Michel Desjoyeaux: Il y a encore moyen de se refaire la cerise
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A mi-parcours de ma 12è Solitaire, il est déjà intéressant de faire un premier bilan. Hé bien, c’est ni blanc ni noir, il y a du bon et du mauvais. Je vais plutôt vite et bien sur l’eau alors que je craignais d’avoir des difficultés sur ce compartiment du jeu. En revanche, je pêche au niveau stratégique alors que je pensais bien m’en sortir. Et si, finalement, les deux étaient liés ? Je dépense peut-être trop d’énergie sur la vitesse de mon bateau et n’ai pas la fraicheur pour prendre les bonnes décisions. C’est dommage car cette Solitaire est très ouverte et il y a plein de coups à jouer. Les décisions de trajectoire sont primordiales.
Cette année, même si Yann Eliès a pris une sérieuse option sur le classement général, et bravo à lui, on voit bien qu’il n’y a pas un marin qui domine largement les débats comme on a pu le voir sur d’autres éditions. Un marin semblait alors en état de grâce et les autres étaient condamnés à se battre pour les accessits. Cette année, ce n’est pas le cas et cela ouvre donc des perspectives pour les deux prochaines étapes.
Il est possible encore de tirer son épingle du jeu. Je suis à une heure du troisième, il y a encore moyen de se refaire la cerise. A quelle place vais-je terminer cette Solitaire ? Bien malin qui peut le dire. Je suis en revanche sûr d’une chose, c’est que je ne vais rien lâcher et que je vais me battre jusqu’au bout : c’est pour ça que je suis venu.
La prochaine étape vers Roscoff pourrait bien rebattre les cartes car il y a beaucoup d’incertitudes au niveau météo. Les quatre modèles météorologiques donnent quatre trajectoires différentes pour traverser le Golfe de Gascogne avec des choix qui doivent être pris dès le début. Souvent, les routes théoriques démarrent ensemble et il arrive un moment où il faut choisir son camp. Là, il faut optionner dès le départ sachant qu’au 2/3 de la route vers l’Ile d’Yeu, il y a jusqu’à 70 milles d’écart latéral entre la route théorique la plus à l’est et la route la plus à l’ouest. Tout cela à cause d’une bulle anticyclonique qui va nous barrer la route et qu’il va falloir contourner.
Il va donc y avoir une grande ouverture stratégique sur cette étape. Et après l’Ile d’Yeu, rien ne sera joué pour autant car il va falloir passer le Ras de Sein qui peut soit accentuer les écarts soit les réduire. Et après Sein, rebelote : rien ne sera encore joué car on peut arriver à Roscoff dans la pétole. Cette troisième étape devrait durer trois jours : inutile de dire qu’ils vont être bien remplis.
Mich Desj sur TBS