
Un serpent de mer particulièrement venimeux a été aperçu par un surfeur sur plage californienne. Une découverte qui fait suite à une longue série d’observations d’espèces tropicales sur la côte ouest américaine ces dernières semaines. Des étrangetés liées à des eaux anormalement chaudes à priori causées par le retour du phénomène El Nino.
Aucun serpent de mer n’avait été aperçu sur une plage californienne depuis 1972 selon le Musée d’Histoire Naturelle du comté de Los Angeles. Les «serpents marins noirs et jaunes» («pélamide»), de leur nom scientifique Hydrophis Platurus, ne remontent jamais autant au nord. Cette espèce vit habituellement dans l’océan indien près de Madagascar, dans l’océan pacifique près des côtes asiatiques et dans l’océan atlantique sud près de la Namibie. Il nage toujours proche de la surface de l’eau et peut mesurer jusqu’à un mètre de longueur. Il n’attaque en général pas l’homme mais se défend à l’aide d’un venin redoutable s’il est attrapé ou pourchassé. L’animal trouvé à Ventura County Californie était agonisant et a été récupéré par le Musée pour des études scientifiques.
D’autres découvertes inhabituelles ces derniers mois
Les plages situées entre San Diego et Orange County, spots de surf très appréciés, ont été recouvertes d’innombrables petits crabes rouges des profondeurs en juin dernier. Les crabes tuna vivant habituellement à 200 mètres des profondeurs et aiment se faire transporter par les courants à l recherche de nourriture. Mais ils ne s’aventurent jamais sur les côtes, or des millions d’entre eux ont envahi les plages californiennes, en l’espace de quelques jours. Un phénomène difficilement explicable, mais qui pourrait avoir un lien avec une autre invasion : des algues toxiques très appétissantes sur de nombreuses plages californiennes. L’algue pseudo-nitzschia est très appréciée des petits animaux marins mais contient une neurotoxine dangereuse pour les humains et d’autres mammifères. Des dizaines de bébés lions de mer ont aussi été secourus en piteux état par des centres marins après avoir ingéré ces algues violettes. Selon les scientifiques, il s’agirait de la plus grosse prolifération d’algues sur les plages californiennes depuis 2000. Des requins marteaux ont également été aperçus ces dernières semaines alors qu’ils n’ont jamais été observés auparavant sur les côtes californiennes. La raison ? Une eau particulièrement chaude. Les plages concernées ont été fermées au public et la pêche interdite dans les zones infestées.
Le phénomène El Nino en cause
Les températures de l’eau de la côte ouest américaine sont en effet supérieures aux moyennes de saison de 3 à 4°C. Dans la baie de San Francisco, la moyenne est de 13,8°C dans l’eau à cette époque de l’année et le mercure affiche actuellement 17,2°C. A Pacific Grove, plus au sud, l’eau est à 17,8°C contre une moyenne de 14,3°C. Cette hausse est liée au retour d’El Nino, un phénomène climatique qui revient tous les 4 ans en moyenne avec une intensité plus ou moins forte. Il s’agit d‘une anomalie cyclique et naturelle des eaux de surface de l’océan Pacifique. Cette anomalie influence les centres d’action météorologiques et les vents dominants. La zone intertropicale est la plus directement impactée, avec des sécheresses et des inondations. Mais en fonction de son intensité, El Nino peut avoir des répercussions sur des zones très éloignées (Inde, Australie, Amérique du Nord…). Certains calculs indiquent que le El Nino 2015 pourrait être aussi intense que celui de 1997 - 1998, qui reste, à ce jour, le plus puissant des El Nino contemporains.