Les drones survolent déjà les champs de bataille, mais ces engins sans pilote se lancent désormais à la conquête de la mer, pour la surveillance, l'interception des pirates ou la chasse aux mines.
La société israélienne Rafael a développé un drone de surface, le Protector, utilisé par Singapour depuis 2004, et dont la nouvelle version était exposée au salon Euronaval de Paris.
Utilisé notamment dans la lutte anti-piraterie et la protection des plateformes pétrolières, "c'est le seul véhicule de surface sans pilote (USV unmanned surface vehicle) opérationnel au monde", assure Eyal Ben Zion, directeur du marketing de la division navale de Rafael.
Pas pour longtemps, puisque le français ECA Robotics et Singapore Technologies Engineering (STE) développent aussi les leurs, remarque Claude Cazaoulou, responsable de développement chez ECA.
Le nouveau modèle de Protector, long de 11 m, est équipé de deux missiles et d'un canon à eau et possède une autonomie de 48 heures. Rafael veut l'adapter à la guerre des mines. "Nous pensons que c'est l'avenir pour les USV", explique M. Ben Zion.
Le concept de la chasse aux mines est en effet en pleine mutation, déclare Luc Cahier, un responsable commercial de l'activité lutte sous-marine chez Thales. L'idée d'envoyer dans les champs de mines des navires lourdement protégés pour résister aux explosions, à la fois coûteux et lents, est abandonnée au profit d'opérations à distance, et c'est là que les drones font merveille.
Depuis 10 ans, la société norvégienne Kongsberg vend aux forces navales et aux compagnies de forage off-shore ses robots Hugin équipés de sonars et de caméras. Une fois la mine identifiée, elle peut être détruite par un drone plus petit, baptisé C'Inspector, qui, pour la modique somme de 30.000 euros, ira la "pétarder", explique son responsable des ventes Lars Magnus Torp.
ECA Robotics développe aussi des drones d'exploration des fonds marins, d'identification et de destruction des mines.
Sa gamme Alister va du drone léger (70 kg), qui peut être opéré depuis un Zodiac par les plongeurs démineurs, jusqu'au grand Asemar de 6 m de long.
Cet engin imposant développé avec Thales et la Direction Générale de l'Armement (DGA), possède suffisamment d'intelligence embarquée pour décider de lui-même d'aller faire le tour d'un objet suspect pour mieux l'identifier.
Il fait partie du projet "Espadon", qui vise à automatiser la guerre des mines en développant un navire dédié, embarquant des drones de surface eux-mêmes capables de mettre à l'eau et de récupérer des robots sous-marins.
Sur ce programme franco-britannique, le constructeur naval français DCNS, Thales, et le britannique BAE Systems se retrouvent en concurrence avec l'allemand Atlas Elektronik. Les premiers contrats sont attendus en 2013, pour une entrée en service en 2018.