Dénouement Étape 1 : Benoît Tuduri, premier sur la ligne d'arrivée à Kinsale

Solitaire du Figaro
Par Figaronautisme.com

Deux bizuths, Benoît Tuduri et Julie Simon, sur le podium des arrivées de la première étape Caen > Kinsale. L'irlandais Tom Dolan, "local de l'étape", 2e sur la ligne. Une première étape qui se termine avec de faibles écarts en temps

BENOÎT TUDURI ( CAPSO - En Cavale) ©Alexis Courcoux
Deux bizuths, Benoît Tuduri et Julie Simon, sur le podium des arrivées de la première étape Caen > Kinsale. L'irlandais Tom Dolan, "local de l'étape", 2e sur la ligne. Une première étape qui se termine avec de faibles écarts en temps

Le suspens a duré jusqu’au bout sur la première étape de La Solitaire du Figaro Paprec (Caen – Kinsale). Installé aux commandes de la flotte depuis la mi-journée hier, Benoît Tuduri (CAPSO – En Cavale) s’est présenté le premier sur la ligne d’arrivée en Irlande à 08:02:25 heure française. Le marin a mis 3 jours 19 heures 00 min et 25 secondes pour boucler le parcours théorique de 610 milles de la première étape. En pratique, il a parcouru 648,63 milles à la vitesse moyenne de 7,13 nœuds. Tom Dolan (Smurfit Kappa - Kingspan) et Julie Simon (DOUZE) complètement le podium (avant jury), avec respectivement 16 minutes et 21 secondes et 21 minutes et 44 secondes de retard sur Benoît Tuduri.

Après quatre jours et trois nuits de mer, inscrits sous le signe de la concentration, du stress, de la fatigue, de l’effort et de la combativité, Benoît Tuduri s’est adjugé (avant jury) le Trophée Beneteau des Bizuths. Une superbe performance pour le Vendéen d’adoption de 29 ans, qui participe pour la première fois à la course reine du Championnat de France Elite de Course au Large. Et un réel bonheur ! « Je ne réalise pas encore. J’étais très concentré jusqu’à la ligne d’arrivée. C’est ma 4e course en solitaire et ma première étape de Solitaire du Figaro Paprec de toute ma vie. C’est quelque chose, c’est assez extra ! Je dédie cette victoire au projet que j’ai avec les enfants qui sont venus me voir au départ à Caen, au départ de la course, et à tous mes partenaires qui me font confiance. Ça me fait plaisir qu’ils aient suivi ça, » a-t-il commenté à son arrivée au ponton à Castlepark Marina (Kinsale).

Ce nouveau venu, qui signe une éclatante performance en terminant devant les grands spécialistes du circuit, raconte : « Je mets longtemps à me lancer. Je suis un diesel (rires). Les débuts de course, ce n’est jamais trop ça. Mais après, j’étais dans le bon paquet. J’ai fait quelques options, bonnes ou moins bonnes. J’ai tenté des choses. Après, j’ai longtemps hésité pour l’option nord Scilly. Je me suis dit que ça pouvait être une très bonne option sur le papier, donc je l’ai tentée ». Bien lui en a pris car si ce jeune skipper qui crée la surprise était resté dans le groupe avec les autres, il aurait probablement eu du mal à passer devant. « L’option était intéressante, même si je n’étais pas du tout sûr que ça allait payer. Mais j’aime bien les risques. J’ai pris deux options dans la course : une première qui aurait pu être payante aussi mais finalement, il y eu un peu plus de vent et finalement c’est revenu derrière. Je n’ai pas perdu de place mais je n’en ai pas gagné. Et une deuxième qui s’avère très bonne ».

En tête depuis la mi-journée mercredi, Benoît Tuduri a indiqué avoir plus ressenti la pression hier dans la pétole que la nuit dernière. « J’étais isolé. On avait eu un bulletin météo à l’Iridium qui disait “hautes pressions”. Je me suis dit que le vent allait revenir par l’ouest donc je suis parti à l’ouest. Tom est parti de l’autre côté. Toute la journée, je me suis dit que tout le monde avait dû passer. Je voyais que Tom avait fait de la route directe pendant un temps. Je n’ai appris que j’étais toujours en tête qu’à 17h00, quand j’ai appelé la Direction de Course. J’ai repris espoir et j’ai continué à fond. Quand le vent est revenu, je savais que j’étais sûrement le premier à en retoucher et que j’avais un petit peu d’avance ».

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TOM DOLAN (Smurfit Kappa - Kingspan) © Alexis Courcoux

Deuxième à se présenter sur la ligne d’arrivée à 08:18:46 heure française, l’Irlandais Tom Dolan (Smurfit Kappa - Kingspan), remporte quant à lui (avant jury) le Trophée Vivi (premier étranger) pour sa 6e participation, après 19 heures 16 minutes et 46 secondes de mer. Le local de l’étape aura parcouru en réalité 642,23 milles à la vitesse moyenne de 7,04 nœuds. Ce dernier a été bien inspiré hier quand il a opté pour une route nord, au plus près de la route directe, pour rallier le célèbre phare du Fastnet. « Je suis fatigué. On a pris trois systèmes aléatoires les uns après les autres. Le vent était hyper oscillant. Même les siestes que l’on a pu faire étaient courtes. Les conditions étaient hyper dures. On a fait un départ groupé. On a passé 48 heures les uns à côté des autres à regarder ce qu’il se passait. On a fait des bords d’enfer de 100 milles sur lesquels il a fallu changer les voiles 50.000 fois de nuit sous la pluie. Et ensuite, il y a eu une grosse explosion de la flotte de nuit. Je ne savais pas où étaient les autres. Pendant le dernier sprint après le Fastnet, j’avoue que j’ai eu un petit avantage local parce que j’ai eu la météo irlandaise qui annonçait de la droite. J’ai dû l’écouter deux fois pour comprendre ce que le mec disait tellement son accent était fort. Je suis super content, en plus de gagner à la maison », a déclaré le skipper de 36 ans à son arrivée.

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JULIE SIMON (DOUZE) © Alexis Courcoux

Troisième sur la ligne d’arrivée après 3 jours 19 heures 22 minutes et 9 secondes de mer, Julie Simon (DOUZE) monte provisoirement sur la 3e marche du podium de la première étape de la course, le jury ayant l’intention de réclamer pour une infraction à la règle de remplissage du réservoir carburant. Pour la navigatrice de 32 ans, qui participe pour la première fois à La Solitaire du Figaro Paprec, ce scénario reste inespéré. « C’est assez exceptionnel ! Mon objectif était au moins de faire une belle étape dans la première moitié de tableau. Mais de là à faire un podium… Et effectivement, il ne fallait rien lâcher. Tout le monde est arrivé dans un mouchoir de poche. Heureusement que j’avais un peu d’avance en tournant le Fastnet.  Cette option (nord) était assez folle. Je suis partie toute seule. Je ne me suis rendu compte que 24 heures après que ça avait payé. C’était incroyable. Je savais que j’étais dans le Top 3, mais des fois, ça veut tout et rien dire » a-t-elle lancé à son arrivée. « Je savais avant les Scilly que je voulais faire un contre-bord un peu nord. Le groupe a continué tout droit. Je ne comprenais pas. Je me suis dit qu’il fallait que je me fasse confiance et que j’y aille, que je n’avais rien à perdre. Mon point fort n’est pas la vitesse, donc il fallait oser. » Malgré sa belle performance, Julie Simon, qui a engrangé de la confiance, estime qu’elle devra « être plus à l’attaque » et continuer à faire de son mieux.

Derrière les premiers, une flotte très groupée à l'arrivée.

Les arrivées se sont ensuite enchaînées toute la matinée à Castlepark Marina. Beaucoup de favoris terminent loin de la place que la qualité de leur course pouvait laisser espérer. À commencer par Guillaume Pirouelle (Région Normandie), qui a longtemps occupé la tête de flotte, et termine 12e (avant jury) de l’étape. « La course s’est très bien passée au début et puis ça a commencé à merder aux Scilly. Je n’avais même pas vu qu’il y en avait derrière qui n’avaient pas pris du tout le même chemin que nous. Pour moi, il n’y avait pas trop de questions à se poser niveau stratégie. Si je devais le refaire, je referais pareil parce qu’au niveau de la météo, c’est ce que l’on était censé faire. Après, je ne sais pas où sont passés les autres. Je ne sais pas s’ils ont eu plus du vent ou pas. On est restés tout l’après-midi dans la pétole. Les autres ont fait moins de route tout simplement. C’est clair que c’est une déception. Après, heureusement, il n’y a pas beaucoup d’écarts en temps, donc rien n’est fait. Il y a largement de quoi inverser le classement d’ici la fin. Ça aurait pu être bien pire aussi. Ça aurait pu être catastrophique, mais on s’est bien refait cette nuit. C’est un peu dur de s’engager comme ça pendant quatre jours pour finalement pas grand-chose à la fin, mais c’est le jeu » a résumé le skipper normand. Avec encore deux étapes à disputer, les jeux sont loin d’être faits, avant l’arrivée de la 54e édition de La Solitaire du Figaro Paprec, dont le dénouement se jouera à Piriac-sur-Mer. Mais d’ici là, il reste deux étapes à courir, et les 32 skippers vont tout d’abord profiter de l’accueil de Kinsale, ville-étape pour la 21e fois, un record !

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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