La souveraineté sur la mer de Chine du Sud, que Pékin revendique en quasi-totalité, est à l'origine de conflits avec le Vietnam et les Philippines, qui ont récemment pris des mesures contre les Chinois porteurs de passeports sur lesquels figure la frontière maritime contestée.
Sur toutes les cartes publiées en Chine, et depuis récemment sur le nouveau document de voyage donné par les autorités chinoises à leurs ressortissants, la frontière maritime méridionale du pays prend la forme d'un grand U qui vient lécher les côtes vietnamiennes, philippines, malaisiennes, jusqu'à l'archipel des Natuna en Indonésie.
La Chine considère que ses revendications sont fondées sur des "faits et preuves historiques".
Sur quelque 2 millions de kilomètres carrés, la mer de Chine méridionale est au carrefour de routes maritimes vitales pour le commerce mondial et recèle des hauts-fonds riches en pétrole et en gaz, ainsi que d'importantes ressources halieutiques.
Des parties de ses eaux sont revendiquées par le Vietnam, les Philippines - ces deux pays ayant refusé de tamponner les nouveaux passeports chinois - ainsi que Bruneï, la Malaisie et Taïwan.
L'Indonésie a récemment jugé que le nouveau titre de voyage émis par Pékin était "contreproductif" tandis que les Etats-Unis estiment qu'ils n'aide pas à résoudre les différends territoriaux dans la région.
La province de Hainan, qui administre la mer de Chine du Sud, a pris cette semaine une directive visant à expulser les navires s'adonnant à des activités "illégales" dont des "campagnes de relations publiques menaçant la sécurité nationale".
Selon Jia Qingguo, professeur à l'Ecole des études internationales de l'Université de Pékin, la Chine ne fait que suivre la voie empruntée par l'Occident.
"Les Etats-Unis possèdent Guam en Asie, qui est très éloignée des côtes américaines, et la France a des îles dans le Pacifique Sud, ce n'est donc rien de nouveau", a-t-il déclaré à l'AFP.
Zhang Haiwen, le directeur adjoint de l'Institut chinois des Affaires maritimes, juge pour sa part que l'éloignement "ne constitue absolument pas une une base en droit international ni en jurisprudence", et cite à l'appui les îles anglo-normandes éloignées de moins de 12 milles marins de la côte française.
Les cartes anciennes sur lesquelles figurent des noms en chinois ne constituent pas une preuve de souveraineté, souligne Jean-Pierre Cabestan, chef du département d'études internationales de l'Université baptiste de Hong Kong, car "elles disent ce que vous voulez bien leur faire dire".
Le contrôle de la Chine sur certains archipels en mer de Chine du Sud a été établi progressivement à travers des conflits au cours des 40 dernières années, explique cet expert.
En 1974, Pékin s'est adjugé l'archipel des Paracels (Xisha en chinois) à la suite d'un bref combat avec les forces navales sud-vietnamiennes, tandis qu'en 1988, les forces chinoises prirent le contrôle des Spratleys (Nansha) à la suite d'un accrochage près de l'atoll de Johnson South, qui fit 70 morts côté vietnamien.
Au milieu des années 1990, Pékin est parvenu à s'assurer la mainmise sur le récif de Mischief, également dans les Spratleys, au grand dam des Philippines, qui finirent par y renoncer.
Mais Manille s'est montré cette année plus déterminé à défendre l'atoll de Scarborough (Huangyan), autour duquel la marine chinoise a envoyé des navires.