Que faire aux îles Féroé ? Six sites spectaculaires à ne pas manquer

Pour celles et ceux qui envisagent de poser le pied sur ces terres du Nord, nous vous proposons une exploration précise et inspirée de six lieux incontournables. Ce n’est pas un classement, mais une invitation à prendre le temps, à marcher, à observer. À ralentir.
Gásadalur et la cascade de Múlafossur : théâtre naturel à ciel ouvert
Le petit village de Gásadalur, sur la côte ouest de l’île de Vágar, fut longtemps isolé du monde. Jusqu’en 2004, il fallait franchir un col escarpé à pied pour y accéder. Depuis la construction d’un tunnel routier, il reste l’un des villages les plus photogéniques de l’archipel, mais toujours habité par une douce solitude.
Le clou du spectacle, c’est bien sûr la cascade de Múlafossur. Son débit n’est pas impressionnant en soi, mais sa mise en scène est saisissante : l’eau chute depuis une falaise verticale de plus de 30 mètres, directement dans l’Atlantique, sous les yeux d’un unique hameau blotti dans la prairie. Le sentier qui mène au point de vue s’atteint en cinq minutes depuis la route principale, sans difficulté, et offre une perspective inoubliable, surtout à l’aube ou au crépuscule, quand les nuages et la lumière jouent à cache-cache.
En revanche, il faut être conscient que le site est fragile et situé sur des terres privées. Aucun panneau n’indique d’interdiction formelle, mais les autorités touristiques locales rappellent que le respect des lieux et des habitants est fondamental.
Petit conseil : prévoyez une collation et de l’eau. Il n’y a aucun commerce ou restaurant à Gásadalur. Ce silence, c’est aussi son luxe.
Le lac Sørvágsvatn : la ligne d’horizon défie les lois de la perspective
Toujours sur l’île de Vágar, à seulement quelques kilomètres de l’aéroport, le lac Sørvágsvatn (aussi appelé Leitisvatn) est un des lieux les plus intrigants des Féroé. Il est le plus grand lac de l’archipel, mais surtout le plus spectaculaire. Depuis un point de vue appelé Trælanípa, une illusion d’optique donne l’impression que le lac flotte au-dessus de la mer. En réalité, il est situé à 30 mètres au-dessus du niveau de l’océan, sur une falaise abrupte, mais la configuration du relief accentue cette impression de déséquilibre visuel.
Pour y accéder, il faut compter environ 45 minutes de marche depuis le parking de Miðvágur. Le sentier, bien entretenu, serpente à travers une lande rase souvent balayée par le vent. L’accès est désormais payant : 200 couronnes danoises par adulte (environ 27 euros), en raison de la gestion privée du site. Cela peut paraître surprenant, mais les frais servent à entretenir les infrastructures et à réguler la fréquentation. Le paiement se fait facilement via un guichet automatique ou en ligne, et l’expérience en vaut chaque centime.
Arrivés au promontoire, prenez le temps de vous asseoir. Vous êtes littéralement entre deux mondes, face à une nature qui défie la géométrie, les conventions et parfois même votre confort. Le vent y est souvent fort, il convient d’être bien équipé et de rester prudent.
Saksun : l’art du retrait et la puissance du calme
Perché sur la côte nord-ouest de l’île de Streymoy, le village de Saksun semble surgir d’un conte nordique. Ici, tout est fait de contrastes : l’herbe vert vif tranche sur le basalte noir, le ciel s’ouvre et se ferme en quelques secondes, et le silence n’est troublé que par les oiseaux marins. Une église blanche domine un petit lagon qui se transforme en plage à marée basse. Ce fjord intérieur, aujourd’hui presque fermé, accueillait autrefois des embarcations de pêche. Un glissement de terrain l’a partiellement isolé de la mer.
Le village compte une poignée de maisons, dont plusieurs sont encore habitées à l’année. C’est aussi l’un des sites les plus photographiés des Féroé, en raison de sa beauté minimaliste. Si vous le pouvez, prévoyez une visite à marée basse pour emprunter le sentier qui mène à la plage (accès privé également, soumis à une contribution d’environ 10 euros). La balade est facile, mais sujette à la météo et aux horaires de marée, à consulter sur METEO CONSULT Marine.
À Saksun, vous n’êtes pas invité à consommer, mais à contempler. Cela demande un effort : éteindre le téléphone, marcher doucement, laisser venir les sensations. Et c’est précisément ce qui fait le prix du lieu.
Tórshavn : capitale miniature, identité affirmée
Capitale des îles Féroé, Tórshavn est une ville à taille humaine, presque une anomalie. Ses 20 000 habitants représentent près de la moitié de la population totale de l’archipel. Pourtant, elle conserve un caractère intimiste et authentique. Le quartier historique de Tinganes, où le Parlement s’est établi dès le Xe siècle, se visite à pied. Les ruelles pavées, les maisons en bois rouge aux toits herbeux et les vues sur le port forment un tableau vivant du passé féroïen.
Mais Tórshavn, ce n’est pas que l’histoire. La ville s’est hissée ces dernières années à un niveau gastronomique étonnant. Vous pouvez y découvrir la cuisine locale fermentée (notamment au restaurant Ræst, étoilé et expérimental), ou déguster des poissons et fruits de mer dans des établissements plus accessibles comme Barbara Fish House ou Etika. Le rapport qualité-prix reste raisonnable pour la Scandinavie, avec des menus entre 35 et 80 euros selon le lieu.
Pour dormir, plusieurs options s’offrent à vous : l’hôtel Havgrím Seaside, élégant et en bord de mer, ou le 62N Guesthouse pour un hébergement plus simple mais central. Tórshavn est également le point de départ idéal pour explorer les autres îles, avec son port de ferry et ses liaisons en bus bien organisées.
Mykines : l’île des oiseaux et des légendes
L’île de Mykines (prononcez « mitchiness ») est un joyau isolé, uniquement accessible entre mai et août, par bateau depuis Sørvágur ou en hélicoptère (lignes opérées par Atlantic Airways). Dès votre arrivée, vous êtes happé par l’ambiance : pas de voitures, un seul petit village, et des milliers d’oiseaux nichant sur les falaises.
Le site est un paradis pour les ornithologues amateurs. Les macareux moines y nichent en masse, reconnaissables à leur bec orange et leur vol maladroit. Le sentier qui mène jusqu’au phare de Mykineshólmur traverse un petit pont suspendu au-dessus de l’océan et longe des corniches vertigineuses. Comptez environ deux heures aller-retour, avec quelques passages étroits. L’accès au sentier est réglementé et soumis à une redevance de 250 DKK (environ 33 euros), destinée à protéger la faune locale.
Il est indispensable de réserver votre traversée en avance et de surveiller la météo, qui peut interrompre les liaisons pendant plusieurs jours. Le site est fragile, soumis à de fortes pressions naturelles. Il mérite donc une attention et un comportement respectueux, à la hauteur de ce qu’il offre.
Kalsoy et la femme-phoque : quand la légende épouse la géographie
L’île de Kalsoy est souvent surnommée « la flûte » en raison de sa forme allongée et percée de plusieurs tunnels. Elle est accessible en ferry depuis Klaksvík, sur l’île de Borðoy. L’ambiance y est particulière : une route unique, des tunnels étroits et sombres, et des paysages qui semblent sortir d’un rêve nordique.
Le village de Mikladalur abrite la célèbre statue de la kópakonan, la femme-phoque. Selon la légende, elle fut capturée par un pêcheur qui la força à devenir son épouse. Un jour, elle retrouva sa peau de phoque et disparut en mer, laissant derrière elle ses enfants humains. Cette histoire, très populaire aux Féroé, rappelle les liens étroits entre les hommes et la mer, la liberté et le destin.
Depuis le village, les plus courageux peuvent entreprendre une marche exigeante vers le phare de Kallur, tout au nord de l’île. La randonnée dure environ 1h30 aller-retour, avec des portions exposées au vent et des chemins étroits. La vue y est tout simplement l’une des plus spectaculaires de l’archipel, avec des falaises abruptes plongeant dans la mer et, au loin, la silhouette des autres îles.
Voyager aux îles Féroé, c’est choisir un tourisme lent, modeste, exigeant et sincère. Les routes sont parfois sinueuses, la météo imprévisible, et les hébergements rares. Mais en retour, l’expérience est profonde, nourrissante, et souvent bouleversante.
La meilleure période pour visiter s’étend de mai à septembre. En dehors de ces mois, les conditions peuvent être plus difficiles, bien que l’hiver offre une lumière unique. Pour les déplacements inter-îles, pensez au Travel Pass des transports publics, qui permet un accès illimité aux bus et ferries (hors Mykines). Réservez tout à l’avance, des logements aux traversées, car les capacités sont très limitées.
Et surtout, laissez-vous surprendre. Ici, on ne vient pas pour cocher une liste de sites à voir, mais pour entrer dans un rythme plus ancien, celui du vent, de la mer, et des histoires qu’on ne lit que sur les pierres.
Et avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.