
Nichée à 16 milles marins au large de la station balnéaire de Sihanoukville au Cambodge, l’île de Koh Rong fait figure de véritable paradis. Son parfum exotique sous une nature luxuriante se mêle parfaitement à l’aventure et attire de plus en plus de curieux. Le potentiel touristique incroyable de l’île risque malheureusement d’en limiter aussi sa durée de vie.
Koh Rong au Cambodge incarne tout ce que l’on s’imagine d’une île paradisiaque. Vous arrive-t-il de vouloir couper les ponts avec la vie occidentale en plein hiver pluvieux ? Un remède existe à 11 heures de vol de Paris : le Cambodge et plus particulièrement Koh Rong, île à la nature luxuriante encore authentique, sauvage et au climat séduisant (de 27° la nuit à 36° le jour, à l’ombre). Plonger dans une eau à 31° dans un cadre totalement dépaysant ou dormir dans de petits bungalows et des cabanes nichées en hauteur, à une dizaine de mètres du sable blanc, ne sont pas les seules réjouissances de l’île. De la baignade traditionnelle au snorkeling en passant par la randonnée et la pêche, tout est possible tant l’île recèle d’atouts.
43 kilomètres de plages souvent désertes
Du camping sauvage au plus cossu des hôtels, il y en a pour toutes les bourses. Avec ses 78 kilomètres carrés et ses 43 kilomètres de plages, impossible de se sentir oppressé. Une sélection naturelle s’opère dès le port de départ de Sihanoukville. Deux solutions s’offrent à vous : payer 15 $ l’aller retour en « slow ferry » (3 heures) ou investir le double pour atteindre le paradis en 40 minutes de « fast boat ». À Tui Beach, port d’arrivée, on trouve à se loger partout le long de la plage, de 5 $ la location de tente à 200 $ le bungalow, un peu à l’écart sur une seconde plage. Multiples sont les « guest-house » qui proposent des dortoirs à partir de 7 $. Ici tout est concentré et toutes les infrastructures proposent: restauration, bar, mini supérette, agence de tourisme.
Une minute d’eau par jour et électricité limitée
La moyenne d’âge de l’île oscillant entre 23 et 32 ans, le panel d’activités possible s’élargit de la sortie maque-tuba classique d’une heure à une journée trek et découverte de la jungle. De la plongée en bouteille dès les premières lueurs du matin au barbecue sur la plage au coucher du soleil, les 24 heures d’une journée au jardin d’Eden passent bien trop vite. Le soir, l’ambiance est assurée les pieds dans le sable, la musique actuelle dans les tympans et le matelas à seulement quelques mètres… La nuit est toujours plus calme, notamment en raison du black out à partir de minuit: l’électricité ne fonctionne que de 17h à minuit, ce qui impose de revoir ses habitudes terriennes. L’usage de l’eau étant rare, seule une minute (et encore) par jour et par personne est autorisée, sans pression ni chaleur.
Pour atteindre la plus fameuse et la plus grande plage de l’île, longue de 6 kilomètres, mieux vaut être en bonne condition physique et s’armer de courage. Mais le chemin qui traverse la jungle, où l’on vous met en garde contre les serpents, vous ouvre, après un périple d’environ une heure, les portes du « paradis sur terre » comme le stipule le slogan de l’île. En traversant cette forêt dense et abondante vous pourriez apercevoir des toucans, écureuils, singes, geckos et autres lézards qui parsèment l’île.
Des aventuriers solitaires aux candidats d’émission de téléréalité
Six kilomètres de sable blanc pour un espace naturel idéal. Un Norvégien et sa dulcinée en quête d’aventure et de nature y ont d’ailleurs élu domicile pour quelques jours. Au milieu de la plage de Long Beach se trouvent de curieuses installations aux trois couleurs distinctes mais pas vraiment naturelles. Plus loin, on signale qu’il n’est pas possible de passer à cause du tournage d’une émission de téléréalité. La production de l’émission « Survivor », l'équivalent de notre « Koh Lanta », filme une scène de jeux puis d’élimination. Finalement le passage est ouvert, sous couvert qu’aucune photo ne soit prise du candidat éliminé. En France, l’île de Koh Rong, et plus précisément cette plage de Long Beach, fut médiatisée après le décès d’un candidat de « Koh Lanta » en avril 2013.
Un filon d’or pour la télévision
Un expatrié belge, membre de la production ayant coupé net le cordon occidental, témoigne de son coup de foudre pour cette île : « Je n’en pouvais plus de Paris et du train-train quotidien alors j’ai décidé de changer d’air. Et quoi de mieux que de respirer tous les matins celui-ci ! ». Il avoue cependant que Koh Rong représente une manne financière importante pour les tournages des téléréalités du monde entier. « Cette semaine ce sont des Bulgares, puis nous accueillerons des Danois », explique-t-il tout en dévoilant les coulisses peu reluisantes de la production. « La télé bulgare n’exige pas autant de restrictions et de contrôle éthique que le dérivé français qui est le plus dur. Ces aventuriers d’un jour mangent mieux que la production, boivent de l’alcool et de l’eau à volonté et sont éliminés au gré de la volonté des responsables, qui n’hésitent pas à truquer les jeux d’élimination pour suivre le scénario qu’ils ont écrit », admet-il, un peu désabusé.
Les promoteurs immobiliers sentent l’appât du gain
Malgré ces quelques vices, Koh Rong reste une exception parmi les îles paradisiaques qui existent sur le globe. Pour combien de temps encore ? De nombreux promoteurs immobiliers ont flairé sur cet îlot une odeur de dollar qui les agite. De grands travaux sont prévus dans les prochaines années pour permettre à l’île d’élargir sa clientèle. Celle-ci est jusqu'à présent très jeune et sans grandes ressources financières. Accueillir plus de personnes avec un pouvoir d’achat plus élevé pourrait fermer l’île aux publics moins aisés, avides d’aventures et d’expériences sauvages. L’abattage d’arbres derrière le port d’arrivée représente les premiers coups de semonce d’une déforestation programmée de Koh Rong.