The Ocean Race : Final aléatoire, le Gulf Stream en prime !

Courses
Lundi 8 mai 2023 à 13h07

©Amory Ross / 11th Hour Racing / The Ocean Race

Le Gulf Stream, ce courant océanique chaud prenant naissance au large de la Floride et des Bahamas, remonte le long de la côte est des Etats-Unis, avant de serpenter dans l’atlantique nord, d’une part vers l’Irlande et l’Ecosse, d’autre part vers le Portugal, et enfin ver le littoral breton. N’empêche régater dans le Gulf Stream est comparable à une partie d’échecs. Ce courant de surface peut atteindre près de cinq nœuds voire plus. Il vaut donc mieux l’avoir avec que contre. Les concurrents de The Ocean Race doivent négocier avec ce courant aussi puissant que vicieux, ainsi qu’avec un ultime coup de vent avant la délivrance à Newport.

Après des jours et des nuits dans l’alizé sous une chaleur torride, et ce depuis le départ du Brésil, les concurrents de The Ocean Race viennent de changer de décor. Fini le tribord amures ! Il a fallu transborder des centaines de kilos d’un bord sur l’autre, et sortir toute la panoplie des voiles d’avant, dans des vents capricieux et totalement aléatoires. Les températures tropicales chutent au fur et à mesure que les bateaux gagnent dans le nord, et les cirés sont à nouveau de sortie quand il faut manœuvrer. Les marins disputant un tel tour du monde en équipage, sont « inoxydables », et ne se plaignent quasiment jamais. Ils doivent maintenant composer avec une situation météo détraquée, car manifestement les fichiers reçus à bord ne sont pas vraiment en adéquation avec les conditions. « Le vent tourne dans tous les sens. Il devrait venir du sud-ouest mais oscille au nord-est » explique Christopher Pratt sur Team Malizia. « La mer est dégueulasse, et on est sous les orages... »

Le Pot au Noir pourtant aisément franchi serait-il remonté vers le nord ? Nicolas Lunven, le stratège météo du bord, passe des heures à l’ordinateur, faisant défiler les photos « sat » montrant la couverture nuageuse. « On essaye d’aller dans la bonne direction avec un vent à l’opposé des fichiers reçus… » Il y a des « bobos », comme cette écoute de J2, (la voile plate d’avant la plus utilisée) qui a cassé sans vraiment d’explications, donnant l’impression d’avoir été déchiquetée par un rapace. Sur GUYOT environnement - Team Europe, Sébastien Simon qui a dignement fêté ses 33 ans à bord ce week-end, se gratte la tête : « la question est de savoir quelle voile choisir. Nous en avons huit à bord. Tu as intérêt à faire le bon choix, car toute manœuvre de jour comme de nuit bouffe de l’énergie... » Le pont du plan Verdier VPLP construit en 2015 chez Green Marine, initialement pour le Gallois Alex Thomson, est jonché de débris de sargasses, ces algues ayant la « bonne » idée de se coincer dans les poulies, les padeyes, les rails… après avoir été découpées puis pulvérisées par le bord d’attaque des foils.

Il y a quelques jours déjà, Christian Dumard météorologue de la course, annonçait une fin d’étape très compliquée. Les modèles n’étaient pas encore tous d’accord, mais laissaient augurer une approche finale du type « loterie ». Un front violent est attendu ce 8 mai en fin de journée, avec à son passage des vents entre 40 et 50 nœuds outre un Gulf Stream très actif dans ces parages, et dans le nez… Sur des bateaux éprouvés par plus de 5 500 milles, il va falloir être prudent dans une mer qui promet d’être abrupte. Manifestement perturbé par le réchauffement climatique, le « courant du golfe » est désormais plus difficile à anticiper. Enfin, après le coup de vent, la journée de mardi s’annonce aussi tactique que décisive, un vaste anticyclone s’étendant de Washington à New-York. Les concurrents vont devoir négocier cette ultime zone de hautes pressions, avec des vents de secteur nord quasiment inexistants à l’approche de Rhode Island. « Nous sommes bien cramés » avoue l’Américain Charlie Enright, skipper de 11th Hour Racing Team, barbe drue et cernes autour des yeux. « Et on sait que le final entre le Gulf Stream et les DST, rien n’est joué. Je ne crois même pas que ce soit un avantage d’arriver à la maison. Tu peux perdre en quelques heures ce que tu as eu du mal à gagner durant deux semaines ! »

Ce lundi 8 mai, à moins de 700 milles et deux jours de l’arrivée, 11th Hour Racing Team précède Team Malizia de 18 milles seulement, Biotherm de 178 et GUYOT environnement - Team Europe de 223, décalé dans l’est, et dans une position stratégique intéressante.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l'atout voyage et évasion de l'équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l'actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne. Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l'édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com. Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l'Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
François Tregouet
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Depuis toujours, François est passionné de voile en général et de multicoques en particulier. En croisière ou en course, de l’Europe à l’Australie, il ne les délaisse que lorsque le règlement l’exige : Mini-transat, Fastnet, Giraglia… Jamais rassasié de nouveautés, il a assisté à la plupart des salons sur les cinq continents. Depuis 2018 il se consacre entièrement à la rédaction et à l’information, notamment pour Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s'est toujours intéressé à l'équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l'auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d'occasion et qui décrivent non seulement l'évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son Targa 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
Eric Mas
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Eric Mas est l'un des fondateur de METEO CONSULT – La Chaîne Météo. Éminent spécialiste de météo, Eric est également un marin passionné qui a routé les plus grands skippers sur toutes les eaux du globe : VDH lors du premier Vendée Globe, Philippe Jeantot, Jean Maurel, Michel Desjoyeaux, Francis Joyon, et tant d'autres. Actuellement il participe au projet de Lalou Roucayrol sur son multi 50.
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