Amedeo et Péron huitièmes à Itajai

Par Nautisme.com

Sur les 20 bateaux de la classe Imoca alignés au Havre le 25 novembre dernier, seuls 9 sont parvenus à déjouer les innombrables difficultés des 5 400 milles du parcours. S’ils ont jusqu’au dernier mètre lutté avec succès pour disputer à Bureau Vallée, au duo Burton - Attanasio, le gain de la 8ème place avec seulement 3 minutes et 37 secondes d’avance, Amedeo et Péron ne retiennent surtout qu’un bilan largement positif de leur première grande course en Imoca de 60 pieds.

Sur les 20 bateaux de la classe Imoca alignés au Havre le 25 novembre dernier, seuls 9 sont parvenus à déjouer les innombrables difficultés des 5 400 milles du parcours. S’ils ont jusqu’au dernier mètre lutté avec succès pour disputer à Bureau Vallée, au duo Burton - Attanasio, le gain de la 8ème place avec seulement 3 minutes et 37 secondes d’avance, Amedeo et Péron ne retiennent surtout qu’un bilan largement positif de leur première grande course en Imoca de 60 pieds.

Les deux hommes se sont remarquablement complétés, Péron apportant tout le poids de son expérience au journaliste-navigateur Amedeo, lui même peu avare de sa si communicative envie de gagner et d’aller de l’avant. Enrichi par cette fabuleuse aventure, Fabrice Amedeo a d’ores et déjà le regard tourné vers Saint-Barth et le départ de la transat retour vers Port la Forêt, prévu pour le 6 décembre prochain, nouveau test grandeur nature avant l’échéance dans un an du Vendée Globe.

 

Un final à couper le souffle

« Nous sommes ravis d’avoir pu damer le pion sur les dernières 24 heures à Bureau Vallée. Notre 8ème place se joue à 3 minutes ! » avoue Fabrice Amedeo à peine débarqué à Itajaï. « Nous étions à la lutte avec ce voilier qui porte la même signature du cabinet Farr que le nôtre, et la régate bord à bord depuis la corne du Brésil était passionnante. Le final, après plus de 10 000 km de course est ahurissant puisque quelques dizaines de mètres seulement nous séparent à l’arrivée ! Notre petit bord à la côte à hauteur du Cap Frio nous a pourtant été néfaste. Nous avons dans le même temps déploré un certain manque de réussite avec deux petits soucis qui nous ont bien ralenti, lorsqu’il a d’abord fallu plonger sous la quille pour enlever un filet dérivant, puis récupérer à la mer notre Gennaker dont la drisse avait cassé. » Eric Péron, Figariste bon teint, a lui aussi pris un plaisir immense à régater quasiment à vue durant les derniers milles. « C’est sympa de terminer une si longue régate en mode match-race avec un voilier très similaire au nôtre. »

 

Un test des plus probant

C’est avec beaucoup d’humilité que Fabrice Amedeo et Eric Péron abordaient cette 12ème édition de la Transat Jacques Vabre et ses 5 400 milles d’océan à la météo si contrastée. Ni Fabrice ni Eric n’avait jusqu’à présent eu le loisir de traverser l’Atlantique à bord d’un voilier Imoca, classe support du Vendée Globe. La météo tempétueuse des premiers jours, avec ce double train de dépressions automnales très creuses qui ont cueilli la flotte dès la sortie de la Manche, a constitué le véritable grand test à la fois pour les hommes, leurs réflexes de marins, leurs ressources mentales, et pour le bateau, soumis à rude épreuve dans des creux de 6 à 7 mètres, et dans des vents souvent contraires à plus de 45 noeuds. Fabrice et Eric ont su faire le dos rond, et naviguer en véritables hommes de mer. Ils ont découvert un peu ébahis les étonnantes qualités de solidité et de robustesse de leur Newrest-Matmut ; « On s’est mis à l’intérieur, vêtus de nos combinaisons sèches, et nous vons attendu que le gros des deux coups de vent passe. Le bateau était toilé en conséquence, et il n’y avait plus grand chose à faire sinon subir. » raconte Fabrice. Les deux hommes ont émergé au large des Açores « dans le bon wagon », celui des voiliers partis loin dans l’ouest contourner la dépression, et dans le peloton de tête. « On a observé le nombre grandissant de voiliers victimes d’avarie, et on s’est concentré sur nos trajectoires. » Moins rapides que les voiliers nouvelles générations, mais aussi certainement moins à l’attaque, Fabrice et Eric n’avaient alors qu’un objectif, arriver à Itajaï. Un but partagé par d’autres concurrents eux aussi désireux de préserver le matériel puisque dès les Canaries, Newrest-Matmut intégrait la « bande des quatres », avec trois autres voiliers de même génération, survivants du tri impitoyable de la première semaine de course. MACSF (De Broc- Guillemot), Comme un seul homme (Bellion-Goodchild) et Bureau Vallée (Burton-Attanasio) n’allaient dorénavant plus se quitter.


Alizés, embruns, couchers de soleil… des images pleins la tête.

Débutait au large du Cap Vert une longue glissade plein sud, à la relative monotonie bâbord amure, seulement rompue par l’épisode d’un Pot au Noir, une fois n’est pas coutume, particulièrement clément pour les quatre bateaux. « Les alizés de sud-est étaient présents au rendez-vous » poursuit Fabrice, « et la plongée vers le Brésil a constitué le tronçon le plus agréable de la traversée. Les couchers de soleil y sont exceptionnels, et Eric et moi en avons grandement profité pour partager des moments, autour de nos repas, très conviviaux. » L’atterrissage sous les côtes Brésiliennes était en revanche moins souriant pour l’équipage de Newrest-Matmut. Les deux plans Finot Conq, MACSF et Comme un seul homme se montraient, avec l’adonnante, rotation des alizé à l’est sur arrière du bateau, de plus en plus rapides. Le combat à quatre tournait court, se résumant à un long match-race face à Bureau Vallée. « Les 1 500 derniers milles nous ont semblé interminables » résume Eric Péron, « car en ligne droite dans l’alizé d’est, on navigue dans un couloir avec aucune option envisageable. » Les deux marins se sont concentrés sur les réglages, cherchant en permanence le petit dixième de noeud capable de faire à terme une différence. Comme expliqué plus haut, l’arrivée sur le cap Frio, avec ses effets de côte, ses champs pétrolifères, n’a guère souri à Newrest Matmut qui se laissait déborder un moment au large par son adversaire, avant de revenir à la faveur d’un bon dernier bord travers au vent…


Le plein d’enseignements pour l’avenir

« On s’est battu jusqu’au bout dans cette immense baie de Rio, avec la conviction d’avoir rempli notre contrat. Nous emmenons un bateau en bon état à Itajaï, après avoir connu nombre d’expériences uniques et enrichissantes. » explique Amedeo, l’amateur éclairé. « Eric a été le professeur idéal, sympa et décontracté que j’attendais. J’ai progressé. Je me sens en pleine confiance pour poursuivre l’aventure que je me suis destiné, à savoir faire le tour du monde en solitaire avec ce bateau. Il est fait pour moi, solide, à l’ergonomie bien étudiée. Un « coffre fort » rassurant. » Eric Péron a rajouté une nouvelle ligne hauturière à son si éclectique palmarès. « Plus que jamais je me destine au 60 pieds Imoca » souligne t’il. « Ce sont des bateaux exigeants, durs aux hommes, mais fantastiques à mener. »

 

 

 

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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