Trois pays touchés par l'épidémie d'Ebola sur plus de cinquante, mais c'est le tourisme du continent africain tout entier qui a pâti de la peur du virus, des craintes que les professionnels cherchent à lever au salon mondial du tourisme de Berlin (ITB).
"Ebola a été associé injustement avec l'ensemble de l'Afrique. La généralisation qui a eu lieu est vraiment très injuste", s'emporte Taleb Rifai, le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (UNWTO). Selon les statistiques de l'organisation rattachée à l'Onu, en accueillant 56 millions de touristes en 2014, l'Afrique a enregistré une petite croissance de 2%, le plus faible taux par rapport aux autres continents. L'Europe a ainsi gagné 4% de touristes en plus, l'Asie 5% et l'Amérique 7%.
"On a des opérateurs qui ont eu des réservations annulées à cause de la peur d'Ebola. Pourtant en Côte d'Ivoire, il n'y a pas eu un seul cas", explique Marie France Adieme-N'Dja de l'Office national du tourisme du pays, qui sur le stand du salon fait miroiter neuf parcs nationaux et 550 kilomètres de plages ensoleillées. Mais l'amalgame de l'Afrique avec Ebola s'est étendu bien plus loin que la partie occidentale du continent. "Il y a eu un impact d'Ebola, nous avons eu des annulations", raconte le responsable d'un tour-opérateur kényan, ne souhaitant pas être identifié. Pourtant "la distance est plus grande entre le Kenya et l'Afrique de l'Ouest qu'entre l'Afrique de l'Ouest et l'Amérique du Nord", insiste Taleb Rifai.
En Sierra Leone, le tourisme commençait tout juste à percer, après la guerre civile, qui a ravagé le pays jusqu'au début des années 2000. Partant certes d'un niveau très bas, le nombre de touristes progressait de plus de 10% chaque année. Avec l'épidémie d'Ebola, il s'est effondré de 46% en 2014, selon les données de l'Organisation mondiale du tourisme. A l'ITB, les responsables du tourisme en Sierra Leone avaient fait le déplacement en nombre jusqu'à Berlin pour tenter d'inverser la tendance. Se disant "confiante" pour 2015, la ministre du Tourisme Kadija O. Seisay a appelé les compagnies aériennes à reprendre leurs liaisons jusqu'à Freetown. Au-delà du tourisme d'affaires et du tourisme balnéaire, le pays a décidé de miser sur l'éco-tourisme et le tourisme culturel.