Chaque année, quelques acheteurs cèdent à la tentation d'une île privée en Bretagne, même si ce rêve d'enfant se heurte à une réglementation très stricte et parfois à des travaux qui peuvent coûter cher.
Sauf rares exceptions -pour certaines îles qui sont reliées au réseau électrique et d'eau potable- l'autonomie prévaut sur ces bouts de paradis. "Il y a des îles difficiles d'accès, il faut attendre que la mer monte pour prendre le bateau, ou avoir des véhicules amphibies", prévient Roselyne Bothorel, directrice de l'agence immobilière Demeures du littoral.
L'eau potable peut venir d'un puits ou d'une citerne. Pour l'électricité, le choix va du groupe électrogène aux panneaux solaires. Autant d'équipements qui parfois n'existent pas du tout, obligeant les acquéreurs à envisager de lourds travaux.
Pourtant, ceux qui ont un jour fréquenté le littoral breton n'ont pu manquer de rêver vivre sur ces îles avec leurs demeures parfois cachées dans leur écrin de végétation. Mais si le littoral breton compte près de 800 îles et d'îlots, seulement une cinquantaine sont des îles privées habitables, principalement dans le golfe du Morbihan, et chaque année au mieux une ou deux îles sont mises en vente en Bretagne. Et le rêve a un prix qui s'étale de 700.000 à plusieurs millions d'euros.
Un confort très spartiate
Les îles mises sur le marché sont majoritairement des biens de famille, explique Laurent Hallier, chargé de vente à l'agence immobilière Bénéat-Chauvel de Vannes, spécialiste du secteur. Les héritiers "y vivent simplement avec un confort très spartiate", précise-t-il.
C'est la nouvelle génération d'acheteurs, souvent des familles d'industriels, qui y ajoute le confort moderne et leur donne une plus-value. "Ce sont des gens qui ont vendu leur entreprise, leur capital travail; c'est souvent un placement", explique Laurent Hallier. A l'instar de ce qu'a réalisé l'avocat Olivier Metzner, décédé en mars dernier, sur l'île de Boëdic. Il a adapté au confort moderne les habitations de ce bout de terre de 7,5 hectares, et l'île, achetée deux ans plus tôt 2,5 millions d'euros, devrait être mise en vente aux alentours de 8 à 9 millions.
Souvent derrière le rêve il y a la dure réalité de la loi littoral, adoptée en 1986 pour protéger les côtes. "Toutes les îles sont protégées, elles n'ont que leur existant, il n'y a pas de possibilité d'agrandir", rappelle M. Hallier. " Sur les îles il ne peut y avoir de nouvelle construction et tout aménagement doit faire l'objet d'une autorisation, d'autant plus si des bâtiments historiques sont répertoriés sur l'île", explique Denis Bredin, délégué au Conservatoire du littoral en Bretagne.