Que faire aux îles Féroé ? Six sites spectaculaires à ne pas manquer

Perdues dans les embruns entre l’Écosse et l’Islande, les îles Féroé émergent comme une révélation pour celles et ceux qui recherchent un ailleurs brut, sincère, intensément vivant. Cet archipel autonome sous souveraineté danoise, composé de 18 îles principales, n’a rien de l’écrin touristique facile. Pas de plage dorée ni de cocotiers. Ici, tout est vertical, changeant, silencieux et grandiose. C’est un monde à part, où la mer et le vent façonnent les hommes comme les falaises, où la nature règne encore sans partage. Et pourtant, malgré leur apparente rudesse, les Féroé séduisent par leur beauté fulgurante et leur accessibilité inattendue.

Pour celles et ceux qui envisagent de poser le pied sur ces terres du Nord, nous vous proposons une exploration précise et inspirée de six lieux incontournables. Ce n’est pas un classement, mais une invitation à prendre le temps, à marcher, à observer. À ralentir.

Gásadalur et la cascade de Múlafossur : théâtre naturel à ciel ouvert

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Le petit village de Gásadalur, sur la côte ouest de l’île de Vágar, fut longtemps isolé du monde. Jusqu’en 2004, il fallait franchir un col escarpé à pied pour y accéder. Depuis la construction d’un tunnel routier, il reste l’un des villages les plus photogéniques de l’archipel, mais toujours habité par une douce solitude.
Le clou du spectacle, c’est bien sûr la cascade de Múlafossur. Son débit n’est pas impressionnant en soi, mais sa mise en scène est saisissante : l’eau chute depuis une falaise verticale de plus de 30 mètres, directement dans l’Atlantique, sous les yeux d’un unique hameau blotti dans la prairie. Le sentier qui mène au point de vue s’atteint en cinq minutes depuis la route principale, sans difficulté, et offre une perspective inoubliable, surtout à l’aube ou au crépuscule, quand les nuages et la lumière jouent à cache-cache.
En revanche, il faut être conscient que le site est fragile et situé sur des terres privées. Aucun panneau n’indique d’interdiction formelle, mais les autorités touristiques locales rappellent que le respect des lieux et des habitants est fondamental.
Petit conseil : prévoyez une collation et de l’eau. Il n’y a aucun commerce ou restaurant à Gásadalur. Ce silence, c’est aussi son luxe.

Le lac Sørvágsvatn : la ligne d’horizon défie les lois de la perspective

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Toujours sur l’île de Vágar, à seulement quelques kilomètres de l’aéroport, le lac Sørvágsvatn (aussi appelé Leitisvatn) est un des lieux les plus intrigants des Féroé. Il est le plus grand lac de l’archipel, mais surtout le plus spectaculaire. Depuis un point de vue appelé Trælanípa, une illusion d’optique donne l’impression que le lac flotte au-dessus de la mer. En réalité, il est situé à 30 mètres au-dessus du niveau de l’océan, sur une falaise abrupte, mais la configuration du relief accentue cette impression de déséquilibre visuel.
Pour y accéder, il faut compter environ 45 minutes de marche depuis le parking de Miðvágur. Le sentier, bien entretenu, serpente à travers une lande rase souvent balayée par le vent. L’accès est désormais payant : 200 couronnes danoises par adulte (environ 27 euros), en raison de la gestion privée du site. Cela peut paraître surprenant, mais les frais servent à entretenir les infrastructures et à réguler la fréquentation. Le paiement se fait facilement via un guichet automatique ou en ligne, et l’expérience en vaut chaque centime.
Arrivés au promontoire, prenez le temps de vous asseoir. Vous êtes littéralement entre deux mondes, face à une nature qui défie la géométrie, les conventions et parfois même votre confort. Le vent y est souvent fort, il convient d’être bien équipé et de rester prudent.

Saksun : l’art du retrait et la puissance du calme

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Perché sur la côte nord-ouest de l’île de Streymoy, le village de Saksun semble surgir d’un conte nordique. Ici, tout est fait de contrastes : l’herbe vert vif tranche sur le basalte noir, le ciel s’ouvre et se ferme en quelques secondes, et le silence n’est troublé que par les oiseaux marins. Une église blanche domine un petit lagon qui se transforme en plage à marée basse. Ce fjord intérieur, aujourd’hui presque fermé, accueillait autrefois des embarcations de pêche. Un glissement de terrain l’a partiellement isolé de la mer.
Le village compte une poignée de maisons, dont plusieurs sont encore habitées à l’année. C’est aussi l’un des sites les plus photographiés des Féroé, en raison de sa beauté minimaliste. Si vous le pouvez, prévoyez une visite à marée basse pour emprunter le sentier qui mène à la plage (accès privé également, soumis à une contribution d’environ 10 euros). La balade est facile, mais sujette à la météo et aux horaires de marée, à consulter sur METEO CONSULT Marine.
À Saksun, vous n’êtes pas invité à consommer, mais à contempler. Cela demande un effort : éteindre le téléphone, marcher doucement, laisser venir les sensations. Et c’est précisément ce qui fait le prix du lieu.

Tórshavn : capitale miniature, identité affirmée

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Capitale des îles Féroé, Tórshavn est une ville à taille humaine, presque une anomalie. Ses 20 000 habitants représentent près de la moitié de la population totale de l’archipel. Pourtant, elle conserve un caractère intimiste et authentique. Le quartier historique de Tinganes, où le Parlement s’est établi dès le Xe siècle, se visite à pied. Les ruelles pavées, les maisons en bois rouge aux toits herbeux et les vues sur le port forment un tableau vivant du passé féroïen.
Mais Tórshavn, ce n’est pas que l’histoire. La ville s’est hissée ces dernières années à un niveau gastronomique étonnant. Vous pouvez y découvrir la cuisine locale fermentée (notamment au restaurant Ræst, étoilé et expérimental), ou déguster des poissons et fruits de mer dans des établissements plus accessibles comme Barbara Fish House ou Etika. Le rapport qualité-prix reste raisonnable pour la Scandinavie, avec des menus entre 35 et 80 euros selon le lieu.
Pour dormir, plusieurs options s’offrent à vous : l’hôtel Havgrím Seaside, élégant et en bord de mer, ou le 62N Guesthouse pour un hébergement plus simple mais central. Tórshavn est également le point de départ idéal pour explorer les autres îles, avec son port de ferry et ses liaisons en bus bien organisées.

Mykines : l’île des oiseaux et des légendes

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L’île de Mykines (prononcez « mitchiness ») est un joyau isolé, uniquement accessible entre mai et août, par bateau depuis Sørvágur ou en hélicoptère (lignes opérées par Atlantic Airways). Dès votre arrivée, vous êtes happé par l’ambiance : pas de voitures, un seul petit village, et des milliers d’oiseaux nichant sur les falaises.
Le site est un paradis pour les ornithologues amateurs. Les macareux moines y nichent en masse, reconnaissables à leur bec orange et leur vol maladroit. Le sentier qui mène jusqu’au phare de Mykineshólmur traverse un petit pont suspendu au-dessus de l’océan et longe des corniches vertigineuses. Comptez environ deux heures aller-retour, avec quelques passages étroits. L’accès au sentier est réglementé et soumis à une redevance de 250 DKK (environ 33 euros), destinée à protéger la faune locale.
Il est indispensable de réserver votre traversée en avance et de surveiller la météo, qui peut interrompre les liaisons pendant plusieurs jours. Le site est fragile, soumis à de fortes pressions naturelles. Il mérite donc une attention et un comportement respectueux, à la hauteur de ce qu’il offre.

Kalsoy et la femme-phoque : quand la légende épouse la géographie

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L’île de Kalsoy est souvent surnommée « la flûte » en raison de sa forme allongée et percée de plusieurs tunnels. Elle est accessible en ferry depuis Klaksvík, sur l’île de Borðoy. L’ambiance y est particulière : une route unique, des tunnels étroits et sombres, et des paysages qui semblent sortir d’un rêve nordique.
Le village de Mikladalur abrite la célèbre statue de la kópakonan, la femme-phoque. Selon la légende, elle fut capturée par un pêcheur qui la força à devenir son épouse. Un jour, elle retrouva sa peau de phoque et disparut en mer, laissant derrière elle ses enfants humains. Cette histoire, très populaire aux Féroé, rappelle les liens étroits entre les hommes et la mer, la liberté et le destin.
Depuis le village, les plus courageux peuvent entreprendre une marche exigeante vers le phare de Kallur, tout au nord de l’île. La randonnée dure environ 1h30 aller-retour, avec des portions exposées au vent et des chemins étroits. La vue y est tout simplement l’une des plus spectaculaires de l’archipel, avec des falaises abruptes plongeant dans la mer et, au loin, la silhouette des autres îles.

Voyager aux îles Féroé, c’est choisir un tourisme lent, modeste, exigeant et sincère. Les routes sont parfois sinueuses, la météo imprévisible, et les hébergements rares. Mais en retour, l’expérience est profonde, nourrissante, et souvent bouleversante.
La meilleure période pour visiter s’étend de mai à septembre. En dehors de ces mois, les conditions peuvent être plus difficiles, bien que l’hiver offre une lumière unique. Pour les déplacements inter-îles, pensez au Travel Pass des transports publics, qui permet un accès illimité aux bus et ferries (hors Mykines). Réservez tout à l’avance, des logements aux traversées, car les capacités sont très limitées.
Et surtout, laissez-vous surprendre. Ici, on ne vient pas pour cocher une liste de sites à voir, mais pour entrer dans un rythme plus ancien, celui du vent, de la mer, et des histoires qu’on ne lit que sur les pierres.

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Et avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...