
Un vainqueur du Vendée Globe laissé à l’abandon à Cherbourg
Construit en 1994 par le chantier JMV Industries à Tourlaville et dessiné par les célèbres architectes Jean-Marie Finot et Pascal Conq, le voilier a été initialement baptisé Sceta-Calberson. Il remporte le BOC Challenge 1994-1995 (tour du monde en solitaire avec escales), puis change de nom pour devenir Géodis. C’est sous ce nom que Christophe Auguin s’élance dans le Vendée Globe 1996-1997. Il boucle son tour du monde en 105 jours, 20 heures et 31 minutes, décrochant une victoire incontestable.
Après une carrière sportive bien remplie et plusieurs records, le voilier passe entre les mains de skippers bien connus du circuit IMOCA : Bernard Gallay, Hervé Laurent, Kito de Pavant ou encore Philippe Fiston. Il est finalement cédé à un propriétaire hongrois... qui l’abandonne à Cherbourg après une avarie moteur en 2014.
Stationné dans le bassin du Commerce, le voilier - rebaptisé depuis Oxigen - est resté sans entretien pendant plus de dix ans. L’humidité a envahi l’intérieur, les mécanismes sont rongés par la rouille, le mobilier est dégradé et l’électronique hors d’usage. Une procédure de "bateau abandonné" a été lancée par la Ville de Cherbourg, qui cumule plus de 50 000 € d’impayés de place de port.
Aujourd’hui, l’ancien champion est mis en vente sur la plateforme Agora Store avec la mention "à rénover". L’enchère, ouverte à tous, se clôturera le lundi 12 mai 2025 à 8h. Un rêve accessible pour les passionnés, ou du moins pour les bricoleurs les plus audacieux.
Un pan d’histoire maritime à la portée des passionnés
Ce voilier n’est pas qu’un simple bateau de course : c’est un symbole. Celui d’une époque héroïque de la course au large, où l’endurance primait sur la technologie, et où les skippers traçaient leur sillage au courage. Acquérir Oxigen, c’est mettre la main sur un fragment tangible de cette histoire. Reste à savoir qui osera se lancer dans l’aventure de sa renaissance.
Entre projet déraisonnable et opportunité unique, la vente de ce voilier emblématique pose une question simple : qu’est-ce qu’un passionné est prêt à entreprendre pour faire revivre une légende ? Pour certains, Oxigen est un navire condamné. Pour d’autres, c’est une page d’histoire à restaurer, mètre par mètre, voile après voile. Ce qui est certain, c’est qu’il ne laissera personne indifférent.