Atlantide : où se trouve la grande île engloutie ?

Au large de Chypre
En novembre 2004, l’équipe de Robert Sarmast annonce avoir repéré deux longs murs parfaitement droits, chacun long de 2 kilomètres, reposant à 1 500 mètres de profondeur sur un plateau sous-marin, non loin des côtes chypriotes. L'explorateur parvient à financer une campagne de fouilles au cours de laquelle il récupère une imposante stèle gravée de ce qui semble être des inscriptions religieuses.
Le site étant situé à la jonction de deux plaques tectoniques, Sarmast avance l’hypothèse d’un séisme suivi d’un glissement de terrain comme cause possible de l’engloutissement, bien que la date exacte de cet événement reste inconnue.
Ses découvertes, toutefois, n’ont jamais été validées par la communauté scientifique. Aucun artefact humain n’a été retrouvé, et des experts en géologie ont remis en question l’interprétation des relevés sonar qu’il a présentés. Pour eux, la formation repérée n’aurait rien d’artificiel : il s’agirait d’un ancien volcan sous-marin vieux de 100 000 ans.
Une deuxième mission, menée en septembre 2006, a d’ailleurs confirmé que les deux structures repérées étaient d’origine naturelle. Mais Robert Sarmast persiste : selon lui, le site pourrait bien correspondre à l’antique cité engloutie. Faute de moyens technologiques suffisants pour analyser de vastes zones et détecter d’éventuels objets enfouis, ses recherches sont actuellement en suspens.
Une Atlantide au Proche-Orient ?
L’architecte chilien Jaime Manuschevich situe quant à lui l’Atlantide dans l’actuelle région du Levant, à cheval sur la Palestine et le Sinaï. Il avance que cette zone formait une île, prise dans la vallée du Grand Rift, bordée au nord par la vallée de Jezreel, à l’est par la mer Morte et la mer Rouge, et à l’ouest par le golfe de Suez et la Méditerranée, jusqu’en 5600 av. J.-C.
Selon lui, la civilisation atlante pourrait correspondre au peuple natoufien, reconnu comme l’un des premiers groupes humains sédentaires, dont le centre politique et portuaire aurait été la ville de Jéricho.
L’hypothèse de la mer Noire
En 1999, les géologues William Ryan et Walter Pitman (Lamont-Doherty Earth Observatory, New York), accompagnés du chercheur français G. Lericolais (IFREMER), défendent scientifiquement l’idée que la Méditerranée se serait brutalement déversée dans la mer Noire, alors un vaste lac d’eau douce situé à un niveau inférieur à celui de la mer actuelle.
C’est ce scénario que soutiennent aussi Siegfried et Christian Schoppe : pour eux, l’Atlantide aurait été engloutie vers 5500 av. J.-C., submergée par la montée soudaine des eaux. Cependant, ni archéologues ni géologues, les deux chercheurs n’ont obtenu à ce jour aucune validation archéologique.
Une fracture géologique très marquée au fond de la mer Noire viendrait appuyer leur thèse : selon eux, cette faille aurait créé des chutes d’eau comparables aux plus grandes connues aujourd’hui. Pourtant, des recherches géologiques plus récentes ont nuancé, voire rejeté, la possibilité d’un remplissage aussi catastrophique. La question reste ouverte, et cette hypothèse a même été rapprochée du mythe biblique du Déluge.
L’écrivain britannique David Gibbins, dans son roman Atlantis, s’appuie sur cette théorie. Il imagine une civilisation avancée installée sur les rivages de l’ancienne mer Noire. Lorsque le niveau de l’eau s’est élevé, ses habitants auraient fui en contribuant à l’essor de grandes civilisations anciennes.
Une variante en mer de Marmara
Proche de l’hypothèse précédente, une autre théorie place l’Atlantide dans la mer de Marmara, qui aurait, elle aussi, été un lac d’eau douce avant d’être connectée à la Méditerranée et à la mer Noire. Si cette jonction s’est faite à la suite d’un épisode sismique violent, une île située dans cette mer peu étendue aurait pu être rapidement et entièrement submergée.
Au large des côtes espagnoles
L’écrivain espagnol Jorge María Ribero Meneses défend une localisation au nord de l’Espagne. L’Atlantide aurait été l’actuel « Danois Bank » - connu localement sous le nom de « Le Cachucho ». Ce plateau sous-marin, dont le sommet repose à 425 mètres sous la surface, se situe à environ 25 km du plateau continental et à 60 km des côtes asturiennes, entre Ribadesella et Lastres. Sa superficie est comparable à celle de l’île d’Ibiza.
Selon Ribero Meneses, ce relief aurait appartenu à la croûte continentale avant de se détacher il y a quelque 12 000 ans, en raison d’une activité tectonique liée à la dernière ère glaciaire. La rupture aurait provoqué un tsunami gigantesque, avec des vagues atteignant plusieurs centaines de mètres de hauteur.
Bien que cette hypothèse n’ait jamais été publiée dans une revue scientifique ni validée par des spécialistes, l’auteur va plus loin : selon lui, les rares survivants auraient dû repartir de zéro, la langue basque serait à l’origine de toutes les langues, et l’espèce humaine actuelle trouverait ses racines dans la région cantabrique. Ces affirmations, très controversées, n'ont fait l’objet d’aucune reconnaissance académique.
Une cité engloutie en mer du Nord
Autre piste : celle du Doggerland. Selon Jürgen Spanuth, puis Jean Deruelle, Sylvain Tristan ou encore Roger Mermet, l’Atlantide aurait été un vaste polder en mer du Nord, au large des côtes hollandaises. Le Dogger Bank, un haut-fond situé dans cette zone, serait le vestige d’un territoire englouti, dont les îles de la Frise et celle d’Heligoland constitueraient les dernières terres émergées.
Selon cette théorie, cette région aurait été le berceau d’une civilisation mégalithique, dont les digues auraient été submergées lors du mégatsunami déclenché par l’effondrement de Storegga, au large de la Norvège.
Aucune des théories avancées jusqu’ici n’a permis de localiser avec certitude l’Atlantide. Toutes reposent sur des interprétations, des intuitions ou des recoupements partiels avec le récit de Platon. Qu’il s’agisse de structures englouties, de ruptures géologiques majeures ou de migrations anciennes, aucun site ne rassemble l’ensemble des critères décrits par le philosophe grec. Pourtant, les recherches continuent, portées aussi bien par des scientifiques que par des passionnés. L’Atlantide demeure ainsi un objet d’étude, de spéculations... et d’imaginaire collectif.