
46 voiliers classiques et d'époque venant de neuf pays différents - Espagne, Italie, France, Royaume Unie, Allemagne, États-Unis, Bermudes, Malte et Russie - ont disputé la Copa del Rey-Trophée Panerai, l’une des manifestations les plus populaires dans le calendrier de voile classique en Méditerranée.
Les pontons de Mahon se vident ce lundi avec le départ des équipages vers l’avant-dernière étape du circuit Panerai, Imperia, sur la riviera italienne. Les prochaines régates s’y joueront du 10 au 14 septembre. C’est donc sous le soleil que ces voiliers témoins de l’âge d’or du yachting, des dames du large parfois centenaires mais toujours fringantes, ont repris leur route méditerranéenne. Après l’étape de Mahon qui a donné du fil à retordre aux marins, heureux de batailler sur cette île aux conditions sportives, la flotte va profiter d’un bain de foule enthousiaste au pied des maisons colorées de Porto Maurizio. Près de 200.000 visiteurs sont attendus à Imperia pour cette étape populaire. Les spectateurs pourront admirer un spectacle majestueux aux jauges complexes : il s’agit de tout faire pour mettre sur un pied d’égalité des embarcations très différentes.
Des voiliers témoins de l’âge d’or du yachting
Schématiquement, quatre grandes catégories se distinguent : les voiliers dits d’époque, construits avant 1950, les bateaux classiques (1950-1975), les Big Boats, de plus de 23 mètres, et les voiliers de la catégorie Esprit de tradition (répliques modernes d’anciens projets). L’une des stars de la saison étant Chinook, 18 mètres, la propriété du Britannique Graham Walker. Ce voilier, qui soufflera dans deux ans ses 100 bougies, a brillé tout au long de l’étape espagnole en terminant chaque régate dans le trio de tête, que ce soit en temps réel ou en temps compensé. « Nous sommes toujours surpris par les performances de Chinook », commente l’équipier Jean-René Bannwart. Le voilier conserve une longueur d’avance sur ses principaux concurrents – il est suivi par Marigan (1898) et The Kelpie of Falmouth (1928) au classement de Mahon – et se bat donc en temps réel avec les voiliers de la classe Marconi. Parmi les plus belles unités engagées à Mahon, on citera également Manitou dans la catégorie Epoque. Construit en 1937 par Olin Stephens, ce bateau n’est autre que l’ancien yacht présidentiel de John F. Kennedy, surnommé « The Floating White House ». Du côté Classique, Corsaro II et Stella Polare, deux voiliers-écoles de la Marine italienne destinés à la formation des officiers, ont réalisé de belles performances. Beau spectacle aussi chez les Big Boats avec Mariette, Mariquita, Elena of London ou encore Moonbeam IV, qui fête son centenaire cette année.
Une dernière journée décisive
La troisième et dernière journée, qui s’est disputée dans un vent de nord-est (Gregale) soufflant à plus de 12 nœuds, a été décisive pour la victoire finale. La joie de l’équipage de Chinook en catégorie Epoque Aurique a été complétée par celle de Sirius du côté des Epoque Marconi, suivi au classement par Enterprise et Skylark. Côté Classique, c’est finalement Namib (1967) de Pietro Bianchi qui a eu le dernier mot. Le plan Cesare Sangermani devance Yanira (1954) et Emeraude (1976), dessiné par German Frers. À noter que le vainqueur de l’an dernier, Alba (1956), termine au pied du podium malgré une victoire sur la dernière des trois régates.
Ils étaient plusieurs à pouvoir s’imposer dans la catégorie Big Boats, dont Moonbeam IV (1914), grand habitué des podiums. Mais c’est finalement Mariquita (1911), déjà vainqueur à Mahon en 2006 et second l’an dernier, qui l’emporte au général, devant l’ancien bateau du Prince Rainier, malgré une victoire de l’équipage mené par Mikael Créac’h sur la dernière régate. En effet, Moonbeam IV avait été disqualifié par le jury la veille pour une manœuvre non autorisée avant le départ de la régate. Halloween termine quant à lui troisième. Du côté des Esprit de Tradition, ce sont Calima (1970), Lohegrin (1974) et Pas Encore (2005) qui ont mené les débats.
Enfin, comme le remarquent les marins, au-delà des podiums, le charme de ces régates est lié aux belles histoires racontées par ces ponts briqués et ces voiles majestueuses.