J’ai fait une très belle première mi-temps
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C’en est fini de cette première étape de la Solitaire. Une étape dont je garde la première mi-temps mais pour laquelle la seconde mi-temps a moins été à mon avantage. Retour sur le film de la course.
Je prends un départ assez moyen mais attaque plus près de la rive que les autres. J’ai failli me faire piéger puisque j’ai planté dans la vase avant de repartir ; mais cette prise de risque a payé puisque j’ai remonté pas mal de bateaux, à ma grande surprise car il y avait du beau monde autour de moi.
Ce début de parcours a été formidable aussi pour l’ambiance. On se serait cru au Tour de France cycliste : on virait de bord au ras des roseaux et il y avait des milliers de personnes sur les berges avec leur table de piquenique.
A la sortie de la Gironde, j’ai eu un coup de bol monstrueux. Alors que tout le monde avait viré sur mon côté du plan d’eau et que je m’apprêtais à en faire de même : j’ai vu un plaisancier au loin qui avait touché une rotation du vent. J’ai poursuivi le bord et me suis trouvé du bon côté de la bascule que j’ai touchée avant tout le monde. Et me voilà alors aux avant-postes de la flotte.
Une fois en mer dans le Golfe de Gascogne, la navigation a été plus simple et c’est ensuite au large de la pointe d’Espagne que j’ai touché le jackpot : tous mes petits copains de jeu se sont fait embrumer à terre pendant que je continuais avec un peu de pression dans les voiles. Ce scénario m’allait bien et je n’étais pas mécontent de mon coup. Malheureusement ça a molli et tout le monde est revenu, ce qui a donné des airs de nouveau départ à cette partie de course au large du Cap Finisterre.
Mais le problème, c’est que mes concurrents sont repartis et que je les ai regardés passer. Cette partie là de la course a vraiment été aléatoire : ils sont passés, ils sont partis et pas moi. Même Jean-Pierre Nicol, qui a coupé le fromage, a touché du vent. Je pense qu’à ce moment de la course, je n’ai pas très bien navigué car j’étais vraiment déçu de voir tout le monde revenir puis passer alors que j’avais creusé un joli trou.
Et ça a continué jusqu’au bout puisque mercredi matin, je pensais finir aux alentours de la dixième place à une heure et demi de Yann Eliès, et les concurrents situés moins au large que moi, ont continué à me passer devant. Quand je réfléchis à ce qui a pu se passer au niveau météo, je n’ai aucune explication pour dire pourquoi ça passait là où était Yann et pourquoi je suis resté comme ça dans la molle.
Après tu te dis que c’est là que ça passait, mais avant je ne vois pas comment tu peux savoir que ça passait là. Ce qui n’enlève rien à la belle victoire de Yann et à la façon dont il a navigué. Yann réussit un coup fabuleux et a une avance confortable au classement général. Mais ce qui s’est passé une fois sur la première étape, peut très bien se reproduire à un autre moment de la course. Il faudra attendre Dieppe pour connaître le vainqueur de la 44è édition de la Solitaire. Tout reste ouvert, même si Yann a, bien-sûr, pris une option intéressante sur le résultat final. Pour ma part, j’aurais évidemment préféré être dans les cinq premiers, mais je suis quand même satisfait de cette belle copie que j’ai rendue sur cette première partie de course.
Mich Desj sur TBS