
D'ordinaire, les adeptes de la plongée sous-marine font tout ce qu'ils peuvent pour éviter de croiser un requin. Mais dans l'archipel des Palaos, les touristes se bousculent pour nager avec les squales, devenus l'attraction principale de ces îles du Pacifique.
Il y a tout juste 10 ans, des dizaines de bateaux à requins, comme on les appelait alors, mouillaient régulièrement l'ancre à Koror, en séchant à leur bord des ailerons de squales destinés à devenir l'ingrédient principal des soupes dont l'Asie raffole. Aux plus belles heures de ce commerce, environ 73 millions de requins ont été amputés de leur aileron et rejetés à la mer pour y mourir. Mais cette époque est révolue. En 2009, l'archipel de Micronésie a créé le premier sanctuaire pour requins au monde. Cette initiative a commencé à transformer l’image du squale dans le monde, vu davantage comme un précieux maillon de l’écosystème et un peu moins comme un dangereux prédateur. Le nombre de touristes venus plonger dans les profondeurs du sanctuaire a alors augmenté sans qu’aucune attaque ne vienne troubler ce tableau.
Le tourisme avant la pêche
Dans le même temps, la demande des consommateurs pour les ailerons de requin a baissé. En Chine, la fameuse spécialité, jadis parmi les mets les plus prisés, a ainsi été bannie des banquets officiels. « Nous estimons qu'un requin vivant vaut mille fois plus qu'un requin mort », a ainsi confié le président des Palaos et architecte du projet Tommy Remengesau à nos confrères de l’AFP. Il cite une étude de 2011 selon laquelle un requin des récifs peut rapporter sur dix ans près de 2 millions de dollars de revenus touristiques. Plus largement, le tourisme représente environ 50% du PIB, soit quelque 160 millions de dollars annuels, quand la pêche au thon rapporte environ 5,5 millions de dollars.
Et le sanctuaire a connu un succès tel que les autorités veulent à présent bannir totalement la pêche commerciale dans l’ensemble de leurs eaux territoriales d'ici 2008. Ce nouveau territoire protégé, presque aussi grand que la France, à vocation à devenir le plus grand sanctuaire marin au monde d'un seul tenant (un titre actuellement revendiqué par les îles Cook).