Elle pèse près de 1.500 tonnes, culmine à 85 mètres, et pourtant elle flotte : au nord de Porto (Portugal) tournent les pales de "Windfloat", l'une des trois seules éoliennes flottantes en fonctionnement dans le monde. Cette technologie, a pour principal avantage de pouvoir être installée dans des mers trop profondes pour des éoliennes en mer classiques, posées au fond de l'eau.
Cette éolienne, dressée sur une grande plateforme triangulaire de 45 mètres de côté, est un prototype exploité depuis fin 2011 par l'électricien national EDP, à six kilomètres au large d'Aguçadoura.
"On a déjà eu des creux de 19 mètres, et elle a tenu. Et elle peut produire de l'électricité même avec des creux de 6 ou 7 mètres", explique le responsable du projet, Carlos Martin Rivals.
La clé ? Trois ballasts semi-immergés, remplis de plus de 1.000 tonnes d'eau de mer, qui s'équilibrent les uns les autres en permanence grâce à des tuyaux qui les relient entre eux, permettant à l'éolienne de 2 mégawatts de rester parfaitement verticale. Le tout est simplement accroché par une cinquantaine de mètres de fond avec 4 ancres, des câbles et des chaînes.
"Une éolienne en mer classique peut être posée au fond de la mer jusqu'à environ 50 mètres, guère plus. Ici au Portugal, ce n'est pas possible, car le fond de la mer descend trop vite", explique M. Martin.
"Le problème reste le coût, on est quand même sur un prototype qui est de l'ordre de 20 millions d'euros pour seulement 2 mégawatts. Donc c'est tout le défi du flottant", souligne Philippe Déchelotte, le directeur de Neoen Marine, partenaire d'EDP dans les appels d'offres dans l'éolien en mer en France. "Il ne faudrait pas qu'on oublie que le présent, la réalité, c'est l'éolien en mer posé", dit-il.
Même si la technologie permet d'aller jusqu'à plusieurs centaines de mètres de fond, les parcs devront rester à une distance raisonnable de la côte, pour éviter des coûts de raccordements prohibitifs au réseau électrique terrestre.
"Que ça soit dans 5 ans, dans 10 ans... L'éolien flottant sera un pinceau de plus sur la palette", juge Frédéric Lanoë, le dirigeant de France Energie Eolienne (FEE) et d'EDP Renouvelables en France.