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Armel Le Cléac’h le matin, François Gabart l’après-midi…le Père Noël n’oublie personne !
Pas de jaloux. A chacun son beau cadeau de Noël. Après Armel le Cléac’h (Banque Populaire) ce matin, c’est au tour de François Gabart (Macif) de devenir leader du Vendée Globe pour deux petits milles dans l’après-midi. A 2 700 milles du cap Horn, les deux inséparables vont être confrontés à la négociation d’une zone de transition complexe, générée par l’intrusion d’une petite dépression tropicale venue du nord et semant la confusion dans le train de régimes perturbés qui balaient les cinquantièmes. Pour Armel Le Cléac’h comme pour François Gabart, il va falloir faire des choix radicaux, entre tentative de passer au plus court ou accepter un détour conséquent par le nord de ce petit centre dépressionnaire. Les deux leaders qui, depuis quinze jours, ne se sont pas quittés d’une semelle, vont-ils avoir la même analyse de la situation ? Réponse dans les prochaines heures… Toujours est-il que cette situation inédite pourrait provoquer la première fracture stratégique entre les deux hommes de tête depuis le passage de la porte de Crozet. Une situation pas forcément totalement confortable alors que le cap Horn se profile à l’horizon d’une semaine de course, quand on sait l’avantage psychologique que procure le fait de virer le « cap dur » en tête.
Dick attend son heure
A la cadence imposée par les leaders, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) ne peut qu’attendre patiemment son heure. « Je ne pense pas qu’on puisse arriver ensemble (avec Armel et François) au cap Horn. Mon objectif est d’être 200-300 milles derrière eux au max. Plus, ça fait beaucoup. Mais bon, tout peut arriver. On a eu l’exemple de Michel Desjoyeaux et Ellen MacArthur (en 2001). Il faut avoir un coup à jouer et j’espère l’avoir ». Le marin niçois accuse un retard de 478 milles. Derrière, Alex Thomson (Hugo Boss) taille tranquillement la route en quatrième position. Désormais cinquième, Jean Le Cam (SynerCiel) possède 456 milles d’avance sur Mike Golding (Gamesa), ce qui lui permet d’entrevoir l’avenir avec sérénité. « Là, j’ai fait l’opération du siècle. C’est pire que le hold-up de Saint-Tropez. C’est un truc de malade. Le plaisir fait partie de la vie de tous les jours et si on n’a pas ce plaisir, la vie est triste. Ça fait partie de l’équilibre psychologique ».
Stamm vers Dunedin
Le père Noël n'a semble-t-il pas croisé sur sa route Bernard Stamm, qui doit impérativement réparer ses fixations d'hydrogénérateurs avant d'attaquer la longue traversée du Pacifique. Obligé de quitter son abri de Sandy Bay, au nord-est des îles Auckland,, le skipper helvète se dirige actuellement vers le port de Dunedin, dans le sud de la Nouvelle-Zélande. Progressant difficilement à 7 nœuds dans des vents de sud instables et une houle de 3 mètres, il devrait rejoindre mercredi sa nouvelle destination, distante de 120 milles.
Di Benedetto toujours heureux
A plus de 3 000 milles des leaders, Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) a passé la porte est Australie dans la nuit (3 h 05) de lundi à mardi. A près de 15 nœuds de moyenne ces dernières 24 heures, il se prépare à empanner en soirée avec l'arrivée de la dépression qui a déjà rattrapé Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), 470 milles dans son sillage et également auteur d'une belle progression dans la nuit. A 3 883 milles de Gabart, Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) a passé le cap Leeuwin dans un bon 25 nœuds de nord-ouest qui va progressivement forcir en basculant au sud-ouest, l'obligeant à empanner prochainement. A 250 milles de la porte Ouest Australie, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) n'en finit pas de prendre du plaisir à surfer dans un flux de nord-ouest de 25-30 nœuds et une houle avoisinant les 6 mètres !
LES VOIX DU LARGE
Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) : « Merci pour tous les cadeaux de tout le monde. Du R2D2 au rubik’s cube en passant par le chien du Monopoly, le capitaine crochet, des livres, du Nutella, du Genepy du Grand Bo, des belles écritures, des beaux dessins, des belles paroles, des pensées qui me font chaud au cœur. Merci également pour le petit film réalisé par Akéna Prod ! Vraiment Excellent ! Je suis en train de passer la dernière porte australienne avec un soleil qui est là aussi comme un beau cadeau avec un paysage des Mers du Sud hors du commun. Merci à cet océan de rêve. Ce soir, changement de régime puisque une dépression est en train de me rattraper. Elle va me propulser vers l'est et le sud de la Nouvelle-Zélande. Donc tout est rangé et on est prêt à manœuvrer Je savoure un petit foie gras, un peu de vin et le bonheur d’être en course autour du monde. La table à cartes est désormais bien décorée ! Joyeux Noël à tous ».
Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) : « Ça y est, le froid est à bord. J’ai l’impression qu’il va rester un moment car de ce que je peux tirer des fichiers météos, il va falloir passer par les latitudes basses pour atteindre la porte Pacifique. J’ai des vêtements adaptés, il va falloir tenir le coup. Ça ne durera pas plus de 6 jours, ensuite il ne fera plus si froid et ça ira mieux. Le problème, c’est quand il fait moins de 9 degrés ».
Mike Golding (Gamesa) : « Ça remuait beaucoup à bord, pas le temps de s'ennuyer et très inconfortable à certains moments. Ça va mieux maintenant même si la mer n'est pas rangée. C’est relativement stable donc je devrais pouvoir passer une bonne nuit. Petit à petit, je me fais à l'idée de Noël avec toutes les petites choses que je trouve à bord. Il y a plein de bonnes choses à manger. J'ai parlé avec Soren (son fils de 9 ans) hier soir et vais le rappeler de nouveau ce matin ».
Jean Le Cam (SynerCiel) : « J’ai bien fait d’anticiper Noël car je savais que le 24, ce n’était même pas la peine. Le réveillon n’a pas été de tout repos. Juste devant le front, il y avait des vents qui sont passés de 14 à 25 nœuds. Du coup, roulage déroulage et prise de tête. On était condamné à réfléchir. J’ai quand même assisté à la formation de cette dépression. C’était bizarre, à la Hitchcock. C’est glauque à mort. Préparation psychologique par la nourriture de Jean Le Cam, je vais écrire un livre. La nourriture est très importante pour l’équilibre. Pour être bien dans sa peau, il faut bien manger ».
François Gabart (Macif) : « Je suis convaincu que les portes amènent plus de situations tactiques qu’autre chose. Là, il y a une dépression qui arrive et qui peut créer des décisions tactiques différentes. Ça va être intéressant. On est à 7-8 jours du cap Horn. Il y a cette petite dépression qui arrive par le nord. Après, on a l’air d’être dans un flux de nord-ouest avec 20-30 nœuds, mais sans trop de mer. Mais on a le temps, les conditions n’ont l’air pas trop mal jusqu’au cap Horn même s’il faudra rester méfiant ».
Dominique Wavre (Mirabaud) : « (Au sujet de Noël) C’est important même s’il n’y a pas de pause pour Noël. Mais pour le moral ça fait du bien et de penser à la famille, aux amis. C’est une petite parenthèse affective et émotive agréable car l’Indien a été rude. Le repas a en plus été très bien. Je l’ai vite avalé. Ça m’a fait du bien. J’ai eu une petite visite en fin de journée : des dauphins. Ils sont venus faire une course de vitesse avec le bateau. C’était absolument superbe. L’impression était formidable et les dauphins ont des accélérations incroyables. Je pense qu’ils sont capables d’aller beaucoup plus vite entre eux qu’ils ne l’étaient avec Mirabaud ».
CLASSEMENT
Positions du 25/12 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) à 9 640 milles de la lignes d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 2,1 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 478,9 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 979,3 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 833,2 m; 6.Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) à 1 942,4 m; 7.Mike Golding (Gamesa) à 2 289,4 m; 8.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 317,9 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 507,2 m; 10.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 3 028,9 m; 11.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 498,4 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 883,4 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 709,1 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).