Cette plage italienne vient d’être élue la plus belle du monde

Cala Goloritzé se cache dans le golfe d’Orosei, sur le territoire escarpé de Baunei, au pied des falaises du Supramonte. Aucun accès direct par la route : pour y parvenir, il faut marcher environ 3,5 kilomètres sur un sentier de randonnée qui serpente entre les chênes verts et les roches blanches, dans un décor sauvage et minéral. À l’arrivée, le contraste est saisissant. La crique s’ouvre dans un silence complet, bordée d’éboulis calcaires et baignée par une eau limpide aux reflets turquoise. Ici, aucun aménagement, aucun bruit parasite : seulement la nature et ceux qui ont pris le temps de l’atteindre.
Un décor sculpté par le temps
Ce qui frappe en premier lieu à Cala Goloritzé, c’est la verticalité du paysage. Une aiguille calcaire de 143 mètres, le Monte Caroddi, s’élève avec une élégance austère juste derrière la plage. Cette formation géologique, née d’un glissement de terrain dans les années 1960, attire aujourd’hui les grimpeurs du monde entier. Sa silhouette effilée évoque un clocher ou une flèche gothique, comme si la nature elle-même avait dressé un monument au-dessus de la mer.
Autour, la roche blanche, sculptée par l’érosion, encadre une crique d’une centaine de mètres où le sable se mêle à de petits galets clairs. L’eau y est d’une transparence remarquable, filtrée naturellement par les courants et totalement exempte de pollution grâce à des règles d’accès strictes. Depuis les années 1990, Cala Goloritzé est classée monument naturel régional, puis national, ce qui interdit toute construction, tout développement touristique et même l’approche directe en bateau. Les embarcations doivent jeter l’ancre à 200 mètres du rivage, derrière une barrière écologique qui limite les nuisances sonores et protège les herbiers marins.
Ce cadre immobile, presque irréel, donne à la plage une dimension contemplative. Contrairement aux plages aménagées, où l’on vient pour s’occuper, bronzer, consommer, Cala Goloritzé impose une forme de retenue. Pas de bar de plage, pas de musique, pas de commerce. L’expérience est volontairement dépouillée, recentrée sur le paysage et le calme. On y reste souvent longtemps sans s’en rendre compte, bercé par le bruit du ressac et le chant discret des oiseaux.
Une approche exigeante mais inoubliable
Venir à Cala Goloritzé, c’est faire un choix : celui d’un tourisme plus lent, plus responsable. L’accès par le sentier demande environ 90 minutes de marche à l’aller, parfois plus au retour en raison de la remontée. Le sentier démarre du plateau du Golgo, à 470 mètres d’altitude, et descend en lacets jusqu’à la mer, avec un dénivelé négatif de plus de 400 mètres. Il faut de bonnes chaussures, de l’eau, et une certaine condition physique. Mais c’est précisément cette difficulté d’accès qui permet de préserver le lieu. Un quota de 250 personnes par jour a été mis en place, avec une billetterie en ligne pour réserver son entrée. Cette limitation stricte permet non seulement de limiter l’impact sur le sentier, mais aussi de garantir une expérience paisible pour chaque visiteur.
Une alternative existe : l’approche par la mer. Plusieurs compagnies proposent des excursions en bateau dans le golfe d’Orosei, avec des arrêts baignade à proximité de la crique. Mais là aussi, l’accès est encadré. Les bateaux doivent rester à distance, et les visiteurs doivent finir le trajet à la nage ou en paddle, sans pénétrer dans la zone interdite. Cette réglementation, peu commune en Méditerranée, fait de Cala Goloritzé un exemple en matière de gestion durable.
Le meilleur moment pour s’y rendre se situe entre juin et octobre, lorsque la Méditerranée est la plus calme et les conditions météo les plus stables. Juillet et août restent les mois les plus fréquentés, bien que le quota limite les effets de surpopulation. Juin et septembre offrent en revanche un excellent compromis entre fréquentation modérée, chaleur douce et mer transparente. Il est conseillé d’arriver tôt le matin pour profiter pleinement de la lumière et du calme, surtout en haute saison.
En fin de compte, ce qui distingue Cala Goloritzé, ce n’est pas seulement son esthétique. C’est aussi l’émotion qu’elle suscite. Un sentiment de déconnexion immédiate, de respect face à un paysage resté intact, et de gratitude pour un lieu qui ne se donne pas facilement. Plus qu’une plage, c’est une parenthèse rare. Un sanctuaire. Et sans doute l’un des derniers en Méditerranée où la nature garde encore le dernier mot.
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