
Partis il y a deux mois des Sables d’Olonne, les 16 navigateurs solitaires ne sont plus que treize puisque trois d’entre eux ont dû abandonner. A la Porte Photo de Cape Town, située à l’entrée de Granger Bay Marina, les participants doivent réduire leur grand-voile, et affaler ou enrouler leurs voiles d’avant pendant au moins 20 minutes. Le créateur de la course, Don McIntyre, va alors à leur rencontre sur l’eau pour recueillir photos, vidéos, lettres, et les interviewer si les conditions le permettent. En revanche, rien ne peut leur être remis. Sur leurs monocoques de 36 pieds (11 mètres) des années 70 ou 80, les skippers encore en course s’apprêtent à affronter les mers du Sud. Certains en profitent donc pour mouiller et réparer par leurs propres moyens les petites avaries cumulées au fil des plus de 6000 milles nautiques déjà parcourus.
Simon Curwen, en leader serein
C’est le cas du premier de la flotte, le Britannique Simon Curwen qui, en panne totale de communications, était ravi d’apprendre qu’il était toujours en tête de la course et a jeté l’ancre le temps de résoudre des problèmes de drisses récurrents depuis l’équateur. Il a passé trois heures dans son mât le temps de passer messagers et drisses de remplacement. Il a néanmoins pris le temps de se confier à l’organisation, affirmant que « Ce n’était pas trop dur jusqu’à présent, car nous avions des vents gérables, mais ça va être très différent maintenant ! » Les références de cet anglais de 62 ans qui réside près de Lorient sont, il est vrai, clairement du côté du Golden Globe originel de 1968 : « Bill King et Loïck Fougeron n’ont pas dépassé le Cap en 1968, je suis donc très heureux d’être ici, et très impatient d’aller dans le Sud ». Partis des Sables d’Olonne depuis deux mois maintenant, le temps passé en mer ne lui pose aucun problème semble-t-il : « Je suis bien en mer, les seules choses qui me manquent sont les gens, ma famille, mes amis et les autres participants. Les seuls contacts que j’ai eus étaient avec des bateaux de passage, ce qui est plutôt limité ! »

Pour l’amour du temps long
Des deux poursuivants de Simon, c’est la Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer qui s’est présentée ensuite dans les eaux de son pays natal, devançant de seulement 5 milles le Finlandais Tapio Lehtinen. Radieuse de pouvoir apercevoir ses proches, elle ne semble pas se préoccuper plus que cela de la course malgré son excellente position, toute à son bonheur d’être en mer : « Je profite vraiment des mers du Sud et j’ai arrêté de me préoccuper de ma position. Je m’amuse tellement que j’ai presque envie que le temps ne passe pas trop vite. (…) J’apprécie vraiment de ne pas avoir de GPS, parce que ça m’oblige à observer, j’apprécie de ne pas avoir de prévisions météorologiques détaillées parce que cela m’oblige à réfléchir davantage ». Même si malgré tout elle avoue aimer « faire aller le bateau aussi vite que possible parce que c’est une course et pas un convoyage ! ». Le récidiviste Scandinave de 64 ans (il avait déjà participé à l’édition de 2018) quant à lui ne s’est pas éternisé dans les eaux Sud-Africaines : « J’adore être en mer avec ce bateau. (…) Je sais que cette porte fait partie de la course, mais la proximité de la terre me stresse, je suis beaucoup plus heureux à cent milles de là ».

Damien Guillou en vue du Cap
L'Irlandais Pat Lawless et l’Indien Abhilash Tomy ont quant à eux passé la porte photo de Cape Town hier jeudi 10 novembre. Alors qu’aujourd’hui c’est le Français Damien Guillou qui, depuis le départ se bat avec des problèmes de régulateur d’allures, devrait apercevoir la montagne de la table. La prochaine porte à respecter est celle de Hobart en Tasmanie. Afin d’assurer la sécurité des concurrents jusqu’au Cap Horn, ceux qui n’auront pas passé cette étape avant le 31 janvier 2023 ne pourront pas poursuivre leur voyage. Si pour tous les concurrents ayant passé Cap Town ou sur le point d’y arriver cette échéance n’est pas un problème, pour ceux qui, à l’arrière de la flotte se battent encore pour se libérer de l’anticyclone de Sainte-Hélène la menace est plus sérieuse. Ainsi, Arnaud Gaist et Guy Waites sont au niveau du bateau de Robin Knox-Johnston en 1968 qui fait office de référence basse. Ils doivent impérativement rester devant son étrave virtuelle pour rester en course.