une stratégie ambitieuse pour organiser la fréquentation, réguler les usages nautiques et sensibiliser les usagers, tout en laissant la place à la plaisance sous certaines conditions. Chaque manœuvre dans ces eaux limpides engage donc une responsabilité : celle de naviguer autrement.
Préparer sa sortie en mer
Naviguer dans les Calanques ne s’improvise pas. La Méditerranée peut rapidement changer de visage, avec des coups de vent soudains et des conditions parfois trompeuses. Avant toute sortie, une préparation sérieuse s’impose. Il est impératif de consulter les prévisions météo marines, de vérifier son embarcation, et de disposer d’une carte marine à jour, notamment celle indiquant les zones réglementées du parc. Cette carte, accessible sur le site du parc ou via l’application "Mes Calanques", est un outil indispensable.
Un itinéraire doit être pensé en fonction des zones autorisées à la navigation, des conditions physiques de l’équipage, mais aussi des limites fixées pour protéger les milieux naturels. En complément, l’application Donia permet d’identifier facilement les fonds sableux, préférables pour jeter l’ancre sans endommager les herbiers.
Un mouillage sous haute surveillance
Dans les Calanques, l’ancrage au hasard est désormais proscrit. Pour éviter la destruction des herbiers de posidonie - une plante marine essentielle à la biodiversité méditerranéenne -, le parc a instauré un schéma global d’organisation des mouillages. Concrètement, cela se traduit par une série de mesures : éloignement des grands navires au-delà des herbiers, installation de bouées de mouillage écologiques, interdiction de mouiller dans certaines criques saturées comme En-Vau ou Port-Pin, et concentration des zones d’ancrage sur les fonds sableux dans la baie de Cassis, au Frioul ou au nord de Riou.
Dans les zones où le sable est insuffisant, seules les bouées seront autorisées, mettant fin au mouillage libre. Les bouées jaunes délimitent les zones interdites, tandis que les bouées blanches signalent les zones autorisées, certaines étant exclusivement réservées aux plongeurs ou aux plaisanciers de passage. Il est formellement interdit de s’attacher aux bouées de balisage.
Une navigation réglementée
La vitesse est limitée à 5 nœuds dans la bande des 300 mètres, et certains secteurs interdisent la navigation aux engins à moteur. Les annexes ne peuvent pas tirer à terre dans les calanques, et les kayaks sont désormais invités à s’amarrer sur des « fleurs d’amarrage » prévues à cet effet. Il est également interdit de débarquer dans le parc en cas de fermeture pour risque incendie.
La pollution, même minime, est traquée : tous rejets sont interdits, des cuves à eaux noires sont exigées à bord, et les produits d’entretien doivent être biodégradables. Le recours aux peintures antifouling toxiques est découragé au profit de solutions mécaniques ou écologiques.
Pêche de loisir : une réglementation en évolution
La pêche, tradition profondément ancrée dans l’histoire des Calanques, reste autorisée sous conditions. Depuis 2024, tout pêcheur de loisir doit déclarer son activité et ses captures à chaque sortie. Cette déclaration est gratuite, nominative, valable jusqu’à la fin de l’année, et accessible via l’application CatchMachine.
La réglementation prévoit un quota journalier de sept kilos de prises par pêcheur, avec un maximum de vingt kilos par bateau. Certaines espèces font l’objet d’une interdiction stricte, comme le mérou, le corb ou la grande nacre. D’autres ne peuvent être pêchées qu’en dehors des périodes de reproduction, à l’image des oursins (interdits du 1er mars au 14 décembre) ou des poulpes (interdits du 1er juin au 30 septembre). Les prises doivent être mesurées et identifiées : toute capture de plus de 15 centimètres implique de couper la nageoire caudale, comme le prévoit le règlement. Enfin, la chasse sous-marine assistée mécaniquement reste totalement interdite.
Naviguer autrement, pour longtemps
Le parc national des Calanques est un territoire fragile, mais ouvert. La plaisance n’y est pas bannie, elle est encadrée. L’ambition du parc est claire : faire coexister pratiques nautiques et préservation du milieu, dans une logique durable et partagée. Chacun, plaisancier ou pêcheur, amateur ou professionnel, est invité à participer à cet équilibre.
Respecter les distances, éviter les zones interdites, trier ses déchets, limiter son impact sonore, informer ses proches avant de partir, garder un moyen de communication à bord : ce sont autant de gestes simples qui rendent la navigation plus sûre, plus responsable, et surtout compatible avec la beauté intacte des Calanques.
Pour préparer vos sorties et consulter toutes les cartes de navigation et de réglementation en vigueur, rendez-vous sur www.calanques-parcnational.fr ou téléchargez l’application Mes Calanques.
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.