
À l’issue de 24 heures particulièrement éprouvantes, les skippers tentent de récupérer tout en continuant à progresser. Certains ont connu des pépins techniques à l’instar d’AGEAS - Ballay-Cerfrance - Baie de Saint-Brieuc (Maël Garnier/Julia Courtois) alors que le duo de Groupe Hélios – Du Léman à l’Océan (Arnaud Machado/Lucie Quéruel) a dû faire escale à La Palma. Devant, Skipper MACIF mène toujours les débats et le trio de tête se tient en 4,5 milles.
Ce lundi férié n’est bien entendu pas chômé pour les skippers de la flotte de la Transat Paprec, mais plutôt l’occasion de souffler, enfin, après un dimanche endiablé. « Nous avons eu 24 heures bien toniques », reconnaît Anne-Claire Le Berre (Région Bretagne – CMB Performance). Sur tous les bateaux, l’organisation huilée de la première semaine a été bouleversée, les quarts n’en étaient plus vraiment et le manque de sommeil s’est fait de plus en plus sentir. Pourtant, ils y étaient préparés, tous, sachant que le passage de La Palma pouvait s’avérer délicat.
« Comme un nouveau départ »
La suite, c’est d’abord une belle image, celle de la grande majorité de la flotte qui se regroupe au waypoint de La Palma. « C’était sympa de retrouver tous les bateaux, sourit Anne-Claire. On avait l’impression que c’était comme un nouveau départ ». Et puis les conditions se sont durcies avec « des accélérations de 25 à 30 nœuds et une grosse houle » rappelle Julia Courtois (Ageas - Ballay - Cerfrance - Baie de Saint-Brieuc). « C’était une zone de vent fort, vraiment très speed », ajoute Anne-Claire Le Berre qui reconnaît « avoir forcément eu de l’inquiétude de casser quelque chose ».
C’est ce qui s’est passé à bord d’AGEAS - Ballay-Cerfrance - Baie de Saint-Brieuc. L'amure de spi a cassé obligeant à « bricoler à l’avant du bateau alors qu’on était hyper exposés à cause des vagues », raconte Julia. Un peu plus tard, le nouveau spi s’est déchiré sous la fermeture de lainage. « C’est vraiment dommage parce qu’on était revenus au contact », explique celle qui est associée à Maël Garnier.
Lucie Queruel et Arnaud Machado espèrent repartir
Pourtant, Julia assure se sentir « chanceuse » d’être encore en course et, durant la vacation, demande des nouvelles de Lucie Queruel et Arnaud Machado. Dans la soirée, Groupe Hélios – Du Léman à l’Océan s’est en effet dérouté vers Tazacorte, à l’ouest de La Palma, alors que plusieurs de leurs voiles se sont déchirées. Malgré l’absence de voilerie sur l’île, deux résidents ont bien voulu les aider dont une femme qui s’attache à recoudre les voiles. Lucie reconnaît « être passée par toutes les émotions ». « On a pété toutes les voiles d’occasion, c’est dur pour le moral ». Pourtant, le duo ne lâche rien et est sur le point de repartir. « Quoi qu’il arrive, on finira et on prendra du plaisir jusqu’au bout ! »
Pendant ce temps, les dix autres bateaux continuent leur progression en mer. Les écarts se sont creusés avec Race for Science – Verder (Alicia de Pfyffer/Edouard Golbery) qui pointent à 162,6 milles du groupe de tête au classement de 16h00. « On se réjouit de faire de l’Ouest, on va essayer de prendre en compte l’état des voiles et des bouts », écrivait Édouard ce midi. En revanche, moins de 50 milles séparent les neuf premiers Figaro BENETEAU 3, toujours menés par Skipper MACIF (Loïs Berrehar/Charlotte Yven), suivi de près par Région Normandie (Guillaume Pirouelle /Sophie Faguet), à 3,9 milles.
Une descente “autour de la route directe” (Charlie Dalin)
Depuis ce lundi matin, deux équipages – Région Bretagne - CMB Performance (Gaston Morvan/Anne-Claire Le Berre, 5e) et Cap Ingélec (Camille Bertel/ Pierre Leboucher, 6e) ont pris une route plus Sud. « On a décidé de faire un décalage dans le sud pour suivre une rotation de vent plus propice », décrypte Anne-Claire, qui pointe à 22 milles au sud de Skipper Macif.
Les rafales devraient être élevées dans l’après-midi ou cette nuit avec plus de 20 nœuds attendus. La suite, c’est Charlie Dalin, vainqueur de la Transat Paprec en 2012 avec Gildas Morvan, qui la décrypte : « Dans les prochaines 12 à 24 heures, il faudra gérer le placement pour toucher du vent en composant avec le refus de l’alizé. Ils vont descendre en escalier pour rester dans le courant de vent fort » Pour le 2e de la dernière Route du Rhum - Destination Guadeloupe, la descente devrait « être autour de la route directe ».
« Ils vont chercher plutôt du tribord pour gérer la courbure de l’anticyclone et avoir un meilleur angle de descente vers les Antilles ». La bataille stratégique va donc redoubler de plus belle !