Transat Café L'Or : course poursuite en bande organisée
ULTIM : Par ici la sortie !
Avec des vitesses de 15 noeuds depuis le début de la nuit, les trois ULTIM de tête laissent progressivement derrière eux le Pot au Noir dans lequel est rentré hier soir le Maxi Banque Populaire XI, nettement moins ralenti pour l’instant que ses prédécesseurs. « On croit toujours que c’est fini mais il ya encore pas mal d’activité. Ça va beaucoup mieux qu’hier matin à la même heure mais l’histoire aura duré presque 36 heures, c’était un Pot au Noir consistant » relevait ce matin à la vacation Tom Laperche sur SVR Lazartigue.
Les vents sont encore faibles à la sortie de la Zone de convergence Intertropicale et la progression au près serré reste assez lente pour les ULTIM, qui ont reçu hier soir un avenant de la Direction de course pour une modification de parcours. Afin de respecter des arrivées groupées à Fort de France, le parcours des ULTIM sera réduit. Exit donc l’île d’Ascension ! Les confettis que forment San Pedro et San Paolo en bordure de l’équateur géographique seront la dernière marque de parcours, à laisser maintenant à tribord. L’ETA des grands trimarans est désormais fixée au 6 Novembre à Fort de France.
Il reste donc 2500 milles à Sodebo Ultim 3, Actual Ultim 4 et au Maxi Banque Populaire XI pour contester le leadership de SVR Lazartique. L’hémorragie qu’a connu le trimaran bleu hier à l’entrée du Pot au Noir n’aura duré que 4 ou 5 heures mais Tom Laperche et Franck Cammas ont tout de même perdu une cinquantaine de milles dans l’histoire et pas mal d’énergie : « On est resté arrêté un moment, il a fallu beaucoup manoeuvrer. Les dernières heures ont été plus cool avec un plus fort espacement des masses nuageuses et on a pu reprendre notre rythme de quarts avec Franck ». Le plus rapide dans l’exercice a été Actual Ultim 4 qui a complètement recollé au tableau de Sodebo Ultim 3 et pour qui tout est à nouveau possible.
Si les 200 milles qui séparent les ULTIM de San Paolo et San Pedro ne bouleverseront sans doute pas la hiérarchie aujourd’hui, les 2200 milles du tronçon final - « une section large et très ouverte ou rien n’est acquis » - dit Tom Laperche, s’annoncent plus propices à lancer des attaques. Au portant, les performances des trois ULTIM de tête sont très proches et SVR n’aura plus l’avantage qu’il détient au près. Avec quatre bateaux à 100% de leur potentiel, la bagarre durera jusqu’au bout !
IMOCA : Charal reprend du poil de la bête
Il soufflait dans le cou du tandem Clapcich-Harris depuis 24 heures. Charal a finalement doublé 11th Hour Racing à la régulière pour s’emparer de la première place hier à minuit pile. Jérémie Beyou et Morgan Lagravière ont passé la surmultipliée dans un alizé plus consistant où il progressent parfois jusqu’à quatre noeuds plus vite que leurs poursuivants. L’IMOCA noir ne cesse de creuser son avance : 20 milles sur Eleventh Hour, 40 sur Macif Santé Prévoyance qui vient de reprendre la troisième place à TeamWork Team Snef. Derrière ce quatuor, une marche s’est formé dans la descente en escalier le long des côtes marocaines puisque Allagrande Mapei et Bureau Vallée, respectivement 5ème et 6ème étaient à plus de 80 milles à 6 heures...
Charal qui avait déjà marqué les esprits au large de l’Espagne dans ces conditions a-t-il une botte secrète dans le medium au portant ? « Je vais pas tout de dire, on verra ça à l’arrivée mais entre 15 et 20 noeuds sur cette mer plate, on va vite. Sous pilote, on règle bien le bateau pour trouver le vol et le conserver » disait ce matin Jérémie Beyou.
Une belle séquence pour l’IMOCA noir après un arrêt dans un filet dans la journée d’hier. « On a tenté une marche arrière mais ça n’a pas fonctionné. Il a fallu plonger pour tout couper. On a perdu 15 milles dans l’affaire et pas mal d’énergie ».
Avec encore six jours de course, le match ne fait que commencer si l’on peut dire pour les IMOCA qui vont devoir composer avec un alizé mal installé. Faut-il continuer à descendre Sud, quitte à rallonger la route pour un gain très hypothétique ou tendre la trajectoire ? Chacun jongle avec ses fichiers et fait tourner ses routages pour y voir plus clair.
Ocean Fifty : Au jeu du qui perd gagne
La course poursuite qui prévaut en Ocean Fifty depuis qu’,Edenred 5 s’est emparé de la tête le 29 octobre dans le Nord des Canaries continue et a un peu changé de physionomie. Les leaders ont vu une petite moitié de leur avance fondre hier par leur décalage au Sud après le dernier way-point à virer au Cap Vert. A date, l’option de passer à l’intérieur de l’archipel à une latitude où les dévents des îles du Nord sont faibles semble un bon coup opéré par Viabilis Oceans et Solidaires en Peloton qui ont repris une bonne vingtaine de milles : « Ils sont dans leur rôle disait ce matin à la vacation Manu Le Roch sur Edenred 5. On avait repéré cette possibilité mais ça ouvrait trop la porte au Sud et on a préféré rester sur notre route. Avec Basile, on s’est quand même fait peur hier, quand on était à 3 noeuds avec les autres qui filaient à 20 ! Il a fallu refaire du Sud pour sortir des dévents. Là, ça semble s’être stabilisé et le vent devrait un peu forcir dans la journée ». Avec seulement une dizaine de noeuds au portant, les vitesses de progression sont assez faibles pour les trimarans qui « font de la poussette » dixit le skipper d’Edenred.
A voir maintenant si les deux bateaux du Nord vont conserver leur décalage latéral ou se recaler dans l’axe d’Edenred avant de passer le thalweg qui perturbera l’alizé dans la journée de demain.
Class40 : On prend les mêmes et on recommence ?
Très vite après le départ de La Corogne hier, la flotte des Class40 s’est séparée autour du DST du cap Finisterre. L’essentiel des favoris, emmenés par SNSM Faites un don et Seafrigo-Sogestran ont choisi de passer au Nord et c’est ce matin les tenants d’une route plus côtière qui ont pris l’avantage. Ils glissent un peu plus vite et ont fait un joli gain au Sud comme l’expliquait Nicolas Jossier, qui vient de prendre la tête sur Défi Solidaire avec Ellye et l’Arche à 9 heures : « C’est une option assez heureuse. Je ne pensais pas que les bateaux qui sont passés au nord du rail prendraient autant de retard. Mais ce n’est qu’une sortie du territoire qui n’augure de rien pour la suite ». Les conditions de navigation sont pour l’instant très agréables pour l’ensemble de la flotte avec encore un fond de houle mais un vent medium propice à allonger tranquillement la foulée.
Annoncée comme une bataille entre la route Nord et la route Sud, les options des Class40 ne devraient se décanter qu’en fin de journée. « On charge les fichiers et on attend encore d’autres modèles pour affiner la stratégie poursuit Nicolas Jossier aux réglages pendant que Sophie Faguet fait tourner les routages. On sait que d’ici la fin de la journée, il faudra prendre des décisions qui engageront pour la suite de la course, c’est le jeu d’une transat ».
Si les leaders de la première étape garderont nécessairement un oeil sur ce que font les autres, l’équipage de Défi Solidaire avec Ellye et l’Arche entend lui jouer sa propre partition : « Une bonne option, c’est celle que tu es capable de tenir. Il ne faut être ni moutonnier ni lancer la pièce en l’air mais savoir pourquoi tu vas au Nord ou au Sud, sachant que je ne vois pour l’instant pas trop de route médiane pour » concluait le Normand.
Alors que les leaders se creusent les méninges, Rêve à Perte de Vue Qwanza a fait demi-tour vers La Corogne suite à un black out électrique. Après un plein de gaz-oil et avoir récupéré des plombs RDT Logistic - Forvis Mazars est quant à lui reparti. Et les belges d’Innovad Group XLG remis de leurs émotions, viennent de larguer les amarres.