Traditour 2025 : la Guadeloupe hisse haut ses voiles traditionnelles

La voile traditionnelle ne se contemple pas qu’au passé en Guadeloupe. Chaque été, le Traditour en est la preuve éclatante. Pendant dix jours, une quarantaine de canots à voile, ces embarcations emblématiques des Saintes, sillonnent l’archipel au rythme d’une course aussi exigeante que festive. L’édition 2025 s’annonce exceptionnelle, avec un départ inédit donné depuis l’île de la Dominique le 3 juillet, et une arrivée finale prévue à Capesterre-Belle-Eau le 13 juillet, après treize étapes autour de la Guadeloupe.
Une course, un symbole
Nés au XVIIe siècle sous l’influence des charpentiers bretons installés à Terre-de-Haut, les canots saintois étaient à l’origine des barques de pêche robustes et agiles. Conçus pour affronter les conditions de mer parfois rudes entre les îles, ces voiliers à la silhouette reconnaissable sont aujourd’hui les porte-étendards d’un patrimoine vivant. Depuis les années 2000, leur renaissance sportive a conquis la population locale et passionne de plus en plus de visiteurs.
Le Traditour n’est pas une simple régate. C’est un moment fort d’expression culturelle, où chaque embarcation - souvent portée par un village ou une famille - affiche ses couleurs, son nom, sa fierté. Les voiles bigarrées rivalisent d’audace, les équipages s’affrontent à armes égales sur des parcours côtiers intenses, entre technique pure et intuition du vent. Et à chaque escale, l’accueil est à la hauteur de l’attachement populaire : fanfares, stands de cuisine créole, animations pour les enfants et concerts prolongent la fête à terre.
Deux chantiers pour perpétuer le savoir-faire
Aujourd’hui, seuls deux chantiers perpétuent la construction de ces voiliers : le chantier Forbin, à Pointe-à-Pitre, et celui d’Alain Foy à Terre-de-Haut. Leur rôle est capital : sans eux, la flotte ne pourrait se renouveler, ni être réparée. « Chaque canot est unique, entièrement fait main, en bois local ou importé, selon des techniques transmises oralement », rappelle un des charpentiers. Cette rareté confère une valeur patrimoniale forte à chaque unité.
Plus qu’un événement sportif, le Traditour est donc un formidable vecteur de transmission. De nombreux jeunes intègrent les équipages comme barreurs, équipiers ou réparateurs. C’est là que se joue aussi l’avenir de cette discipline, qui a tout d’un art de vivre.