Transat Jacques Vabre 2023 : À l'assaut du Pot

Banque Populaire XI a toujours la main mise sur la course des ULTIM à l’entrée du Pot au noir. La zone de convergence des alizés des deux hémisphères dont le grand trimaran n’est plus qu’à 60 milles environ, ne s’annonce pas très active pour cette journée de samedi. Le leader sera le premier à ralentir mais pourrait bien creuser encore son avance à l’entrée dans l’alizé de Sud-Est. Un enchaînement qui pourrait s’avérer plus compliqué pour les retardataires de la flotte…
Quelle trace ! Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse ne se sont vraiment pas loupé dans cette grande glissade vers le Pot au Noir. Bien décalés dans l’ouest, ils n’ont cessé de creuser pendant 48 heures, impressionnants à la fois par leur vitesse et leur capacité à bien descendre dans le vent pour se présenter dans la meilleure position possible à l’entrée de la Zone de Convergence Intertropicale (ZICT). « Leur positionnement les a sans doute favorisé mais ils ont été impressionnants reconnaissait François Gabart ce matin à la vacation. A nous maintenant de les impressionner ! » confiait le skipper de SVR Lazartigue, troisième à 160 milles du leader et d’un enthousiasme toujours égal.
Sans avoir à procéder aux coûteux recalages de leurs poursuivants qui ont multiplié les empannages pour éviter les dévents du Cap Vert et se positionner au mieux en approche de la zone de convergence, voici donc Banque Populaire XI avec plus de 100 milles d’avance à l’entée du Pot au noir qu’il vont aborder réellement en fin de matinée. « C’est exactement la situation inverse de 2021 où l’on avait une belle avance sur Banque Populaire qui avait complètement fondu dans le Pot, avant qu’on arrive à ressortir devant une dernière ligne de grains et se barrer à nouveau… » se souvient Charles Caudrelier sur Maxi Edmond de Rothschild.
Sauf que rien ne ressemble moins à un Pot au noir qu’un autre Pot au Noir ! Calé entre 5° et 8° de latitude nord il semble assez peu actif aujourd’hui. Il y a de bonnes chances que les premiers passent assez facilement. Ça pourrait être plus compliqué pour les retardataires.
HEURES CHAUDES
Les douze heures qui viennent vont donc être capitales pour l’ensemble de la flotte qui va se présenter à la queue-leu-leu dans le tunnel, les trois premiers de jour, les deux derniers la nuit prochaine . « On a bien pu se reposer cette nuit. La mer était plus maniable et avec Armel, on aborde ça comme depuis le début, en mode performance, les deux sur le pont à exploiter tout ce qui est possible. On sait que ça ne dure normalement pas 30 heures et ça vaut le coup de s’arracher » confiait Sébastien Josse sur Banque Populaire XI ce matin.
Si les ULTIM ont plus de marge et plus d’outils (foils, plan porteur de dérive,…) que les petits multicoques comme les Ocean Fifty ou les ORMA d’antan, pour s’adapter aux accélérations subites du vent sous un grain, la manipulation des très grandes voiles d’avant et les manoeuvres sont aussi plus lentes et pénibles. « C’est pour ça qu’on rentre en mode surveillance. On suit les grains au radar et la cellule routage analyse de son côté les images satellites » explique Charles Caudrelier dont le premier franchissement du Pot au Noir date de la Transat Jacques Vabre, celle qu’il empochait en 2005 avec Marc Guillemot sur le monocoque Safran. François Gabart qui les a aussi collectionné depuis son Vendée Globe en 2012 sait aussi « qu’à quelques milles près, ça peut partir dans tous les sens ! ».
Bref, les échanges vont s’intensifier tout au long de la journée entre la mer et la terre, chacun étant bien conscient de l’enjeu alors que les ULTIM ne sont pas encore à mi-course. A la sortie de cette zone aléatoire, le passage de la marque Sao Pedro dont Banque Populaire n’est plus distant que de 500 milles sera l’occasion de mesurer les véritables écarts au sein de la flotte des cinq ULTIM avant d’aborder la seconde partie de cette route du Café.