Remonter l'Amazone de Belém à Manáos

Belém, la porte d’entrée
Capitale de l’État du Pará, Belém s’étend sur les rives de la baie de Guajará, à la confluence des fleuves Tocantins et Pará. Séparée du delta de l’Amazone par la vaste île de Marajó, la ville est un point de départ idéal pour une immersion dans l’univers amazonien. Aujourd’hui, elle compte un peu plus de 1,5 million d’habitants, et demeure la seconde ville du nord du Brésil, juste derrière Manaus.
Son climat équatorial reste inchangé : chaud et humide toute l’année, avec des températures oscillant autour des 30°C. La saison des pluies s'étend toujours de janvier à mai, avec des pics de précipitations parfois impressionnants (jusqu’à 400 mm par mois), tandis que la période de juin à décembre reste plus clémente.
La ville mérite bien plus qu’une escale. Avec ses grandes avenues ombragées de manguiers (plus de 100 000 arbres recensés !), Belém mérite son surnom de "cité des manguiers". Ne manquez pas le légendaire marché Ver-o-Peso, l’un des plus anciens et plus grands marchés à ciel ouvert d’Amérique latine. Réhabilité ces dernières années, il mêle effluves de poissons frais, d’épices locales, de fruits tropicaux et de remèdes traditionnels.
La scène culinaire s’est d’ailleurs beaucoup développée, et Belém a été nommée ville créative de la gastronomie par l’UNESCO en 2015. Des restaurants comme Remanso do Bosque ou Casa do Saulo revisitent les saveurs de la forêt avec finesse : maniçoba, pato no tucupi ou encore moqueca de filhote.
À une dizaine de kilomètres, le Bioparque Amazônia (anciennement Mangal das Garças) vous offre un condensé de biodiversité : toucans, caïmans, iguanes et nénuphars géants y sont à portée de regard. Et pour les amoureux de la nature, une sortie matinale sur l’"île aux perroquets" reste un spectacle inoubliable : au lever du jour, des milliers d’aras, perruches et toucans inondent le ciel de couleurs et de cris.
Escapade vers les îles : Marajó ou Mosqueiro ?
Belém, c’est aussi un archipel de plus de 3 000 îles, dont certaines sont devenues de véritables lieux de villégiature. Mosqueiro, surnommée l’île de l’amour, reste facilement accessible en bus ou voiture. Ses plages d’eau douce (oui, douce !) bordées de cabanes en bois sont prisées des familles belenenses.
Plus sauvage, Marajó vous transporte dans un autre monde. Grande comme la Suisse, c’est la plus vaste île entourée d’eau douce au monde. On y va en ferry (comptez 3 heures) et on y découvre un mode de vie rythmé par les buffles, omniprésents : dans les rues, dans les marécages, ou même sous la selle de la police locale ! La ville de Soure, petit centre culturel, accueille désormais des lodges éco-responsables, et les plages de Joanes ou Barra Velha offrent de magnifiques couchers de soleil. Ne soyez pas surpris de croiser des ibis rouges (les fameux guaras), emblèmes de l’île, ou un paresseux traversant la route à son rythme...
La remontée de l’Amazone
L’aventure commence vraiment lorsque l’on embarque sur un bateau régional, ces embarcations en bois multicolore qui relient les villages le long du fleuve. On y voyage toujours en hamac, suspendu sur plusieurs niveaux, ou dans une des rares cabines climatisées.
Aujourd’hui, certaines compagnies comme Ariaú Transportes Fluviais ou Amazon Star proposent des traversées plus organisées, avec des escales, des repas simples à bord (à base de riz, haricots et poisson frais), et même parfois le Wi-Fi (mais ne comptez pas trop dessus...).
Le trajet de Belém à Manaus prend entre 5 et 7 jours, selon le nombre d’arrêts. Mais ici, le temps s’écoule autrement. On se réveille avec le chant des oiseaux, on lit, on observe les berges défiler, on discute avec des passagers qui viennent du fin fond de l’Amazonie. À chaque escale, un monde en miniature vous attend : enfants qui jouent dans l’eau, vendeurs ambulants qui vous proposent de l’açaï glacé ou du tapioca au lait de coco, pêcheurs qui embarquent un filet ou deux.
Manaus, capitale amazonienne
L’arrivée à Manaus impressionne : nichée au coeur de la forêt, cette métropole de près de 2,3 millions d’habitants tranche avec le décor naturel. C’est la capitale de l’État d’Amazonas, toujours marquée par son âge d’or : celui du boom du caoutchouc à la fin du XIXe siècle.
Le Teatro Amazonas, magnifiquement restauré, reste le joyau de cette époque. Ne manquez pas sa coupole aux tuiles vernissées aux couleurs du drapeau brésilien et son intérieur fastueux. Le marché municipal Adolpho Lisboa, inspiré des Halles de Paris, a également retrouvé de sa superbe.
Aujourd’hui, Manaus est aussi un pôle industriel, avec une zone franche qui attire entreprises et emplois, bien qu'elle soit de plus en plus critiquée pour son impact écologique. Le centre-ville, lui, mêle modernité et ambiance coloniale, tandis que les quartiers périphériques s’étendent aux portes de la jungle.
À voir absolument : la Rencontre des Eaux. Ce phénomène unique se produit à la confluence du Rio Negro (eaux sombres) et du Solimões (eaux beiges). Les deux fleuves s’écoulent côte à côte sur près de 6 kilomètres sans se mélanger, un spectacle saisissant que l’on peut admirer en bateau.
Un voyage qui reste en vous
Remonter l’Amazone, c’est accepter de ralentir, de vivre au rythme du fleuve, d’échanger quelques mots en portugais avec les passagers, de goûter un poisson grillé sur une rive inconnue. Ce n’est pas une croisière classique, c’est une immersion, un bain d’humanité, et un voyage intérieur, presque initiatique.
Si vous cherchez l’authenticité, les rencontres sincères, et le frisson d’un monde qui change sans renier ses racines, alors l’Amazonie vous tend les bras, et vous attend, doucement, au fil de l’eau.
Et avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.