Le record des 24 heures n'est pas un objectif en soi

Vendredi, fin d'après midi. Ca fume à bord de Virbac-Paprec. qui avance à 22 noeuds et vient de faire un surf à 25. Je suis bien, le bateau va bien et on peut dire que je suis relativement satisfait de cette option sud. Elle s'est dessinée dès le passage de l'Equateur et l'entrée dans les alizés d'hémisphère sud: dès ce moment, c'est quelque chose que je regardais et j'étais prêt à mettre le clignotant à droite.
L'opportunité s'est présentée et j'y suis allé. Je suis un peu déçu car j'ai eu 12 heures de molles sous des nuages. Nous sommes restés immobiles pendant tout ce temps. Si j'avais pu continuer à avancer à 5 ou 6 noeuds comme je le prévoyais, je serais dans une situation plus confortable actuellement et surtout François Gabart ne serait pas revenu comme ça. Car au départ, François était plutôt sur l'option d'Armel.
Mais je ne m'en fais pas. Les classements font plaisir à voir sur le moment mais ce n'est pas sur un gain de 10 milles que la course va se gagner ou se perdre. Je me satisfait d'être dans le groupe de tête et surtout d'être encore en course.
Le record des 24 heures, c'est sympa. Je l'avais battu en double avec Loick Peyron sur la Barcelona World Race. Visiblement Macif a battu le record en solitaire (ndlr: finalement décroché par JP Dick). J'ai vu qu'il avait gardé une grosse vitesse un peu plus longtemps que moi. Il a dû affaler son gennaker plus tardivement. Mais depuis, j'ai vu au dernier classement que nous étions de nouveau sur un cap et des vitesses similaires. C'est clair que ça avionne sévère sous gennaker. Ce record, il peut encore être battu. Si on arrive à le battre, ce sera très sympa mais ce n'est pas un objectif en soi. (ndlr: record battu avec 498,80 milles en 24H)
L'essentiel est d'être dans le match. Je dors bien. Je m'alimente bien.
Malgré la vitesse, j'arrive à faire de grosses siestes. Il faut bien régler ses alarmes car, à la vitesse où l'on va, on peut faire de la route bêtement pendant un moment de repos trop long. Peu de gens aimeraient vivre ce que je suis en train de vivre. Peu de gens aimeraient prendre ma place, mais moi, je me dis que j'ai beaucoup de chance, que j'ai une sacré vie même s'il faut beaucoup d'abnégation.
JP sur Virbac Paprec 3