La Chine pousse ses pions en Arctique
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C’est une première : un navire chinois de transport maritime s’est engagé sur le passage du Nord-Est, un raccourci polaire au nord de la Sibérie. Il devrait rallier l’Europe en seulement 33 jours.
Moins de trois mois après avoir accédé au statut d’observateur au Conseil de l’Arctique et un an après avoir fait transiter son brise-glaces Snow Dragon par l’extrême nord, la Chine franchit un nouveau pas. En effet, un navire armé par le géant du fret maritime, Cosco, a quitté jeudi le port de Dalian au nord-est de la Chine. Il est attendu au détroit de Béring le 25 août pour un trajet total de 33 jours jusqu’à l’Europe.
Pour le premier exportateur mondial, l’Arctique représente un atout crucial. En effet, cette nouvelle route maritime lui permet d’éviter les délais du canal de Suez, où transitent 19.000 navires chaque année, et de réduire de plusieurs milliers de kilomètres ses trajets vers l’Europe, son premier partenaire commercial. A titre d’exemple, le passage par le Nord-Est entre le port japonais de Yokohama et le port Allemand de Hambourg permet de réduire le temps de trajet de 40% et d’économiser 20% de carburant.
De 5 à 20% des marchandises chinoises par le Nord en 2020 ?
La nouvelle route maritime du Nord-Est s’ouvre en été par la fonte des glaces de plus en plus importante. Le trafic y augmente rapidement avec 4 navires en 2010 contre 46 lors de l’été 2012, année record pour la fonte de la banquise. Ce passage est sécurisé par la Russie qui impose la location de ses brise-glaces. Côté canadien, le passage du Nord-Ouest s’ouvre également avec la débâcle de la banquise, mais il est plus tortueux et mal équipé en infrastructures.
Le raccourci polaire du Nord-Est est d’autant plus important pour la Chine que 90% de ses échanges passent par la mer. Avec l’arrivée de ce nouvel acteur au nord, le volume de marchandises transportées par la route du Nord-Est pourrait passer de 1.26 million de tonnes en 2012 à 50 millions de tonnes en 2020, avance la Fédération des armateurs norvégiens, acteur désormais au cœur des échanges maritimes. " Pour la première fois de l'histoire, nous voyons un océan entier s'ouvrir dans le Grand Nord, ce qui aura un impact majeur sur le commerce et l'approvisionnement énergétique", note le président de la fédération, Sturla Henriksen. La Chine, premier consommateur d'énergie du monde, lorgne également sur les vastes réserves d'hydrocarbures que recèlerait l'Arctique. Ces ressources deviennent davantage accessibles en raison du recul de la calotte polaire. Et l’Arctique voit déjà passer une majorité de navires transportant des hydrocarbures, soit 26 des 46 navires en transit en 2012.
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