Le pire ne s'est pas produit en Arctique

Après une fonte des glaces record en Arctique en 2012, les scientifiques craignaient le pire pour 2013. Mais finalement, un printemps très froid a retardé la fonte des glaces, provoquant un été glacé pour les navigateurs embarqués sur les passages du nord-ouest, au-dessus du Canada, et du nord-est, celui qui slalome au nord de la Sibérie.
Le 21 aooût 2012, l'extension des glaces de la calotte polaire était de 4.3 millions de km2. Cette année, à la même date, elle était de 5.8 millions de km2. "La glace est donc plus présente qu'en 2012, une année record, mais nous étions sur une telle accélération de la fonte des glaces ces dernières années qu'on reste quand même sur un bilan négatif", observe Michel Meulnet, routeur pour un skipper suisse en catamaran sur le passage du nord-ouest et pour un rameur que l'on suit régulièrement sur Figaro Nautisme, Charles Hedrich.
Des expéditions incertaines
Les deux aventuriers, en expédition dans le grand nord, affrontent des conditions difficiles avec des flocons de neige dès le mois d'août. "Quand Charles Hedrich est parti en expédition, le 1er juillet dernier, la fonte des glaces avait deux semaines de retard, explique Michel Meulnet. Nous ne nous attendions pas aux conditions qu'il rencontre. Ainsi, il devrait avoir des températures légèrement positives et elles sont négatives. Cela se joue à quelques degrés." Mais sur son rameur, Charles Hedrich ne se plaint pas de la neige qu'il trouve plus facile à gérer que la pluie, très présente au début de son expédition. "Le plus dur c'est quand le vent se mêle à la pluie car il est très difficile de se réchauffer. Avec toute cette humidité, mes vêtements moisissaient très vite faute de pouvoir les sécher." En revanche, l'aventurier souffre davantage des incertitudes météorologiques, accentuées par la présence des glaces. "Nous avons un été mauvais avec de nombreuses perturbations, confirme Michel Meulnet. Les conditions changent très vite dans le grand nord avec de fréquents coups de vent." Le rameur doit absolument sortir du passage du nord-ouest avant la fin septembre car les glaces hivernales devraient se reformer très vite.
Sur le passage du nord-est, le voilier d'expédition Tara affronte également de nombreux obstacles glacés. Lors du passage du détroit de Vilkitskiy, l'équipage a navigué 45 heures sur une mer recouverte par moment de 60% de banquise. A l'entrée du détroit, les marins et scientifiques ont même dû patienter une semaine, en stand-by entre le 15 et le 23 août. Finalement, dans la nuit du 25 au 26 août, Tara est devenu le premier bateau de l'année à franchir le passage du nord-est sans l'assistance d'un brise-glace. Le voilier continue désormais sa route vers sa prochaine escale, le 5 septembre, à Pevek sur les côtes russes.