
Pour ses 30 ans la finale de la Coupe Louis Vuitton a réservé un scénario inattendu aux deux prétendants, Luna Rossa et Emirates Team Zealand (ETNZ). Le premier duel a été remporté, non sans une grosse frayeur, par les Néo-Zélandais.
Inattendu et spectaculaire. Ces mots conviennent parfaitement à cette première confrontation entre les deux challengers finalistes de la coupe Louis Vuitton. Ils se retrouvaient 20 jours après leur dernier duel, remporté en phase de poule par les Néo-Zélandais et obligeant les Italiens de Luna Rossa à disputer les demi-finales.
Inattendu d'abord avec cet incident de dérive survenu sur l'AC72 du skipper italien Max Sirena, l'appendice servant à surélever le bateau au-dessus des flots s'est bloqué peu de temps après le départ sur le premier bord de reaching.
L'équipage italien se retrouvait dans l'impossibilité de maintenir son foil tribord en position haute et donc hors de l'eau. Un équiper afficha alors toute sa frustration avec un geste en adéquation avec ses mots de dépit. Il savait sûrement mieux que quiconque que le match était joué, surtout face à des Kiwis favoris et déjà devant à la première marque.
Spectaculaire ensuite avec cette course en solitaire dont on commence à s'habituer mais qui pour une fois fut surprenante à plus d'un titre. Les Kiwis emmenés par un impeccable Dean Barker à la barre se dirigeaient vers une victoire sans combattre mais à ne pas lutter ces derniers ont failli déraper.
Nous sommes à la 4e marque au vent quand ETNZ déboule bâbord amure lancé à 40.07 nœuds et tente d'abattre en direction de la porte sous le vent. À cet instant l'AC72 néo-zélandais vole sur ses foils, la coque au vent décolle davantage faisant sortir le safran bâbord hors de l'eau et rendant l'abattée particulièrement périlleuse. Dean Barker, le barreur kiwi voit alors son AC72 plonger complètement ses deux coques dans l'eau jusqu'à la moitié du catamaran le faisant passer de 40.07 nœuds à 13 nœuds !
Deux hommes à la mer !
Sur la manœuvre d'une violence inouïe, deux équipiers du bateau néo-zélandais se retrouvent emportés par les flots, le mur d'eau crée par l'enfournement endommagea également le trampoline des Kiwis qui pensaient jusque-là avoir une journée assez tranquille.
La soudaine embardée d'ETNZ a plusieurs causes : la puissance incroyable de l'AC72 et de son aile rigide de 40 mètres qui combinée à une instabilité de plateforme peut engendrer des enroulements de marques très dangereux. Ensuite le vent soufflant dans la baie de San Francisco a l'avantage d'être toujours au rendez-vous à cette période de l'année mais aussi l'inconvénient d'être très instable en force lorsque l'on navigue si près de côtes et des buildings américains. La combinaison de ces deux facteurs a sans doute été à la source de cette péripétie qui aurait pu être tragique.
La limite de vent a été fixée à 21 nœuds au mois d'août, chiffre à tempérer en fonction de la force et de la direction du courant, or samedi, Iain Murray, le directeur de course, avait établi la limite à 19 nœuds. Le départ de la première des 13 manches possibles de la finale de la coupe Louis Vuitton a été donné alors que le vent soufflait à 14 nœuds mais 31 minutes et 3 secondes plus tard alors qu'ETNZ coupait la ligne d'arrivée l'anémomètre indiquait 20 nœuds. Si les Kiwis ont réalisé la bonne opération arithmétique, ils ont aussi senti les frissons d'une punition qu'ils ont évité de justesse alimentant de nouveaux doutes sur la sécurité de ces régates d'une nouvelle ère.
Le prochain duel est prévu ce dimanche à 13h10, heure du Pacifique (22h10 en France), et le troisième à 14h10 ce même jour.
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