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Avec le dramatique chavirage en début d’après-midi du maxi-trimaran Banque Populaire IX, et après les arrêts peut-être définitifs de Thomas Coville (Sodebo Ultim) et Sébastien Josse (Maxi Edmond de Rothschild), la Route du Rhum - Destination Guadeloupe prend soudain des allures de match race Atlantique entre les deux derniers ténors de la Classe Ultim. Le pas de deux initiés par Francis Joyon et François Gabart depuis le passage à Ouessant se prolonge aujourd’hui par un duel de virements de bord éminemment tactiques, dans le nord de Madère, entre les deux leaders de la course. A l’évidence, les deux solitaires partagent la même analyse de la situation météo très compliquée à venir pour rejoindre les alizés, et manoeuvrent de manière en tous points similaires pour trouver le point de passage salvateur au sud de l’anticyclone.
Francis a finalement pu passer le cap Finisterre, prendre quelques repos par très courtes tranches de sommeil. Un peu de bricolage au réveil et Francis était de nouveau à l’attaque, sous grand voile haute et J2, ce génois très polyvalent. « On m’a raconté juste avant le départ l’histoire de moines tibétains qui ne dormaient jamais, et se contentaient de simples moments d’assoupissement, en tenant des objets bruyants qui, en tombant sur le carrelage de leur cellule, les réveillaient aussitôt. Ces brefs moments d’endormissement sont plus récupérateurs que toute autre forme de sommeil, et tant mieux, car depuis le départ, je n’ai connu que ça ! »