Le défilé des tempêtes et la houle puissante attaquent le littoral français depuis fin décembre. La côte sableuse aquitaine a même localement reculé de plus de dix mètres.
Le rapport de l’Observatoire de la Côte Aquitaine a arrêté son diagnostic à la période allant de fin décembre à début janvier mais il met déjà en évidence que le trait de côte du littoral aquitain a reculé de 10 mètres ou plus en de nombreux points. Or, les côtes pourraient être encore fragilisées par les prochaines dépressions en embuscade ce jeudi et le week-end à venir et la constance tempétueuse de cet hiver 2013/2014, du jamais vu depuis 1990, a nourri une houle puissante et durable.
Entre le 14 décembre et le 8 janvier, une succession de dépressions dans l'Atlantique Nord a ainsi entraîné une houle très énergétique au large de l'Aquitaine, avec une hauteur de vagues atteignant au moins 4 mètres pour 60% du temps. "Un phénomène qui ne s'est jamais produit" sur ce littoral, selon le rapport de l’Observatoire de la Côte Aquitaine. "Les plages se sont fortement abaissées et aplanies, limitant ainsi leur résistance aux assauts de l'océan. Cette fragilité est renforcée par la disparition temporaire des barres sableuses" de marnage, poursuit le texte, qui a aussi relevé "des submersions marines de faible emprise".
Une vieille urgence
Dans les Landes, le recul a atteint 10 mètres ponctuellement, aux abords de courants (petits fleuves), mais c'est en Gironde que les dégâts ont été les plus forts avec le creusement de hautes falaises sableuses, la destruction d’accès de plage, des promenades et des enrochements altérés. Soulac-sur-Mer est même devenu la ville symbole de l’érosion du littoral avec deux bâtiments au bord du vide : L’Amélie, une villa privée en équilibre précaire, et Le Signal, un immeuble de quatre étages, dont les derniers habitants ont été évacués en janvier. Si en 1960, 200 mètres séparaient cet immeuble et l’océan, il ne reste plus que 16 mètres de sable avant le vide. Début janvier, l’océan a rongé cinq mètres de dune en l’espace de quatre jours. Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, est donc venu ce mardi au chevet des maires du littoral avec une enveloppe de 1.9 millions d’euros dans sa poche. Une aide exceptionnelle, issue du fonds Barnier pour la prévention des risques naturels majeurs, qui permettra aux communes de faire face aux travaux d’urgence face au défilé de dépressions toujours ininterrompu. A Soulac-sur-Mer, après chaque marée, des engins de travaux s’activent pour renforcer la dune fragilisée et les factures sont salées. A Lacanau-Océan, station star de la côte de Gironde, l’ardoise est ainsi de 40.000 euros et les devis pour remettre le front de mer à l’identique de l’été 2013 avoisinent les 500.000 euros, selon les calculs du maire.
Cependant le problème de l’érosion du littoral aquitain est loin d’être une nouveauté. « Sur le littoral aquitain, on sait que le trait de côte est en recul général depuis 100-200 ans », a ainsi rappelé Bruno Castelle, océanographe au Centre national de la recherche scientifique, fin janvier. « Là où ça recule, c’est de un à trois mètres par an, parfois cinq. Et rien n’indique que cela va décélérer. » L’érosion naturelle de long terme, liée aux sédiments épuisés, s’ajoute à la houle et aux tempêtes de cet hiver 2013/2014 très énergique. Triple peine pour la côte sableuse. Alors l’Aquitaine réfléchit à l’opportunité de la relocalisation au sein d’un Groupement d’intérêt public Littoral, constitué en 2006. L’enveloppe d’urgence confirmée par le ministre de l’Écologie ce mardi était donc fortement attendue.
Le fonds Barnier a déjà été débloqué à 100 % pour une dizaine de cas, notamment sur la Côte d’Albâtre (Seine-Maritime), en raison d’un risque imminent d’effondrement de falaise.
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