Bonne année sous les voiles : cap sur 2025 et l’arrivée du Vendée Globe !

Par Figaronautisme.com

Bonne année, meilleurs vœux, la santé… et l’arrivée ! Voilà tout ce qu’on peut souhaiter à nos marins du Vendée Globe qui ont empanné en 2025, même si pour certains avec l’antiméridien, le passage se fera en deux temps façons Retour vers le Futur. Nom de Zeus, pas besoin de pyrotechnique quand la nature fournit le grand spectacle, et les souvenirs pour toute une vie, même sans boule de gui !

Soyons tout à fait honnêtes : la nuit ne fut pas vraiment différente des cinquante-et-une précédentes. La preuve, certains de nos marins ont appris par nos questions nocturnes qu’il était temps de mettre le cap vers une nouvelle année ! Il faut dire que dans leur quotidien salin, avec l’immensité mouvante pour seul horizon, branchés à l’adrénaline de course en perfusion, il est difficile de tenir le décompte des journées (comment ça, pas possible de graver des petits traits dans la cloison en carbone ?)

Mais tout de même, gageons qu’à l’échelle de leur vie, celle-ci ne sera pas de celles qu’on oublie. « On avait fait quoi en 2024 chéri, on était chez les Dupont ou à la maison ? » Ah non, on s’échappait en tête du Vendée Globe, on galérait au large de l’Argentine, on passait le Cap Horn à la vitesse d’un paresseux en pleine digestion, on bourrinait dans un dernier front pas si Pacifique, on bricolait, on empannait, on pestait, on se réjouissait, on pleurait, on riait, on s’époustouflait, on se bagarrait... On se souviendrait.

Charlie varie
Les premières heures d’une nouvelle année donnent-elles un avant-goût de ce tout ce qu’elle nous réserve ? Dans ce cas, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) ne peut qu’avoir l’eau à la bouche, car ce qu’il avait tant espéré s’est produit. Enfin, le retour d’un vent bien établi, dont il a bénéficié en premier pendant que son dauphin Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA, 2e) continuait de zigzaguer façon relevés sismiques. De quoi dérober quelques précieux milles, alors qu’au petit matin, les deux furieux étaient enfin repartis à pleine vitesse vers la maison... on patientera jusqu’au ponton pour le champagne et les cotillons !

La délivrance semble encore loin du groupe suivant, qui avance péniblement le long de cette immense Argentine, au près. Le menu de la nuit avait de quoi retourner l’estomac, comme nous l’expliquait Jérémie Beyou (Charal, 7e) :

"Les conditions sont difficiles, là j’ai 28 noeuds de vent au près, et la mer est très courte. Ca secoue beaucoup, on cherche notre chemin entre cette dépression orageuse qui arrive dans notre Ouest et cet anticyclone qui est dans notre Est. Entre les deux il y a un flux de Nord, entre 25 et 30 noeuds, par contre dans les minimums orageux comme ça, c’est un peu n’importe quoi, il y a des gros orages que j’essaie d’éviter !"

Effectivement, pas besoin de feux d’artifice, surtout que le marin finistérien a déjà eu sa dose il y a quelques jours, avec un départ d'incendie dans son bateau... « Depuis je suis hyper vigilant à la moindre connexion électrique », nous disait-il, déplorant « pas mal de casses qui se succèdent ». Il y a de quoi être plus refroidi qu’un vacherin glacé, effectivement ! Mais pas le temps de digérer, puisque les concurrents sont là, juste à côté.

« C’est un réveillon de sanglier à bord »
A l’inverse, elles sont pour le coup un peu trop clémentes à l’approche du Cap Horn pour Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 11e), Benjamin Dutreux (Guyot Environnement - Water Family, 12e) et Samantha Davies (Initiatives-Coeur, 13e), qui auront le temps de méditer sur leur trajectoire. Le cap des damnés se fait pour eux doux comme un agneau... et ça a presque tendance à nous inquiéter encore plus, pas vous ?

Derrière, c’est en revanche bien plus habituel dans la contrée : une belle dépression, et de la houle à foison ! Dans la nuit, le skipper Damien Seguin (Groupe Apicil, 15e) nous envoyait ses bons voeux en coup de vent :
"Hello les terriens, les conditions que j’ai actuellement pour cette Saint-Sylvestre sont assez dantesques ! J’ai 35 noeuds de vent, et des vagues par le travers, j’ai beau réduire tout ce que je veux la toile, le bateau ne veut pas décélérer, donc ça tape vraiment énormément ! C’est un réveillon de sanglier à bord, à tel point que je ne vais même pas pouvoir chauffer à manger, je vais manger froid pendant quelques repas là..."

Maintenant qu’on est rendus là - qui lit les articles en entier, franchement ? - on peut se l’avouer. Ce qui nous fait le plus sourire dans le Vendée Globe, c’est la violence des contrastes. Là par exemple, entre la voix chahutée de Damien Seguin et celle de Jean Le Cam, il n’y a sur la cartographie que 300 milles de différence au but, mais visiblement tout un monde, puisque le skipper de Tout Commence en Finistre - Armor-Lux, 16e, nous décrit lui :

"Là c’est le rêve ! Autant ce matin j’étais dans la pétole, là ça s’est levé un peu, la mer est presque plate, en tous cas ça ne tape pas, là je suis sous gennak et grand-voile haute, j’ai matossé parce que quand même je me suis dit que j’allais pas passer la nouvelle année avec du matos sous le vent, ça se fait pas ! Là je viens de finir, j’ai mis l’hydro, et tout va bien ! C’est confortable, maintenant je fais ma route, je l’ai toujours fait tu me diras, mais là je ne regarde même pas où ils sont derrière !"

« huitième empannage en 24 heures ?! »
Il aimerait en dire autant Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e), mais soyons honnête, il n’en a même pas le temps ! C’est bien simple, il est tellement suivi qu’il n’a pas besoin de consulter un psy...

"Depuis que le petit groupe de chasseurs m’a rattrapé ça a clairement changé d’ambiance à bord ! Sans la ZEA on aurait pu faire un grand tout droit jusqu’au Cap Horn, mais au lieu de ça j’en suis à mon quoi... huitième empannage en 24 heures ?! Je suis en permanence en train de matosser, en train d’empanner, en train de recalculer la route... S’ils n’avaient pas été là, j’aurais peut-être fait quatre empannages ? Et à la place je vais en faire 10... donc ça fait monter l’intensité !"

Et avec tout ça, voilà qu’il avait effectivement raté le fait qu’on entrait dans une nouvelle année... Même pas le temps non plus de « ressentir la solitude » après plus de cinquante jours en mer, « de ce point de vue-là, j’aurais aimé ressentir un peu plus de solitude, partir en mode introspection pour ouvrir de nouvelles portes », nous racontait le marin, qui s’emploie donc actuellement plutôt à fermer celle des autres, même s’il semblerait qu’ils y aient glissé une botte...

Cela ne l’empêche pas de tout de même de prendre quelques minutes pour songer à ses résolutions, puisque, paraît-il, c’est de saison :

"Finir le Vendée Globe, c’est une bonne résolution ! L’abandon de Yannick a montré que ce n’était jamais fini, et ça m’a pas mal affecté pour lui, c’est vraiment un marin que j’admire et il faisait une très belle course."

Effectivement, peu importe le dernier chiffre qui figure sur le calendrier, leur implacable réalité n’a guère changé, et l’épée de Damoclès n’en est pas moins légère au-dessus de leur tête de mât. Comme 2024 a basculé en 2025 en une fraction de seconde, ils le savent tous, leur rêve peut aussi vite se transformer en cauchemar. Mais bon, on ne voulait pas casser l’ambiance non plus... allez, bonne année !



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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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