La mer en hiver : quand la plage reprend le pouvoir

Glisse
Par Le Figaro Nautisme

Quand les voiliers hivernent et que les pontons se vident, le littoral ne ferme pourtant pas ses portes. À cette saison, la plage devient un formidable terrain de jeu pour le marin en quête d’activités. Du char à voile au surf en passant par la planche ou le paddle, l’hiver offre aux plaisanciers une manière différente, mais tout aussi riche, de rester connectés à la mer.

Quand les voiliers hivernent et que les pontons se vident, le littoral ne ferme pourtant pas ses portes. À cette saison, la plage devient un formidable terrain de jeu pour le marin en quête d’activités. Du char à voile au surf en passant par la planche ou le paddle, l’hiver offre aux plaisanciers une manière différente, mais tout aussi riche, de rester connectés à la mer.
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En hiver, la plage mérite une attention toute particulière

Lorsqu’arrive la saison plus fraîche, nombreux sont les navigateurs qui rangent leur bateau ou ralentissent leur activité classique. Mais, paradoxalement, plusieurs disciplines s’épanouissent dans cette période. Pour le plaisancier, l’avantage est multiple : un terrain de jeu souvent moins fréquenté, des conditions vent/mer plus intéressantes et plus dynamiques et enfin une mise en œuvre d’une activité plus facile.
Concrètement, « l’hiver » en zone littorale pour un marin ne doit pas signifier une pause totale de ses activités, mais une opportunité différente. Une belle plage large, un vent modéré à soutenu, une mer plus claire ou une houle régulière peuvent être les ingrédients d’une session mémorable. La côte devient alors un terrain d’entraînement, d’exploration ou de simple plaisir physique.
Alors, comment transformer une plage en hiver en « terrain nautique » utile et réjouissant, pour ceux qui aiment la mer mais ne veulent ou ne peuvent pas embarquer ?

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Quelques pratiques à privilégier sur la plage en saison froide

Le char à voile

Accessible dès que la plage est assez large, plate et que le vent souffle modérément, le Char à voile constitue l’une des formes les plus pures de glisse, un plaisir à découvrir pour tous les amateurs de voile. On est assis au ras du sable, le vent gonfle la voile, les roues crissent sur le sable et la vitesse... est impressionnante : jusqu’à 3 fois celle du vent ! Un article récent décrit comme cette activité à découvrir comme « à mi-chemin entre la voile et le karting ».
Selon les conditions, des vitesses moyennes de 60 km/h peuvent être atteintes, voire 100 km/h pour les très aguerris.
Pour un plaisancier habitué à régler ses voiles, l’apprentissage est étonnamment court : quelques minutes d’initiation suffisent. Le matériel est fourni par les écoles ou le loueur et l’essentiel est de porter des vêtements chauds, coupe-vent, des gants et un casque.
Exemple : sur une grande plage de Normandie, à marée basse, Philippe, plaisancier de côtes bretonnes, raconte qu’il a troqué son dériveur pour un char à voile tout un après-midi : « Le vent d’ouest soufflait à force 5, j’étais seul sur la plage et j’ai découvert le plaisir de piloter ce voilier des sables ».

Stand-up paddle, windsurf et voile légère

Si vous recherchez moins la vitesse et l’adrénaline que l’exploration calme, le Stand up paddle (SUP) est une activité qui se décline parfaitement en hiver. Même en eau fraîche, la planche offre une façon contemplative de glisser le long du littoral, de rejoindre des criques abandonnées par les touristes tout en faisant une activité physique. Certains guides touristiques classent cette activité parmi les plus accessibles, notamment en Méditerranée en hiver.
La météo va alors jouer un rôle essentiel : on privilégiera les jours de vent léger ou de mer d’huile, équipé d’une bonne combinaison néoprène (4-5 mm), de gants néoprène et d’un bonnet si la température est trop basse. Cela permet de rester 45-60 minutes et de profiter d’une mer souvent plus claire que l’été.
Pour ceux qui veulent allier plus de sensation, la Planche à voile (windsurf) reste parfaitement agréable, même en hiver sur les spots bien orientés : par exemple en Méditerranée à La Franqui ou Leucate, les vents de tramontane ou mistral offrent des conditions intéressantes.
Claire, propriétaire d’un petit voilier de 9 m à Marseille, confie que pendant une semaine « je n’avais pas envie de sortir mon bateau à cause du vent, mais j’ai pris ma planche à voile tôt un matin, aperçu la côte encore déserte, le soleil bas, et j’ai savouré une session tranquille en combi 5 mm avant mon café ».

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Le surf et autres sports de glisse ou comment profiter des vagues hivernales

Même si l’on pense rarement à la mer d’hiver pour le surf en Europe, certains spots deviennent particulièrement intéressants. Par exemple, la Pointe de la Torche en Bretagne est décrite comme un haut lieu de glisse à l’année, notamment en vent et houle d’automne/hiver.
Le froid invite à la sobriété : combinaison étanche ou épaisse, cagoule de rigueur et une bonne gestion de la sortie. Le plaisir tient autant à la glisse qu’à l’ambiance : peu de monde, lumière rasante, mer plus libre.
Pour un plaisancier qui navigue d’ordinaire, cela peut être une belle façon de « rester connecté » à la mer sans mobiliser son bateau ni un équipage complet forcément plus difficile à trouver dans ces périodes froides. On se met en mode « simple planche + voile légère » ou « dériveur léger » et on part affronter un set plus engagé.

Sécurité, équipement et météo : les fondamentaux de la plage hivernale

Pratiquer un sport nautique en hiver impose naturellement un niveau d’attention plus élevé que lors d’une sortie estivale, et cela commence par l’équipement. La combinaison néoprène devient votre première ligne de défense : une épaisseur de 4 à 5 mm permet de rester longtemps actif sans se laisser gagner par le froid, surtout si l’on y ajoute des gants, des chaussons et parfois une cagoule. Pour les activités terrestres comme le char à voile, un bon coupe-vent, des vêtements chauds et un casque complètent l’ensemble, car un vent vif sur une plage dégagée peut rapidement fatiguer.
La météo doit être consultée avec la même rigueur que pour une sortie en voilier. Une session de paddle ou de planche à voile nécessite un regard attentif sur l’évolution du vent, la houle, la visibilité ou l’arrivée potentielle d’un grain. Les bulletins spécialisés de METEO CONSULT Marine donnent une lecture fiable des rafales et de l’état de mer, ce qui permet d’ajuster la durée et l’intensité de la sortie.
Il est également utile de savoir se fixer un cadre temporel raisonnable. L’eau froide fatigue plus vite qu’on ne l’imagine et une heure de pratique suffit souvent à profiter pleinement sans tirer inutilement sur l’organisme. Enfin, même si ces activités se pratiquent en bord de plage, prévenir un proche, repérer les issues de repli et vérifier son matériel avant de partir restent des réflexes essentiels. Une plage en hiver peut offrir des moments extraordinaires, à condition d’aborder cette saison avec méthode et respect des conditions.

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Pour le plaisancier : préserver le lien avec la mer en hiver

Quand on a l’habitude de naviguer sur un bateau habitable, l’hiver peut parfois donner l’impression d’une parenthèse forcée. Pourtant, les sports nautiques pratiqués depuis la plage offrent une manière très naturelle de rester dans le rythme et de vivre sa passion. Chaque session, qu’elle se fasse en char à voile, en planche ou sur un SUP, prolonge la relation au vent et à la mer, et permet de garder vivants des réflexes que l’on retrouve ensuite à bord : la lecture de la rafale, l’ajustement instinctif d’une voile, la gestion du cap par rapport à une risée...
Ce type d’activité a aussi l’avantage de s’intégrer dans le quotidien sans la logistique d’un voilier. On enfile une combinaison, on charge la planche ou on réserve un créneau au club et on retrouve, en une heure, cette sensation de glisse et de relation avec la mer qui manque souvent hors saison. Certains plaisanciers y voient même un complément idéal à leur pratique régulière : l’effort physique est plus direct, le vent se lit différemment, la relation au plan d’eau devient presque méditative, et l’absence de contraintes mécaniques rappelle ce que la navigation peut avoir de plus simple et de plus pur.

On se lance ?

La plage en hiver ne doit pas être le ventre mou du calendrier nautique, mais au contraire un terrain idéal de glisse, de connexion à la mer, de plaisir simplifié et efficace. En adoptant l’un de ces formats - char à voile, paddle/planche à voile, surf - un plaisancier peut prolonger sa saison, affiner ses compétences, partager une sortie avec ses proches, et se ressourcer dans un cadre différent.
Avec un équipement adapté, une supervision sérieuse et un choix de plage intelligent, l’hiver peut devenir une vraie saison de glisse. La mer change d’humeur, l’air est plus vif, le sable et l’eau parlent autrement : à vous de jouer.
Et quand le bateau retrouvera sa place au printemps, vous serez déjà dans la glisse, déjà en posture de marin affûté.

Avant de monter sur votre planche, pensez à consulter les prévisions sur METEO CONSULT Marine et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.