François Gabart ou Armel Le Cléac'h, quel que soit le vainqueur du Vendée Globe, ce week-end aux Sables-d'Olonne, celui qui l'emportera aura été plus rapide que Commodore Explorer, multicoque mené en équipage, premier voilier à "faire le tour" en moins de 80 jours, il y a 20 ans.
Les dernières estimations des organisateurs font arriver Gabart à 3h dimanche, soit 77 jours et quelques heures après le départ des Sables le 10 novembre.
La barrière symbolique des 80 jours est tombée en 1993. Et c'est un catamaran de 26 m, Commodore Explorer, mené par Bruno Peyron, qui y est parvenu, en 79 j 06 h et 15 min.
Dans le Vendée Globe, le temps à battre, est celui de Michel Desjoyeaux en 2009: 84 j 03 h 09 min. En quatre ans, le vainqueur devrait donc l'améliorer de près d'une semaine!
Le Français Titouan Lamazou, premier vainqueur de la course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, avait bouclé sa circumnavigation en 109 j 08 h et 47 min en 1990. Un exploit par rapport aux 312 jours du Britannique Robin Knox-Johnston, premier navigateur à terminer un tour du monde sans s'arrêter, entre le 14 juin 1968 et le 22 avril 1969.
Des progrès partout
Et tout porte à croire que ce n'est pas fini. "On peut bien sûr encore progresser", affirme ainsi Vincent Lauriot-Prévost, du cabinet d'architectes VPLP, co-designer avec Guillaume Verdier des voiliers de Gabart (Macif) et Le Cléac'h (Banque Populaire).
Selon lui, des progrès peuvent être réalisés dans tous les domaines: carènes, gréements, appendices, voiles... A condition toutefois que la jauge ne soit pas figée et l'imagination bridée par la monotypie, souligne-t-il.
Christian Le Pape, qui dirige le Pôle Finistère course au large de Port la Forêt, ce centre d'entraînement unique au monde d'où sont sortis les Franck Cammas (vainqueur des dernières Route du Rhum et Volvo Ocean Race), Gabart et Le Cléac'h, retient les progrès réalisés avec les voiles et les pilotes automatiques. La grand-voile de Macif serait, selon lui, deux fois plus légère que celle de Michel Desjoyeaux en 2000.
Mais, souligne-t-il, les performances de Gabart et de Le Cléac'h tiennent aussi au fait qu'ils se sont plus entraînés et mieux préparés que la plupart de leurs adversaires: "certains skippers n'avaient pas travaillé la confrontation avant la course et avaient donc moins la capacité à se mettre dans le rouge".
Les deux leaders du Vendée Globe avaient effectué dix stages avant le départ et accumulé quelque 12.500 milles en course (B to B, Transat Jacques Vabre, Europa Warm'Up), rappelle Christian Le Pape dans un entretien.