
L’éventail est large, du Dehler 30 ou Sun Fast 30 One Design ultraperformants à des unités plus classiques comme le Nicholson 55 Quailo III d’Andrew Tseng, contraint à l’abandon en 2023 après le déclenchement intempestif de son radeau de survie. Cette mésaventure n’a en rien entamé la détermination de son skipper, qui revient avec ambition sur cette édition du centenaire.
Une densité rare, des favoris insaisissables
Difficile cette année de désigner un favori. La série domestique du RORC a donné le ton avec une distribution très homogène des places d’honneur : douze bateaux issus de quatre pays différents se sont hissés dans les tops 4 des cinq premières manches. Autant dire que les écarts seront minimes et que chaque mille comptera.
Seul rescapé du top 5 IRC Three de 2023 à revenir dans cette classe : Locmalo, l’A35 de Gautier Normand, cinquième l’an dernier. Le reste du podium est aux abonnés absents ou engagé dans d'autres classes, preuve que le renouvellement est permanent dans cette catégorie au couteau.
Des visages familiers et une nouvelle génération à la barre
Parmi les têtes d’affiche, Mzungu!, le JPK 1080 de Sam White et Sam North, sera particulièrement surveillé. Deuxièmes en double au passage du Fastnet Rock en 2023 avant de se faire piéger par une longue pétole, ils comptent bien cette fois convertir leur régularité en victoire. Sam White insiste sur l’importance de la stratégie de marée, notamment le long des côtes cornouaillaises et dans le sprint final vers Cherbourg.
Autre binôme expérimenté, le duo Gérard Quenot - Luc Fourichon embarque à bord de Blue Skies, JPK 1030 basé à La Rochelle. Ensemble, ils ont remporté la Transquadra 2011-2012 et possèdent un palmarès dense. Leur plaisir ? La diversité de la flotte, les jeux de côte le long de l’Angleterre, et cette bascule si délicate entre navigation côtière et stratégie hauturière.
Dans la même veine, Noël Racine engage Foggy Dew pour son 10e Fastnet. À bord de son JPK 1030, ce vétéran redouté aligne un équipage amateur mais d’une expérience rare, capable de rivaliser avec les meilleurs malgré l’absence de professionnels.

Des campagnes ambitieuses, des équipages atypiques
Du côté des Sun Fast 3600 - au nombre de 16 cette année - Bellino affiche une nouvelle configuration. Le tandem historique Rob Cragie - Deb Fish s’étoffe avec deux marins australiens chevronnés, Mark Hipgrave et Rohan Wood, pour une campagne ambitieuse. Le bateau reste l’un des prétendants au titre dans une classe toujours plus dense, face à des unités comme Zephyr, Kestrel ou Orbit.
Autre tandem remarqué : Nick Martin et Jim Driver font équipe sur Diablo après avoir longtemps été adversaires. Leurs CV cumulés couvrent le Fastnet, le Sydney-Hobart, la Middle Sea Race et la Round Ireland. De quoi faire trembler bien des concurrents, d’autant qu’ils évoluent avec une redoutable complicité en double.
À bord de Griffin, bateau de la RORC, c’est une toute autre dynamique qui anime l’équipage : celle de la jeunesse. Grâce au programme Griffin Youth, une poignée de navigateurs de 18 à 30 ans, menés par Nicole Hemeryck, s’apprête à vivre une expérience fondatrice, entre apprentissage technique et esprit d’équipe.
La Royal Navy, avec Sovereign - Sail Navy, mise elle aussi sur la transmission. À bord, des marins et réservistes participent dans un esprit de formation, la voile servant d’outil de cohésion et d’exigence opérationnelle. L’armée britannique engage également Fujitsu British Soldier, fidèle au circuit RORC, avec un équipage mené par Philip Caswell.

Entre transmission, engagement et passion du large
Parmi les projets les plus inspirants, celui de Alwena for Pure Ocean illustre une volonté nouvelle de rendre la course au large plus accessible. L’équipage mixte de jeunes formés à la Massilia Sailing Academy défend une démarche responsable, avec pour horizon les championnats du monde double en septembre prochain à Cowes.
Quant à Karavel, le JPK 1080 de Frédéric Nouel, il revient après une belle troisième place en 2023, animé par la même passion, avec un équipage amateur mais ambitieux. L’objectif est clair : rester dans le top 10 tout en savourant l’esprit unique de cette épreuve.
Même ambition du côté de Old Mother Gun, plan Humphreys de 1989 skippé par Tim Penfold. Son credo : finir dans le premier tiers et être le premier voilier en bois à l’arrivée. L’hommage à l’histoire du Fastnet - dont c’est cette année le centenaire - passe aussi par ces unités au charme inaltéré.
Enfin, Hiro Maru, sloop Sparkman & Stephens de 49 pieds mené par Hiroshi Nakajima, incarne à elle seule un pan de légende. Des victoires en Atlantique et dans le Pacifique, plus de 40 ans d’écart entre les titres : rares sont les bateaux à pouvoir revendiquer un tel palmarès.
Une classe au cœur de l’ADN du Fastnet
Dans la constellation du Fastnet, la classe IRC Three incarne à la fois la tradition, l’engagement amateur, la diversité et l’innovation. Cette édition du centenaire promet d’être rude, exigeante et, comme toujours, incertaine jusqu’au dernier mille. Et c’est sans doute ce qui rend cette classe si captivante : une course où rien n’est joué d’avance, mais où tout se mérite.