Le passage du Nord-Ouest, de village en village
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Charles Hedrich est parti le 1er juillet pour tenter une première : franchir le passage du Nord-Ouest à la rame. L’aventurier n’a qu’un temps limité pour venir à bout de son périple car dès la mi-septembre les glaces hivernales se refermeront sur son rameur des glaces. Pour gagner du poids et donc de la rapidité, l’aventurier n’embarque qu’une dizaine de jours de vivres à bord. Il se ravitaille régulièrement, de village en village.
Lors de sa première halte, l’aventurier est tombé nez à nez avec sa plus grande crainte sur ce périple : un ours blanc. Heureusement, le grand prédateur n’était alors plus qu’une carcasse. « Mais sur cette zone, il ne fallait pas s’éloigner sans arme car en plus des ours blancs, nous pouvions croiser également des grizzlis donc des ours bruns ! Les enfants de leur côté se méfient particulièrement des énormes blaireaux aux griffes redoutables car ils ont la réputation d’être particulièrement sournois. » Lors de sa deuxième étape en mer des Tchouktches, entre l’Alaska et la Russie, ce sont d’autres prédateurs, beaucoup plus petits, qui l’ont suivi pendant tout son séjour : des moustiques. « Pourtant, je me réjouissais d’aller me dégourdir les jambes avec le beau temps ! » Lors de cette deuxième halte, Charles Hedrich est arrivé à quatre heures du matin dans un village endormi. Heureusement, son fils Nelson le précède par la terre et présente le périple de son père aux habitants rencontrés. En cas de besoin, il peut également l’aider en le rejoignant sur le rameur car l’objectif de Charles Hedrich est de passer le passage du Nord-Ouest à la rame pour la première fois, sans forcément le faire en solitaire. Les habitants rencontrés le considèrent avec beaucoup de curiosité. D’abord, parce qu’ils trouvent son embarcation archaïque. Les villageois se déplacent en quad et sur des petites embarcations motorisées à coque de métal sur l’eau. « Lors de mon arrivée chez les Tchoutches, le nom de la mer faisant référence aux habitants, ils ont hissé mon rameur sur la berge avec leurs quads ce qui m’a fait gagné au moins ½ heure. Ils n’avaient jamais vu personne arriver en bateau jusque là ; les ravitaillements se font par avion. » Charles Hedrich a eu beau chercher, il n’a pour l’instant pas retrouvé de kayak traditionnel. Ils ont tous laissés place à des engins plus modernes. « Et leurs aïeux ne se déplaçaient à la rame que par beau temps et sans jamais s’éloigner des côtes, précise-t-il. Ils ne comprennent pas mon désir de faire un périple si long malgré la météo très aléatoire sur zone. Ils me disent que c’est de la pure folie. » Pour essayer de le convaincre, les habitants lui ont présenté les différents sites météo qu’ils consultent et qui ne prévoient pratiquement jamais les mêmes conditions, allant jusqu’à évoquer du vent de secteur nord pour l’un et de secteur sud pour l’autre. Le prochain village est dans moins de 100 milles.
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