
Après une traversée rapide de la Manche, les leaders du moment se sont vus voler la vedette devant l’île de Wight.
La première étape de la Solitaire du Figaro Éric Bompard 2014 s’annonçait sur le papier facétieuse. Météo Consult ayant prévenu les concurrents qu’ils allaient devoir composer avec des éléments capricieux sur la première partie des 484 milles à ingurgiter. Après avoir bombé le poitrail tout au long de la traversée de la Manche, depuis Deauville jusqu’à la bouée Owers, à quelques milles de l’entrée du Solent, les meneurs du petit matin pouvaient monter sur leurs ergots et claironner tel Chanteclerc. Les fanfarons ont rapidement baissé leur caquetage et courbé l’échine alors qu’ils croisaient devant Cowes, la Mecque de la voile anglaise. C’est en effet sur un glacis sans vent que le piège s’est refermé sur leurs ambitions. Les moustiques venant pratiquement tous s’écraser sur le même pare-brise, les retardataires en profitaient pour faire le tour de la paroisse. Il était ainsi judicieux de prendre un peu de recul dans ces premières 24 heures de régate... Mais le hold-up était parfait pour un petit groupe n’étant pas la risée de tout le monde, Nicolas Jossier (In Extenso-Experts Comptables) en tête : « Je venais de passer une très mauvaise nuit, pensant même que la flotte allait s’échapper alors que le vent était devant, avant d’arriver sur l’île de Wight. J’ai vu une bande de pression de vent au large. Je me suis dit, allez, s’il y a quelque chose à tenter pour recoller, c’est maintenant. Comme les autres sont restés bloqués, c’est actuellement très agréable d’être en tête. La route est encore longue et je vais faire en sorte de ne pas trop penser, en restant concentré. »
180 milles étaient devant les étraves avant d’atteindre Wolf Rock, le phare de la pointe occidentale de la Cornouailles. Passage obligé pour retrousser une nouvelle fois la Manche, cette fois-ci en direction d’une marque de parcours à proximité de Roscoff.
Joan Ahrweiller (Région Basse-Normandie), camarade de cordée du leader, juste derrière Alexis Loison (Groupe FIVA), l’autre Bas-Normand du triumvirat, avait également le ton enjoué. Surtout après sa petite mésaventure vécue au large de Deauville. « J’ai un ris dans la grand voile, ma drisse ayant cassé peu après le départ. Sous les 10 nœuds de vent, c’est un peu difficile pour moi. J’avais donc perdu pas mal de places en arrivant sur Owers. En approche de l’île de Wight, j’ai vu que le vent mollissait. Avec tout le monde s’engouffrant dans le pot de pus. Comme les conditions étaient praticables, j’en ai profité pour monter jusqu’à la deuxième barre de flèche de mon mât pour essayer de voir si je pouvais essayer de faire quelque chose pour ma drisse. C’est là que j’ai vu que le vent venait du large. J’ai donc fait le grand tour et cela a plutôt bien payé. Mais j’ai toujours mon problème. J’espère maintenant que les conditions vont rester ventées comme actuellement, » expliquait le trentenaire, tout juste papa d’un garçon né le jour du prologue de la Solitaire 2014.
Au petit jeu du qui-perd-gagne, les rebondissements seront certainement encore nombreux jusqu’à l’arrivée à Plymouth, sans doute aux alentours de jeudi matin. Au classement de 16 h ce lundi de Pentecôte, alors que le vent semblait une nouvelle fois hésiter à jouer les filles de l’air, l’ensemble de la flotte se tenait en moins de 7 milles.