Golden Globe Race : casse de régulateur d'allure pour Damien Guillou

Course au large
Par Figaronautisme.com

Les cartes sont rebattues et les casses se multiplient, alors que l’Atlantique Sud met à l’épreuve bateaux et marins en route vers les mers du Sud, et la prochaine porte photo au Cap.

©Photo Guillou Nora Havel / GGR2022
Les cartes sont rebattues et les casses se multiplient, alors que l’Atlantique Sud met à l’épreuve bateaux et marins en route vers les mers du Sud, et la prochaine porte photo au Cap.

L’hémisphère sud n’a pas été très accueillant, et la flotte fait face à une mer confuse de plus de 4 mètres, et des vents de 15 à 20 nœuds, avec des rafales à 40 nœuds.  Les bateaux et les marins ont payé un lourd tribut : des skippers se sont blessés et plusieurs bateaux ont subi des avaries.

Deuxième casse de régulateur pour Damine Guillou !

Damien Gillou (FRA) a appelé le PC de la GGR cet après-midi pour signaler que la mèche de son régulateur d’allure s’était cassée juste au-dessus du safran. Le safran était sécurisé par un bout et n’a donc pas été perdu. Damien continue de naviguer au près sans pilote. Il a emporté avec lui un système complet de régulateur en pièces détachées, dont une mèche et une pelle de safran neuves. Il doit maintenant démonter l’aérien et la transmission, retirer la mèche cassée et la remplacer, avant de remonter la transmission. Plus facile à dire qu’à faire, surtout en mer, d’autant qu’il devra passer à l’eau pour remonter le safran. Il est confiant dans le fait de pouvoir réparer, mais les conditions ne sont pas favorables pour le moment. Ce type d’avarie est très inhabituel pour un régulateur d'allure et le fabricant a suggéré qu’il pourrait s’agir de la première rupture de ce type dans l’histoire de ses produits. Tous les participants de la GGR, sauf deux, utilisent le même système. C’est le deuxième problème de ce type rencontré par Damien. Il était retourné aux Sables d’Olonne pour réparer, et renforcer les bras de fixation de son régulateur, repartant avec six jours de retard sur la flotte. Damien est évidemment déçu et se demande s’il ne pousse pas trop la mécanique dans des conditions assez dures? Il faudra plusieurs jours avant que les conditions de vent et de mer ne s’améliorent pour permettre une réparation. Il sait qu’il approche de l’anticyclone de Sainte Hélène et visera la zone de calme pour sa réparation, avec l’île de Tristan da Cunha comme alternative. Il sait également où se trouvent Kirsten et Abhilash à qui il a parlé à la BLU, et où il se situe par rapport à eux, très impatient de revenir dans le match. En réalité, il n’a repris que 70 miles sur le premier (actuellement à 480 milles) depuis le cap Finisterre, mais il a dépassé de nombreux concurrents plus lents. Dans les prochains jours, sa chance pourrait venir à mesure que le vent adonne au nord, lui permettant une route Est plus directe vers Cape Town, en lui épargnant plusieurs jours de navigation vers le Sud que les premiers ont dû faire.

Le leader bloqué à mi-mât

Simon Curwen (UK), premier sorti du pot au noir, a cassé sa drisse de génois en entrant dans l’hémisphère sud et avait décidé de s’abriter du vent et de la mer sous le vent de l’île de Trindade. Là, il est monté en haut du mât pour réparer, en vain, se faisant ballotter et se blessant au passage. Il a finalement décidé de continuer avec son génois sur étai largable jusqu’au Cap et d’y chercher un abri pour réparer avant de s’aventurer dans l’océan Indien. "Je me suis fait un peu mal, ça n’est pas assez abrité derrière cette petite île ! J’étais à la cape et suis monté dans le mât pendant deux heures. En redescendant, ma chaise de calfat s'est bloquée, j’ai dû me libérer et redescendre la moitié du chemin en escalade libre." raconte Somon à Don dans son appel hebdomadaire. Abhilash Tomy (IND) qui est resté au contact du premier toute la semaine a subi une fuite de gaz qui est maintenant réparée, et Pat Lawless (IRL) a cassé une drisse de solent la nuit dernière dans des grains de 40 nœuds. Il a changé de voiles comme il l’a expliqué dans son tweet quotidien, et réparera sa drisse plus tard quand les conditions se seront améliorées. Ertan Beskardes (UK) a toujours des problèmes de batteries mais est heureux de naviguer dans du vent frais. Ian Herbert-Jones (UK) a réparé ses chariots de lattes de grand-voile, et Elliot Smith (USA) souffre de fuites importantes au niveau du pont à tribord, sur ce long bord bâbord amure venté vers Trindade.

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Abhilash Tomy© Photo Nora Havel GGR2022

Météo : tempête sous les crânes

L’anticyclone de Sainte Hélène joue des tours à la tête de flotte. Si Simon et Abhilash ont dû descendre jusqu’à 30° Sud pour trouver des vents adonnants, permettant une route plus directe vers Le Cap, ce n’est pas le cas de ceux qui les suivent ! Tapio Lehtinen (FIN), 250 milles au nord de Simon, a pris une route plus à l’est juste après Trindade, se rapprochant du Cap, lui arrachant la première place et menant la flotte vers l’Afrique du Sud ! Damien Guillou (FRA) a fait la même chose 250 milles plus au nord et a pris la 4ème place en dépassant Kirsten Neuchäfer (RSA) et Abhilash Tomy (IND)! Aujourd’hui, le classement place Tapio 1er, Simon 2ème, Pat 3ème, Damien 4ème, et à l’ouest d’eux Abhilash 5ème et Kirsten 6ème, mais ce n’est qu’une partie de l’histoire : « Le tracker de la cartographie calcule la distance jusqu’au prochain waypoint à l’est en Afrique du Sud, mais pour l’instant il faut aller vers le sud pour avoir une position dominante. Le classement ne prend pas en compte le contexte météorologique. Durant les quatre prochains jours, la réalité va se manifester et le classement va changer. » dit Don MCINTYRE, Fondateur et Président de la GGR. Simon Curwen (UK) et Tapio Lehtinen (FIN), plus au sud et à l’est, ont été les premiers à bénéficier de vents adonnants et à changer de cap, progressant ainsi vers Cape Town, tandis que la position à l’ouest d’Abhilash Tomy (IND) et de Kirsten Neuschäfer (RSA) les pénalise dans la distance qui les sépare de la prochaine marque, mais aussi vis-à-vis de Damien Guillou (FRA) qui a gardé une trajectoire tendue, aussi est que possible juste après le passage de Trindade. L’anticyclone se déplaçant rapidement vers le nord-est, signifie pour les derniers qui contournent Trindade, qu’ils pourront couper au plus court vers Cape Town sans rallonger leur route vers le sud. C’est particulièrement vrai pour Damien Guillou (FRA), Ertan Beskardes (UK), Michael Guggenberger (AUT) et Jeremy Bagshaw (RSA). Après eux, la situation sera différente et plus imprévisible. Aucun des participants n’a été en mesure d’imprimer une carte Weatherfax utilisable, ils s’appuient donc sur les outils du bord et leurs observations, en regardant la hausse de la pression barométrique et les variations du vent pour positionner l’anticyclone de Sainte Hélène. « J’ai laissé tomber Rio après avoir essayé tant de fois, mais je commence à recevoir les prévisions météo d’Afrique du Sud, je vais peut-être pouvoir obtenir une carte de leur part à un moment donné. » nous a dit Kirsten aujourd’hui. Avec leur accès limité à l’information, les marins savent malgré tout où ils se trouvent et peuvent se positionner par rapport aux autres en échangeant sur la BLU.

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Tapio Lehtinen© Photo Christophe Favreau/PPL/GGR

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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