Route du Rhum 2022 Destination Guadeloupe – Un front tel un uppercut !

Par Figaronautisme.com / RDR2022

Après un premier passage de front puis la traversée d’une dorsale, les solitaires de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe ont fait les frais d’une deuxième perturbation très active dans la soirée d’hier. Un coup de vent court dans la durée mais d’une violence inouïe qui a notamment provoqué le chavirage de l’Ocean Fifty de Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton – ARSEP) puis les démâtages des Class40 d’Aurélien Ducroz (Crosscall) et d’Amélie Grassi (La Boulangère Bio) après celui du 60’ IMOCA de Louis Burton (Bureau Vallée), survenu plus tôt dans la journée. Depuis, la situation s’est nettement apaisée pour l’ensemble de la flotte. Une flotte qui, dans sa grande majorité, évolue, ce dimanche 13 novembre, dans un régime de traine d’ouest instable et assez soutenu, en direction des Açores.

Ce qu’il faut retenir :

-Vers 20 heures hier soir, alors qu’il évoluait en tête dans la classe des Ocean Fifty entre le Portugal et les Açores, Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton – ARSEP) a chaviré. Il se tient à l’abri dans sa coque centrale.

-Après Louis Burton (Bureau Vallée) chez les IMOCA hier en fin d’après-midi, Aurélien Ducroz (Crosscall) et Amélie Grassi (La Boulangère Bio) en Class40 ont été victime à leur tour d’un démâtage, dans la soirée, alors qu’ils évoluaient dans des conditions éprouvantes à environ 350 milles au nord-ouest du cap Finisterre.

- Le Croate Ivica Kostelic, skipper du Class40 ACI, contrarié par une accumulation de soucis techniques parmi lesquels la défaillance de son pilote automatique, est en passe d’arriver à La Corogne. Kéni Piperol (Captain Alternance), victime d’une voie d’eau, et Pierre Casenave-Péré (Legallais), en proie à des soucis de gréement, se dirigent actuellement vers ce même port.

-Guy Pronier, skipper du Rhum Mono Terranimo, est parvenu à régler ses soucis techniques et a repris sa route normalement sans finalement avoir besoin de faire escale en Espagne comme il l’avait un temps imaginé.

-Contraint à l’abandon à la suite d’une collision avec un cargo ayant entraîné le démâtage de son IMOCA, Damien Seguin (Groupe APICIL), qui fait route sous gréement de fortune, est attendu à Lorient ce dimanche en fin de journée.

« Ça a été rapide mais très très violent après le front. Le bateau sautait dans les vagues. On avait l’impression que tout allait exploser à chaque instant ! », a relaté Yoann Richomme, ce matin lors de la vacation officielle. Pourtant rompu aux conditions extrêmes et engagées, le très expérimenté skipper de Paprec Arkéa et tenant du titre en Class40 dans cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe a manifestement été un peu surpris par l’intensité des conditions rencontrées hier en fin de journée, entre le Portugal et les Açores. « C’était flippant à souhait. Xavier Macaire est celui qui a attaqué le plus et j’avoue que je n’ai pas cherché à tenir son rythme surtout après avoir vu Aurélien Ducroz et Amélie Grassi démâter juste dans l’axe de mon tableau arrière. J’ai vraiment cru qu’on allait tous y passer ! », a détaillé le navigateur, non sans émotions. « Je sais ce que c’est de perdre son mât dans ce type de conditions. C’est incroyablement dur de défaire tous les bouts sur une mer démontée et de nuit de surcroît ! », a ajouté le navigateur, pas mécontent, on l’a compris, de retrouver des conditions plus maniables depuis quelques heures. « C’est sûr que ça fait un peu de bien. Ça permet de tout remettre en ordre », a assuré Yoann, désormais revenu dans le trio de tête au côté de Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo) et de Xavier Macaire (Groupe SNEF) après une formidable remontée à la suite de la pénalité de quatre heures dont il a écopé dans les premiers milles pour départ prématuré. « C’est certain que je ne n’aurais pas parié revenir si vite aux avant-postes après m’être arrêté à Fréhel ! », s’est réjouit le marin, pas du genre à prendre les choses pour acquises cependant, surtout dans le contexte météorologique actuel. De fait, de très nombreuses incertitudes demeurent quant à la suite des évènements, et notamment pour ce qui concerne l’évolution de l’anticyclone des Açores. Pour l’heure, en tous les cas, Yoann Richomme comme la grande majorité de la flotte, fait route vers le sud. « On en a tous marre de ses histoires de dépressions. On croit en une « infiltration » au sud de ce fameux anticyclone d’ici quelques jours ».

Des passages de grains dont il faut se méfier

Si, pour lui et les autres concurrents de la Class40, il faudra patienter encore trois ou quatre jours avant de réussir à se glisser sous cette vaste zone de hautes pressions atmosphériques, il devrait en falloir moitié moins pour les IMOCA et les Ocean Fifty. En attendant, tous n’ont pas d’autres choix que de prendre leur mal en patience et de composer avec ce qui se présente. Dans l’immédiat, en l’occurrence, c’est dans un régime de traine d’ouest instable (entre 15 et 20 nœuds en moyenne), au reaching pour les uns ou au près débridé pour les autres, que cela se joue, et la tâche n’est pas aussi simple qu’il n’y parait. « Le bord actuel en direction des Açores est assez pénible, avec une mer croisée et quelques grains qui ne pardonnent rien. Il faut rester vigilant », a indiqué de son côté Quentin Vlamynck, le skipper d’Arkema qui caracole de nouveau en tête chez les Ocean Fifty après le chavirage de Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton – ARSEP) survenu aux alentours de 20 heures, hier soir. « Cet accident a été pour nous tous une grosse piqûre de rappel pour calmer le jeu. Je continue, pour ma part, de naviguer de façon prudente », a commenté le marin, peu après avoir essuyé une survente à 35 nœuds, ce matin. « Il faut faire gaffe et cela ne laisse pas de temps pour aller dormir, surtout qu’il faut réfléchir à la suite. Je dois faire un point avec mes routeurs d’ici peu. En attendant que les choses s’éclaircissent davantage, je poursuis ma course un peu à l’aveugle et je me concentre pour aller le plus vite possible », a expliqué Quentin dont l’avance, sur le poursuivant le plus proche, Sébastien Rogues (Primonial) se porte à une trentaine de milles au dernier pointage.

« Pas encore le rêve »

Trente milles c’est pratiquement l’écart qu’est parvenu à recréer Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) ces dernières douze heures sur François Gabart (SVR Lazartigue) qui s’était un temps installé aux commandes, hier. « François est revenu sur moi dans le petit temps, peu avant les Açores. Il allait tout droit, alors que moi, je n’y arrivais pas ! J’ai viré 4-5 fois, ce qui m’a demandé une énergie considérable. J’ai pris une option un peu plus musclée que la sienne dans l’archipel mais, pour finir, c’est revenu presque à la même chose », a raconté le leader de la classe Ultim 32/23 ce matin aux environs de 5 heures, tout en déboulant à plus de 30 nœuds. Reste que si ses vitesses moyennes, comme celles de ses adversaires ayant aussi désormais débordé l’archipel portugais, ont nettement augmenté, les alizés continuent de se faire attendre. « C’est encore un peu la guerre en termes de conditions. C’est loin d’être le rêve. On attend avec impatience de pouvoir enlever les cirés et de profiter de vents stables. Là, ça oscille en permanence entre 20 et 30 nœuds, c’est loin d’être reposant », a concédé Caudrelier qui pourrait attraper les fameux alizés d’ici à demain et alors débouler plein gaz et dans des conditions vraiment plaisantes en direction de l’arc Antillais !

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Photo Vincent Olivaud - RDR 2022
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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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