Phare de Gatteville : là-haut en Cotentin...
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En mer, son éclat blanc toutes les 10 secondes guide les navires à 29 miles à la ronde. Depuis la terre son faisceau anime les nuits du joli port de Barfleur à quelques encablures dans son Sud, et on peut même le voir balayer le ciel depuis St Vaast La Hougue, une douzaine de kilomètres plus bas sur la côte. Il faut dire qu’il est imposant avec ses 75 mètres de haut qui font de lui le deuxième plus haut phare de France derrière celui de l’île Vierge (82.5m).
En fait, ils sont deux à veiller sur ce bout de terre venté, tendu au milieu de la Manche comme le bras au cœur de la soufflerie. Il y a d’abord l’ancien, celui construit en 1774 pour stopper l’épidémie de naufrages. Le feu de bois en son sommet qui culmine à 25 mètres de haut ne tiendra pas longtemps face au progrès technologique. Tout juste 50 ans plus tard, en 1825, il est décidé de construire un phare plus haut, plus moderne. L’ancien restera à sa botte, et reste encore aujourd’hui sémaphore. La première pierre du nouvel édifice, est posée le 14 juin 1829. Avec les bâtiments qui l’entourent et accueillent magasins et logements, le phare de Gatteville repose sur une jolie masse de granite caractéristique de la pointe du Cotentin. Il n’a donc pas fallu aller bien loin pour chercher les 11 000 blocs soigneusement taillés pour constituer le phare. Il a fallu des trésors d’ingéniosité au polytechnicien Charles-Félix Morice de la Rue, ingénieur des Ponts et Chaussées en charge du projet, pour que soient positionnées avec précision jusqu’à 75 mètres de haut ces 7 400 tonnes de pierres.
L’escalier hélicoïdal est une œuvre d’art à lui tout seul. Mais l’architecte n’a pas eu peur d’user de moults symboles dans son dessin. 365 marches permettent d’accéder à son sommet, une par jour de l’année. Autres références calendaires usitées par Monsieur de la Rue, 52 fenêtres éclairent son intérieur, et 12 paliers intermédiaires permettent de se reposer lors de l’ascension. Cinq années furent nécessaires pour en achever la construction et allumer enfin la lumière, dont la lentille originale était due à l’invention d’Augustin Fresnel, un Normand lui aussi, même si natif de l’Eure. Après avoir été électrifié en 1893 et automatisé, comme tous les phares français, en1984, le phare de Gatteville est aujourd’hui un monument historique. Contre la modique somme de trois euros par adulte, on peut le visiter, sauf les jours de grand vent. Les marches en granite autour du cylindre central sont numérotées toutes les cinquantaines et rythment la vitesse ou la lenteur de votre progression. L’arrivée au sommet est récompensée par une première passerelle circulaire en pierre. Une volée de marches métalliques mène à la hauteur de l’optique : sujets au vertige, s’abstenir. Mais dans tous les cas, la vue à 360 degrés sur la Manche et le Val de Saire depuis ces deux promontoires sont à couper le souffle.
Depuis la mer ou depuis la terre, de nuit par la puissance de son optique ou de jour par son impressionnante architecture, le phare de Gatteville est un amer remarquable, dans tous les sens du terme. Parmi la dizaine de phares qui balisent le département de la Manche, c’est l’un des plus connus. Son implantation terrestre facilite il est vrai son approche, et même sa visite. Il se dit que par temps extrêmement clair, depuis son sommet on distingue l’île de Wight. De quoi entretenir la légende de cet édifice qui fêtera bientôt ses 200 ans.
Position : 49° 41' 80" N et 1° 15' 00" W
Année de construction : 1829-1835
Hauteur : 75 m
Feu : blanc à éclats / 10 secondes
Visibilité : 29 milles
Visites : tous les jours du 1er février au 15 novembre ainsi qu’aux vacances de Noël. Horaires : de 10h à 12h et de 14h à 16h, 17h ou 18h selon la saison.
Tarifs : 3 euros (adultes) 1 euro (5 à 12 ans inclus)
Renseignements par téléphone : 02.33.23.17.97
Site web : www.phare-de-gatteville.fr