
Le skipper de Musandam-Oman Sail a réalisé une belle performance en jouant dans la cour des grands ultimes avec l’un des plus petits bateaux de sa classe. Mais l’arrivée à Pointe-à-Pitre fut difficile.
Sidney Gavignet accueille les mots de félicitations avec politesse mais il ne cache pas sa forte déception sur la ligne d’arrivée. Le marin s’est battu contre Lionel Lemonchois, sur Prince de Bretagne, qui l’a finalement précédé de moins de deux heures à Pointe-à-Pitre. Et ses dernières manœuvres lui laissent un goût amer. Pourtant, Sidney Gavignet a rempli son objectif : traverser l’Atlantique sur une machine volage. Une libellule comparée aux géants de la classe. Il est arrivé à Pointe-à-Pitre en fin de nuit, heure locale, après 8 jours, 19 heures et 24 secondes de mer à la vitesse moyenne de 21,05 nœuds et des pointes de vitesse jusqu’à 38 nœuds.
Comment vous sentez-vous ?
Ça va. Je suis très déçu mais je n’ai pas envie que cela soit ce qui prenne le dessus. Je vous en parle parce que cela vient de se passer. Disons que mon objectif - atteindre Pointe-à-Pitre - est rempli. Je suis même arrivé la même nuit que Prince de Bretagne, qui fait 10 pieds de plus que moi, et Gitana qui a été boosté pour cette course.
Est-ce le duel avec Prince de Bretagne qui était compliqué à gérer ?
Je ne m’en veux pas de l’avoir laissé passer à terre. Les conditions étaient tellement erratiques… Mais je suis déçu car j’ai mal navigué pour rejoindre la ligne.
Avant le départ, vous disiez que le plus dur serait de ne pas se laisser dépasser par la machine. Vous souvenez-vous de moments critiques dans ce sens là ?
Sur ces machines là, le plus difficile est de gérer les éléments et le départ était très compliqué avec des risées de 15 à 35 nœuds, voire plus. C’était le cas aussi à l’arrivée avec de 12 à 25 nœuds. Nous avons eu des conditions de vent très changeantes et si jamais on n’est pas sur le pont à ce moment là, on peut avoir de très gros problèmes. Mais je n’ai pas le sentiment d’avoir été dépassé. Et nous avons aussi profité de belles conditions au portant. C’était vraiment une phase pendant laquelle je me sentais très bien.
Quels ont été vos meilleurs moments sur cette course ?
Je me souviens particulièrement d’une nuit pendant laquelle j’étais dans le même axe que Sébastien Josse. Je comparais, chaque heure, nos positions, nos vitesses – nous étions même plus rapides que les grands bateaux – et je savais que Sébastien, derrière son écran, calculait lui aussi les gains et les pertes. J’ai aussi en tête les levers de lunes extraordinaires. On aurait dit des couchers de soleil.
Est-ce que votre préparation à base de yoga vous a servi à bord ?
Oui, je suis fasciné par l’apport de cette préparation, aussi bien mentalement que physiquement. Normalement, un corps qui passe du jour au lendemain à des petits bouts de sommeil d’un quart d’heure morfle. Et là, je n’ai pas trop souffert. C’est simplement maintenant que je commence à sentir les douleurs car je me relâche. Mentalement, le calme que j’ai réussi à garder m’a permis de prendre un bon départ puis d’affronter le mauvais temps. Et pour les derniers milles, je n’ai pas non plus l’impression que cela ait été dur pour les nerfs. Je suis resté calme. Maintenant, il faut que je récupère – je vais aussi passer à l’hôpital pour un souci à la main – et je pense qu’un petit rhum pourrait m’aider à avaler la pilule de cette arrivée difficile.