Le skipper du monocoque LinkedOut Thomas Ruyant accentue depuis son franchissement de l’équateur la pression sur le leader du Vendée Globe Alex Thomson (Hugo Boss). De pointages en pointages, il tutoie la première place du classement général provisoire, affichant des performances sur 24 heures sensiblement égales, voire supérieures, à celles du Britannique. Très rapide depuis son franchissement express du pot au Noir mercredi après-midi, le navigateur Nordiste, au bénéfice d’une route moins abattue, plus proche du lit du vent de Sud Est que celle de son adversaire direct, pourrait dans la journée s’adjuger la première place d’un très provisoire classement calculé depuis une route optimale vers le but. La route météorologique n’est, elle, pas prise en ligne de compte et il convient de regarder avec précision la trajectoire au plus près des côtes Brésiliennes suivie par le skipper Britannique d’Hugo Boss, qui semble avoir déjà une idée très précise de la manière d’entrer au plus vite, à défaut d’au plus court, dans les grands systèmes perturbés du Sud.
Le contournement de l’anticyclone de Sainte Hélène est la difficulté majeure proposée à toute circumnavigation. Il offre cette année, semble-t’il, deux options radicales, une route relativement directe au plus près de l’énorme front froid qui scinde l’anticyclone d’Itajai à Capetown, et un « tour de la paroisse », au plus près des côtes d’Amérique Latine, plus long mais moins sujet aux arrêts au stand et à l’inconnue des micro dépressions qui jalonnent le front froid évoqué plus haut. La route très abattue suivie par Alex Thomson, qui ouvre la porte à ses deux poursuivants décalés de plus de 120 milles en longitude, laisse à penser que le skipper d’Hugo Boss entame déjà sa stratégie de route vers la porte des 40ème rugissants. Avec un Charlie Dalin en position intermédiaire et bien à l’affût, c’est une journée certainement fondamentale qui s’avance, quand ces trois leaders désormais bien détachés du peloton (Le Cam, 4ème, est à 190 milles) vont abattre leurs cartes et dévoiler leur plan de route pour rejoindre la pointe australe de l’Afrique du Sud.
L’analyse d’Antoine Koch
Ami, complice, co-skipper, architecte naval, Antoine Koch suit d’heure en heure la progression de Thomas :
« Le classement est flatteur et vient récompenser la bonne gestion de course, du bateau et du bonhomme de Thomas depuis le départ. Il convient naturellement de relativiser cette position calculée sur une route idéale. Alex Thomson toujours plus bas en latitude, et maître de ses choix de route, demeure en excellente position. Thomas a su parfaitement gérer son rythme personnel. Il a su prendre quand il le fallait le temps de récupérer après les très gros efforts des tout premiers jours de course. Il a pu récupérer sans sacrifier à la performance puisqu’il est bien revenu en vitesse pure sur Hugo Boss, avant que ce dernier ne s’écarte de la route directe. Comme on s’y attendait, les plans Verdier sont redoutables au près et au reaching, tandis qu’Hugo Boss marche fort au portant. Des choix stratégiques déterminants doivent être faits dès aujourd'hui. Il faut voir loin, à 5 ou 6 jours, et donc se déterminer par rapport à des phénomènes pas encore totalement en place. Cela fait partie du jeu. Je suis heureux de sentir Thomas bien dans sa course. »