
L’impression en 3D a un bel avenir devant elle. Cette technique, en plein essor, permet de reproduire tout objet dans des matières diverses tel que le plastique, le métal ou la céramique et s’applique à de nombreux domaines. C’est d’ailleurs la méthode que l’association Lab-Rev envisage d’utiliser pour rénover des bateaux.
Voile et écologie
Rendre accessible la fabrication et la réparation d’équipements nautiques courants à tout plaisancier par des moyens simples, durables et peu coûteux est l’objectif que s’est donné l’association Lab-Rev (Laboratoire pour le Refit et l'Eco-Voile). À l’initiative d’étudiants en architecture navale et d’ingénieurs, tous passionnés de voile, ce petit laboratoire de recherche, implanté en Bretagne, cherche à prolonger le cycle de vie des bateaux en donnant vie ou en remettant en état des pièces vétustes (ce qu’on appelle le refit) avec l’impression 3D. Cette technique permet de reproduire une pièce ou un objet en se libérant des contraintes de conception traditionnelle (moins de gaspillage de matière, gain de temps, possibilités quasi illimitées de forme) et fonctionne sur le principe de la fabrication additive. Une fois la pièce scannée et envoyée à l’imprimante sous forme de fichier 3D, la machine va superposer des couches de plastique (ou autre matière) pour constituer l’objet final. Il y a encore quelques années, l’impression 3D n’était réservée qu’à un petit public de professionnels. Aujourd’hui, en plein essor, elle suscite l’intérêt du grand public. Le coût à la baisse et la facilité d’utilisation expliquent ce nouvel élan. « Il n’y a pas besoin d’être ingénieur ou technicien pour fabriquer un taquet par impression 3D, explique Adrien Marchandise, président de Lab-Rev. Il suffit simplement de lancer l’impression. On obtient une réplique tout aussi solide qu’un modèle dans le commerce, et trois fois moins cher. » La tendance est aussi à l’écologie. On préfère réparer un objet plutôt que d’en racheter un autre. C’est dans cette dynamique de développement durable que Lab-Rev tente de mettre en place des alternatives écologiques.
Genèse du projet
« La voile est un sport réputé onéreux », explique l’association. Si on y ajoute les avaries lors de longues navigations, le coût peut être conséquent pour les plaisanciers. « La nécessité de développer et fabriquer des produits simplifiés à moindre coût est alors évidente, et l’envisager au moyen de matériaux durables est une conséquence logique et indissociable à notre démarche. » Le projet de l’association se déroule en deux phases. La première phase, d'ici à mars 2015, consiste à développer des prototypes d’équipements nautiques (taquets, coinceurs, éoliennes, hydro-générateurs et équipements électroniques) fabriqués au moyen d’une imprimante 3D en utilisant les meilleurs matériaux bio-sourcés, tel que le PLA (acide poly-lactique) issu du maïs.
La deuxième phase est un voyage expérimental de huit mois sur un parcours de 10 000 km autour de la Méditerranée, à bord d’un voilier de 11 mètres, le Karukera, sans énergie fossile. Ce vieux croiseur hauturier sera transformé pour l’occasion en un laboratoire itinérant. Pendant ce périple, l’équipe embarquera à bord l’imprimante 3D pour tester et améliorer la durée et la qualité des prototypes.
« Avec plus, on peut faire moins »
Dans le cadre de ce projet, l’objectif consiste également à remplacer des objets standards de la plaisance en tenant compte d’autres paramètres, notamment du respect de l’écosystème marin, de l’empreinte carbone du voyage, ... Il s’agit de pousser au maximum les outils d'autonomie à bord (ni gasoil, ni gaz de cuisson, production d'eau douce, … ) dans un milieu fort en contraintes. Par ce biais, le Lab-REV a pour ambition de susciter la curiosité du public et de faire naître des projets similaires en y associant une nouvelle dynamique du développement durable. « Il ne s’agit pas de réduire, diminuer, limiter mais d’augmenter, atteindre, choisir » explique l’association. « Avec plus, on peut faire moins », ajoute Adrien Marchandise qui espère mettre en place sur le long terme un véritable centre de recherche et de développement au service de marins amateurs (clubs de voile, plaisanciers) et professionnels.
Grâce à un financement participatif sur internet (kisskissbankbank.com), l’équipe du Lab-Rev partira en mars 2015 de Lorient, à bord de Karukera.