Le fascinant archipel de Göteborg
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En pleine canicule sur l’Europe, on se prend à rêver d’eau fraî0che et de Scandinavie. La simple idée d’aller naviguer entre Mer du Nord et Baltique fait déjà agréablement baisser la température ressentie. Se rendre par la mer jusqu’au plus grand port de Scandinavie n’est cependant pas anodin, puisqu’il faut compter près de 900 milles depuis Brest, à travers la Manche et la Mer du Nord, deux régions où la météo peut être capricieuse, même en été. La meilleure période pour s’y rendre est bien sûr juillet-août, y compris pour se baigner quand la température de l’eau monte jusqu’à 22 degrés, voire plus dans les endroits abrités et peu profonds, mais on peut naviguer raisonnablement d’avril à septembre. Qui plus est, les rives de la rivière Göta na manquent pas de loueurs ayant pignon sur rue, sans compter les plateformes de location de bateaux entre particuliers. Les Suédois possèdent dix fois plus de bateaux que les Français puisque l’on y compte 13 habitants par bateau, contre 130 dans l’hexagone (Source : Icomia). Le choix est donc vaste. Une rapide visite de la ville vous confirmera son caractère maritime affirmé. La Sjömanstornet, une tour de 70 mètres de haut érigée à la mémoire des marins. La statue féminine tournée vers la mer qui la couronne est à Göteborg ce que la Plaza Colon est à Barcelone. Non loin de là, en front de mer, se trouve l’incontournable Maritiman, un fascinant musée maritime qui recèle une grande collection de navires suédois, notamment militaires, de toutes les époques.
Immense avantage de Göteborg, il suffit d’une demi-douzaine de milles pour quitter la grande ville (580 000 habitants) et se retrouver au milieux du Kattegat, comme est appelé le bras de mer qui sépare la Suède du Danemark. Entre le groupe d’îles au Nord, à dominante rocheuse, et celui du Sud plus boisé, un premier choix doit être opéré. En tous cas, ces toutes petites îles dénommés ici « Skerries » sont si nombreuses, qu’il ne faut pas s’imaginer toutes les visiter, même si les nuits sont courtes, pas plus de quatre heures en cette saison, et ne sont en réalité jamais vraiment noires. Si les conditions météos et le vent peuvent être très localisées, la multitude d’îles et de baies permet de toujours trouver un endroit bien abrité, même s’il faut convient de rester vigilant. De même, les fonds rocheux ne sont pas très favorables à la tenue de l’ancre, aussi l’usage local est-il le plus souvent de s’amarrer l’étrave à presque toucher la roche, avec une ancre arrière seulement pour se stabiliser. Parfois les eaux transparentes laissent deviner un fond sableux qui permet de jeter l’ancre. Plus rarement quelques corps-morts sont mis à disposition des visiteurs. Mais les fonds ne sont pas seuls à surveiller, il faut aussi savoir lever le nez, et bien évaluer la hauteur des ponts qui relient certaines îles, vérifier le tirant d’air disponible et, éventuellement, faire un détour, même long, c’est la plus élémentaire des prudence. Une fois bien amarré, les randonnées dans des prairies vallonnées, de petites forêts, croisant çà et là des cerfs sur des îles parfois sans aucune présence humaine est une expérience à ne pas manquer.
Les villages, traditionnellement de pêcheurs, ne manquent cependant pas d’attrait, avec leurs façades peintes le plus souvent de ce rouge si typiquement suédois, mais aussi de blanc ou d’ocre. L’île d’Orust est connue des plaisanciers partout dans le monde pour son exceptionnel historique de construction navale qui remonte au XIII° siècle, 1253 exactement. Aujourd’hui encore, des chantiers de renommée internationale y sont implantés tels Hallberg-Rassy, Najad ou Sweden Yachts. Si la ville vous manque, une escale à Marstrand s’impose. Outre la célèbre forteresse de Carlsten construite au XVIIe siècle c’est l’occasion de profiter des nombreux restaurants locaux et de reposer le cook du bord. Mais aucune croisière dans ce dédale îlien ne serait vraiment réussie sans passer par le fjord de Kyrkesund. Ce site exceptionnel situé sur la côte occidentale de la grande île de Tjörn est tellement haut et étroit entre deux formations rocheuses, que sauf météo vraiment favorable et idyllique, il peut être prudent de l’embouquer au moteur. Mais quel voyage !