Un comité d'entreprise crucial doit avoir lieu jeudi aux chantiers navals STX France (ex-Chantiers de l'Atlantique), qui se trouvent en situation précaire alors que s'achève leur deuxième année d'affilée sans commande de paquebot.
La direction pourrait annoncer des mesures de réorganisation interne pour faire face à cet immense trou dans le carnet de commandes, à moins que ces annonces ne soient encore repoussées, comme ce fut le cas le mois dernier.
Depuis un peu plus de six mois, les bureaux d'études et certains secteurs de fabrication sont touchés par du chômage partiel, et la direction a d'ores et déjà annoncé aux syndicats un doublement du nombre mensuel de jours de "sous-charge" de travail dès le début de 2013. Il va passer de 7.000 jours par mois en novembre et décembre, à 14.586 pour janvier et février.
Soucieux de contre-balancer cette image de fragilité, les Chantiers ont communiqué en fin de semaine dernière sur leur politique de diversification vers l'éolien marin. Une alliance avec Areva pour proposer des offres complètes (turbine électrique et fondation d'éolienne) aux appels d'offres européens et la vente d'une première sous-station électrique pour un champ d'éoliennes d'Europe du nord ont ainsi été annoncés.
Mais si l'alliance avec Areva porte ses fruits, elle ne se concrétisera pas en fabrication avant deux à trois ans, tandis que la sous-station électrique n'apportera que 150.000 heures de travail. Un chiffre qu'il faut comparer au 2,5 millions d'heures d'un "petit" paquebot (comme l'"Europa" d'Hapag LLoyd qui sera achevé en avril 2013) ou 5 millions pour un "grand" paquebot (comme le MSC Preziosa qui quitte les chantiers en mars 2013).
Il reste encore deux "demi" BPC (bâtiments de projection et de commandement, de type "Mistral") vendus aux Russes en 2011, et livrables en 2014 et 2015. Mais ils ont déjà été commencés pour tenter de limiter le chômage partiel et ces bâtiments militaires représentent beaucoup moins d'heures de travail que les paquebots de croisière qui comprennent la finition luxueuse des cabines et des salles de réception.
"Tous nos concurrents ont pris des commandes de bateaux ces dernières semaines, sauf nous, ça sent pas très bon", souligne Nathalie Durand, de Force Ouvrière. "Le premier trimestre 2013 va être décisif pour nous", ajoute Mme Durand, qui rappelle que son syndicat réclame depuis plusieurs années la nationalisation de STX.
"Une nationalisation nous permettrait d'avoir un actionnaire avec une vraie politique industrielle et qui ait aussi du poids au niveau des banques pour boucler le financement des commandes", précise-t-elle.