
Les 37 concurrents encore en course sur la 2e étape de la Solitaire du Figaro Éric Bompard cachemire sont attendus dans la nuit en baie de Morlaix.
La plus longue étape de cette Solitaire 2014, avec ses 535 milles, devrait connaître son dénouement dans la nuit de mercredi, bien avant l’heure du laitier. Sauf si courants et Éole en particulier ne décident de soumettre aux skippers leur dernier piège à loup de mer. Au passage dans le nord des îles Sorlingues, Scilly pour nos amis anglais, Yann Éliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) menait une fois de plus la horde. Tous derrière et lui devant comme fredonnait Georges Brassens. Avec plus de 2, 5 milles d’avance sur Jérémie Beyou (Maître CoQ), le premier adversaire essayant de distinguer les noms de ses sponsors sur son tableau arrière, le Briochin d’origine, victime d’un démâtage sur le parcours Deauville-Plymouth, avait la voix du gaillard d’avant: « J’ai démarré le premier en attrapant le courant et j’ai repris une petite avance. Mais je pense que cela va faire l’élastique et ils vont revenir à un moment ou à un autre. Sinon j’étais un peu inquiet de savoir où était Alexis (Loison). Au pointage du matin, il était 2e au classement et il était sous le vent en lisière du DST. Mais il va être obligé de passer par le Nord des îles comme moi. »
Avec 14 participations au compteur, le double vainqueur des éditions 2012 et 2013 ne criait surtout pas victoire, plus de 80 milles restaient à mâchouiller sous les crocs de son Figaro Bénéteau 2 : « Il ne faut pas être trop confiant, on ne sait jamais. Cela serait dommage d’avoir mené toute l’étape et de se faire souffler la victoire sur la fin. Et Dieu sait si j’en ai connu de tels scénarios. Le vent n’est pas très stable et je vais essayer de faire la route au mieux vers Roscoff. Il y a peut-être des petits filous qui ont décidé de passer dans le sud et que je n’ai pas vu partir. Le but du jeu, c’est d’être confiant, concentré sur ce qu’il y a à faire. Et de se remettre en question pour savoir si il n’y a pas d’autres scénarios possibles. »
Une petite trempette plus tard pour regarder si des algues n’étaient pas collées sur son safran tribord, bien réveillé donc, Yann Éliès pouvait continuer son périple sur le même bord lancinant adopté depuis le Fastnet. Rassuré de voir celui qui l'inquiétait tant réapparaître sur son écran AIS (outil de localisation, NDLR). Un Alexis Loison (Groupe FIVA) se disant un peu fatigué après avoir mis du charbon la nuit précédente. Le vainqueur de la première étape à Plymouth, n’était pas mécontent malgré tout de retrouver la tête de flotte : « J’ai dû passer 17 ou 18e au Fastnet et je me retrouve maintenant dans le groupe des premiers. J’ai sous mon vent Cercle Vert et Un maillot pour la Vie. A mon vent, Agir Recouvrement et le petit nouveau qui fait une superbe régate, Sébastien Simon du Bretagne Crédit Mutuel Performance. C’est une belle opération pour moi. Maintenant, avec ce long bord de près bâbord, on va avoir une jambe plus courte que l’autre à l’arrivée. »
Adrien Hardy (Agir Recouvrement), autre concurrent rêvant de chausser des bottes de sept lieues et souhaitant accrocher une troisième victoire d’étape à son palmarès, courbait l’échine pour retrouver de la superbe : « Je suis un petit peu déçu de ma fin de nuit. Je n’ai pas fait les bons glissements en fonction des courants et du vent très changeant. Je pense avoir fait un peu trop de chemin. Maintenant, il me reste une dernière transmanche pour ne rien regretter. Notre allure n’est pas très intéressante et nous allons globalement à la même vitesse. Au niveau stratégique, il n’y aura pas grand chose à faire même si avec le courant il faudra bien se laisser porter dans un sens ou dans un autre. L’incertitude restera le vent avant la ligne d’arrivée. »
Conclusion haletante de cette deuxième étape ce mercredi à Roscoff entre 2 et 4 heures du matin. Avec une 9e victoire d'étape, Yann Eliès, actuel leader de cette deuxième étape, pourrait égaler le score d'Alain Gautier (Generali) qui pour sa part a choisi une option extrême avec un passage au Sud des Scilly. Il était accompagné ce mardi dans ce pari incertain par Nicolas Jossier (In Extenso-Experts Comptables).