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C’est un peu un réveillon de l’extrême pour les 13 marins encore en course qui ont ouvert leurs cadeaux dans le Grand Sud. Un moment qui peut être synonyme de blues après 44 jours de mer.
Coup de communication ou blues dans les 40è Rugissants? Les 13 marins encore en course dans le Vendée Globe ont tous fêté Noël et partagé leur réveillon avec la terre. Un réveillon qui n’a pas eu lieu le même jour pour toute la flotte qui s’étend du Pacifique à l’Océan Indien, de part et d’autre de l’Antiméridien.
Et un rendez-vous que tous les marins n’ont pas abordé avec le même état d’esprit. A la différence d’un Sébastien Josse, benjamin de l’épreuve en 2004-2005 et craquant à l’ouverture de ses cadeaux en laissant échapper un « Course de merde ce Vendée », François Gabart, le benjamin de la course ne fait ni dans la dentelle ni dans la poésie. Il faut dire que le jeune marin de 29 ans s’offre le luxe d’être en tête de flotte pour sa première participation. « Je passerai un coup de fil à ma famille, ça leur fera plaisir car ils auraient sûrement aimé que je sois avec eux, mais pour moi, que ce soit Noël ou pas ne change vraiment rien. Le soleil va se lever, je vais naviguer, puis il se couchera et le lendemain, on sera le 26 ».
Plus poète mais aussi moins bien placé (à 3000 milles du leader), Arnaud Boissière (Akena Vérandas) se préparait à réveillonner entre deux changements de voile. « Je me prépare donc tranquillement à faire Noël en mer tous seul... Calimero... Non ! Loin de là. J'ai énormément de chance d'avoir ce privilège là. En allant au marché australien, je n'ai pas trouvé de sapin de Noël mais en fouillant dans les cales et recoins du bord voilà ce que j'ai trouvé : une petite boîte de chocolat à ouvrir le 24 pour faire patienter... Hummm merci de cette délicate attention... A consommer sans modération : un foie gras de Benoit du Gers, grand rugbyman des Sables d'Olonne ! Une bouteille de champagne offerte par Bruno au moment du départ. J'ai préparé l'agencement de la table à cartes. Au moins c'est plus facile quand on est en solo. J'ai mis mes bottes pour que le père Noël y dépose les cadeaux demain ».
Un moment de décompression qui pourrait toutefois être perturbé par un fort vent de nord qui va souffler fort sur l’ouest de l’Australie et ramener tout le monde à la raison de la course et à son rythme imperturbable depuis plus de 40 jours. « La soirée de Noël, je l’ai fêtée le 23 au soir car en heure locale, ça correspondait au 24 au matin en Nouvelle-Zélande, expliquait pour sa part lundi Jean Le Cam. Et puis c’était ma dernière opportunité de le faire avant que le vent ne monte trop. On ne peut pas dire que je me suis amusé mais j’ai pris plaisir à faire les vidéos et à manger un bon repas. Je me suis fait du ris de veau avec du riz. Une bonne plâtrée, c’est peut-être pour ça que j’ai réussi à m’endormir. Et puis Noël, c’est l’occasion de faire passer des messages, en vidéo ou à la radio.»
Plusieurs marins ont également arboré un chapeau de Père Noël pour la vacation du jour et ont ouvert leurs cadeaux en direct. Des cadeaux souvent glissés en douce dans des sacs par l’équipe technique peu avant le départ. « Les cadeaux m’ont fait plaisir, expliquait ainsi Jean Le Cam lundi. J’ai beaucoup aimé le sac en fermeture éclair. C’est hyper ingénieux. J’ai aussi eu des DVD mais bon, je n’ai pas de lecteur ! Mais surtout, j’ai eu une nouvelle mascotte : Théo, le raton-laveur. »
Pour le réveillon de la Saint Sylvestre, tous les marins seront encore logés à la même enseigne. Les concurrents de têtes n'auront en effet pas encore passé le Cap Horn et ne seront donc pas encore sortis des conditions hivernales et difficiles du Grand Sud.